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 Sujet du message: La Malédiction de la Vallée aux Serpents (1988) M. Piestrak
MessagePublié: 07 Sep 2024 18:19 
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Pour rester dans la thématique du dernier podcast... Bonne lecture. :wink:

-_-

LA MALEDICTION DE LA VALLEE AUX SERPENTS

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Titre original :
Klatwa Doliny Wezy

Titres alternatifs : L'incantation de la Vallée des serpents, Curse of Snakes Valley

Réalisateur : Marek Piestrak

Année : 1988

Nationalité : Pologne / Union Soviétique

Genre : Polonia Jones et la démocratie populaire du crâne de cristal (Catégorie : Aventures)

Durée : 1h40

Acteurs principaux : Krzysztof Kolberger, Roman Wihelmi, Ewa Salacka


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Yo les jeunes ! Ca groove ? Que nos lecteurs milléniaux me pardonnent mais c'est à eux que je m'adresse par ce phrasé suranné, car aujourd'hui nous allons parler d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaitre. Il était une fois la Guerre Froide, une époque où Américains et Russes étaient à couteaux tirés et s'affrontaient à coups de propagande. Oui, comme aujourd'hui, sauf que la Russie était communiste et que les réseaux sociaux étant encore balbutiants, la propagande se concentrait surtout sur les œuvres de cinéma. Nanarland a déjà pas mal défriché l'univers des nanars pro-USA de l'ère Reagan, mais qu'en était-il des nanars à l'est du Rideau de Fer ? C'est à cette question existentielle que nous allons tenter de répondre.

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Nous sommes en 1987 à Varsovie. Le réalisateur bisseux Marek Piestrak (horreur, action, érotisme, il a touché à tout pendant la Guerre Froide) est convoqué dans le bureau austère de l'austère général Wojciech Jaruzelski. Premier secrétaire du parti unique POUP (Parti ouvrier unifié polonais), président de la république de Pologne, président du Conseil d'Etat, ex-premier ministre et ex-ministre de la Défense Nationale, Jaruzelski dirige son pays d'une main de fer depuis son coup d'état du 13 décembre 1981, où il a décrété "l'état de guerre" et brutalement réprimé le syndicat ouvrier Solidarnosc. Bref, Jaruzelski, c'est pas un rigolo, plutôt le genre caricature de dictateur raide comme la justice communiste. Là en plus, Jaruzelski l'a mauvaise car son référendum imposé par la perestroïka en cours à Moscou vient de se prendre un camouflet de la part des électeurs polonais, excédés de devoir faire la queue devant des magasins vides grâce au génie économique de leur leader à poigne (situation aggravée par les sanctions occidentales pesant alors sur son régime). Autant dire que quand on est convoqué pour une entrevue avec lui, c'est pas pour échanger des blagounettes. Marek Piestrak attend sagement sur sa chaise que l'inquiétant chauve galonné assis en face de lui lui dise ce qu'il attend de lui.

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Une photo de ce boute-en-train de Jaruzelski pour vous plonger dans l'ambiance.

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Le réalisateur Marek Piestrak, qu'on sent nettement plus détendu du gland, sur le tournage de son film de loup-garou, "Wilczyca" (1983).



Jaruzelski : "Camarade Piestrak, nous avons une mission de la plus haute importance à te confier. Le triomphe de la cause du prolétariat mondial dépend de ton talent. Notre grand frère soviétique compte aussi sur toi. Les impérialistes américains empoisonnent le peuple avec leur propagande capitaliste. Tu dois les battre sur leur terrain. Regarde ces pièces à conviction..."

Jaruzelski brandit alors sous le nez du cinéaste deux VHS bootlegs aux jaquettes artisanales.

"Ce sont deux cassettes pirates de pamphlets bourgeois décadents que notre police secrète a saisi sur une bande de jeunes dissidents terroristes ennemis du peuple. Un interrogatoire poussé les a fait avouer qu'ils conspiraient avec la CIA pour détruire la nation polonaise en propageant des idées déviationnistes chez les prolétaires par le biais de ces cassettes clandestines à l'idéologie contre-révolutionnaire. Ces cassettes vidéos terroristes sapent le moral et la foi marxiste-léniniste de notre peuple. Il faut y mettre un terme !"

Marek Piestrak s'empresse d'acquiescer : "Certainement, camarade général, certainement ! Mais comment faire ?"

Jaruzelski : "Tu vas visionner ces deux cassettes, camarade, elles contiennent les aventures d'un archéologue individualiste bourgeois mis en scène par un capitaliste juif cupide. Tu vas aussi lire l'admirable nouvelle "Hobby dr. Travena", qui a été écrite par le camarade Wieslaw Gornicki, l'auteur génial de tous mes discours. Au fait, qu'as-tu pensé de ma dernière allocution télévisée ?"

Marek Piestrak sent le regard perçant du général le scruter derrière ses lunettes fumées noires de dictateur nanar.

"Admirable ! Brillant, camarade général ! Ton dernier discours à la nation fut sans doute la plus palpitante expertise sur le matérialisme dialectique qu'il m'ait été donné d'entendre !"

Jaruzelski, son impavide visage de gargouille vaguement déridé par une faible grimace de satisfaction : "Bien, camarade. Les peuples frères soviétique et polonais attendent de toi que tu conserves le rythme haletant, le souffle épique et l'efficacité de mes discours pour faire mieux que ces porcs capitalistes ! Le camarade Wieslaw Gornicki mettra sa plume à ta disposition pour l'écriture du scénario. Avec son sens du réalisme socialiste, nous obtiendrons un chef-d'œuvre du cinéma populaire et ainsi, le communisme va conquérir le monde !"

Et là, si le général Jaruzelski n'avait pas eu un manche à balai dans les fesses, il aurait pu éclater d'un "MOUHAHAHA !" triomphant.

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La page Wikipédia consacré au film nous apprend que Klatwa Doliny Wezy, sorti discrètement en France sous les titres La Malédiction de la Vallée aux Serpents et L'Incantation de la Vallée des Serpents, fut visionné par 25 millions de spectateurs en Union Soviétique et un million en Pologne, en grande partie parce qu'en dehors de quelques dissidents cinéphiles courageux s'échangeant sous le manteau des VHS pirates grossièrement doublées en polonais ou en russe, la plupart des citoyens du Bloc de l'Est ne découvriront les aventures d'Indiana Jones qu'après la chute des régimes communistes. La même fiche Wikipédia nous apprend que l'ersatz soviéto-polonais de Marek Piestrak fit l'objet de projections secrètes au Viêt-Nam car il était considéré comme "trop américain" par le régime d'Hanoï ! L'œuvre fut pourtant en partie tournée dans la République populaire du Viêt-Nam avec la coopération des autorités communistes locales. Plus habitué à voir la guerre du Viêt-Nam reconstituée aux Philippines, le nanardeur occidental savourera pour le coup l'exotisme que représente la vision d'un véritable figurant vietnamien grimé en Viêt-Minh mitraillant un hélicoptère de l'armée française dans une reconstitution cheapo-discount de la guerre d'Indochine filmée sur les lieux mêmes de l'action. La scène d'intro nous montre en effet le traitre de l'histoire, Bernard Traven, un pilote français perdu dans la jungle et échouant dans un temple bouddhiste, dérober une relique en forme de tête de serpent en résine à des moines qui lancent alors sur lui la malédiction du titre.

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Anecdote de tournage (qui en dit long) : "Le réalisateur a dû renoncer à la plupart des scènes avec l'hélicoptère, pour lesquelles il a attendu sur le plateau pendant un mois entier. Lorsque l'hélicoptère a été livré, il s'est avéré qu'il ne pouvait voler qu'une seule fois et qu'après avoir atterri, il ne pouvait plus reprendre l'air car ses batteries étaient trop faibles." (source Wikipédia)

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"Tiens, prends ça, matos soviétique de merde !"

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Un petit discours anticolonialiste approuvé par le Komintern, histoire de trancher avec l'impérialisme de son modèle hollywoodien.

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Le patronyme du méchant est peut-être un clin d'œil au romancier B. Traven, auteur du "Trésor de la Sierra Madre".



De l'exotisme, le film en a encore à revendre car la suite nous emmène voyager dans un autre bastion du socialisme, la France de François Mitterrand (premier dirigeant occidental à avoir accueilli une visite diplomatique du général Jaruzelski après son coup de force, rappelons le) ! C'est dans cette contrée étrange et mystérieuse où les gens roulent en R5 et en 4L que nous retrouvons le méchant Bernard Traven qui, après une carrière de mercenaire (il fut notamment le conseiller de l'empereur Bokassa), est devenu un riche collectionneur d'antiquités. On sait d'emblée qu'il est un traitre car il n'y a pas qu'à Hollywood que les Français sont fourbes. Le héros en revanche est un bon Polonais appelé Jan Tarnas. Jan Tarnas n'est pas un inconnu pour les complétistes du nanar car il est joué par Krzysztof Kolberger, le héros monolithique de Mission Ninja, film suédois anticommuniste (co-produit avec la Pologne de Jaruzelski !) dans lequel notre brave Krzysztof cassait du sbire du KGB dans des hectolitres d'hémoglobine pour le compte de la CIA. Ici, l'acteur se voit confier la mission d'incarner un clone d'Indiana Jones mais en plus prolétaire, en moins bourgeois. Pas le genre à enseigner à des gosses de riches dans une gigantesque fac américaine au parc immense et à la pelouse taillée au millimètre près, non. Jan Tarnas est un modeste professeur d'archéologie enseignant à la Sorbonne. C'est là que vient le chercher le tout aussi inexpressif Bernard Traven, qui a besoin de notre héros, spécialiste des langues anciennes asiatiques, afin de déchiffrer un parchemin mystérieux trouvé dans la relique volée aux bonzes du début. Cette découverte entrainera l'archéologue Jan Tarnas, le fourbe antiquaire Bernard Traven, ainsi que la collante journaliste de France-Soir Christine Jaubert dans une trépidante aventure sous Tranxène, sur les traces du héros créé par Steven Spielberg et George Lucas, le talent et le budget en moins.

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Une contrée étrange et lointaine où on peut se faire servir des cafés sur la terrasse des brasseries. Un exotisme à même de dépayser le spectateur polonais de 1988.

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Yo les jeunes ! Ca aussi, c'est grave exotique, un mec qui écoute de la musique sur son walkman au lieu d'en faire profiter toute la rue ! Voyage au pays des boomers !

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La "sensation de la Sorbonne" donne des cours d'histoire à des élèves qui n'en ont rien à cirer de ce qu'il raconte, quand ils ne sont pas en train de se payer sa tête. N'empêche, le film réussit à anticiper l'avenir du professeur Jones dans "Indiana Jones et le Cadran de la Destinée".

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Faut dire, avec la tête qu'il a...

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Bwahaha, le bouffon ! Il s'adresse à son interlocuteur en le regardant avec sa loupe !



Harrison Ford, son sex-appeal viril en diable, son chapeau de feutre, son blouson de cuir, son fouet, son humour et son énergie vous ont fait rêver ? Jan Tarnas ne vous fera pas le même effet, déambulant dans la jungle avec son petit casque colonial à la Tarnas au Congo, ses petites lunettes rondes d'intello, son bermuda ridicule de petit scout et ses grosses chaussettes montantes rouge pétant. Vous avez tremblé quand Harrison Ford et Karen Allen sont tombés dans une fosse remplie de serpents ? Marek Piestrak s'est dit que c'était une bonne idée et a refait la scène à l'identique, sauf que les héros sont équipés d'un improbable gaz anti-serpents (ressemblant méchamment à un banal fumigène) fourni par le sidekick russe du héros polonais (qui nous apprend que les gaz qu'on voit dans le film sont les seuls existants, la haute technologie soviétique ayant de grosses limites budgétaires) donc en fait les héros ne risquent rien. Vous avez frémi quand Harrison Ford saisissait avec précaution l'artefact au début des Aventuriers de l'Arche Perdue, déclenchant un piège mortel ? Ca tombe bien, Marek Piestrak s'est aussi dit que c'était une bonne idée. Vous avez aimé le personnage de Willie Scott dans Indiana Jones et le Temple Maudit, qui passe les trois quarts du film à hurler de terreur ? Comment ça, elle vous les a brisées menu ? Bon, ben, tant pis pour vous, parce que Marek Piestrak s'est aussi dit que c'était une super idée de mettre une potiche en détresse hurlante dans son film. Vous avez retenu votre souffle devant la scène du pont suspendu au dessus d'un précipice vertigineux et d'une rivière infestée de crocodiles sanguinaires ? Marek Piestrak vous a repompé la séquence sauf que là, le pont est suspendu à trois mètres au dessus d'une banale rivière infestée de rien du tout et que la traversée dure trois plombes, sans aucune sensation de danger et de suspense, même quand la potiche trébuche et se retrouve suspendue au dessus du vide sous le regard bovin des héros. Ce qui est très ironique, parce que cette cascade molle fut dans la réalité bien plus dangereuse que celle, spectaculaire, du blockbuster américain. Dans une absence totale de sécurité élémentaire, l'actrice Ewa Salacka dut effectuer elle-même sa cascade avec seulement un technicien en contrebas pour la rattraper au cas où elle tomberait pour de vrai. Le cinéma d'action polonais, ça vaut décidemment celui des Philippines.

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L'héroïne se croit à un défilé de mode organisé par Jean-Paul Goude. Le héros, par contre, ça demeure un grand mystère...

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Dans la famille des baroudeurs, je voudrais le cousin asthmatique d'Indiana Jones.

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Avec sa petite moustiquaire de gouape de tapette.

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Le seul plan nichon du film.

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Le premier hurlement de notre scream queen polonaise.

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"HIIIIIIIIIIIIIIIIIIII !!!"

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"HIIIIIIIIIIIIIIIIIIII !!!"

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Un macchabé qui n'aurait pas juré dans un Bruno Mattei.



Comme le disait Barracuda lorsqu'il chroniqua notre film dans un des épisodes du podcast Nanarland, la première partie parisienne n'est pas très nanarde, en dehors du running-gag involontaire des serpents qui surgissent à chaque fois que les protagonistes consultent le manuscrit (la malédiction !) mais ne tuent que des figurants qui passaient juste par là au lieu de s'attaquer aux héros. C'est à partir du moment où nos aventuriers se lancent dans la jungle que la nanardise du film se met à monter crescendo. Accompagnés d'un guide militaire vietnamien et d'un moine bouddhiste ninja as du shuriken et des disparitions surnaturelles, nos baroudeurs se mettent à crapahuter dans la brousse du Laos (l'intrigue ne se déroulant pas au Viêt-Nam pour une raison inconnue) en quête de "la Vallée de la Force et du Pouvoir" où se trouve un temple en ruines. Dans ce temple, les attendent les quatre Khumans. Qu'est-ce que les Khumans ? Le premier, c'est la fosse aux serpents déjà mentionnée; quant au deuxième Khuman, il s'agit d'un couloir avec des statues tirant des rayons lasers ultra low-cost avec les yeux; le troisième Khuman est un grotesque craignos monster parmi les plus ringards de la création, sorte de grosse marionnette de chenille géante bricolée en catastrophe par un technicien polonais car la maquette de monstre fournie par les collaborateurs russes s'est avérée être totalement incapable de bouger; enfin, le quatrième Khuman est une momie alien en papier mâché reposant dans un sarcophage en plexiglas et un vase contenant un artefact extraterrestre. Le bonze nous avertit que l'artefact doit rester dans le temple car "s'il tombait entre de mauvaises mains, la malédiction s'abattrait sur l'Humanité entière et le monde serait en danger de destruction". On n'est évidemment pas surpris quand le traitre Bernard Traven trahit les héros et s'empare du vase pour devenir le maître du monde grâce à ses pouvoirs magiques. Ce qu'on ne comprend pas en revanche, c'est que Jan Tarnas choisisse de ramener l'artefact à Paris malgré les avertissements du moine (en plus, quand il jette un coup d'œil sur l'artefact dans l'avion en partance pour l'Europe, notre héros a vraiment la tête d'un type conscient d'avoir fait une grosse connerie).

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Allez, tous en chœur : LE SERPENT !!!

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PIOU PIOU !

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PIOU PIOU !

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PIOU PIOU !

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Vous aurez bien sûr remarqué que les rayons lasers ne sont jamais correctement alignés avec les yeux des statues.

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La minute craignos monster.

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On accuse Marek Piestrak d'avoir copié Spielberg, mais en fait, c'est l'Américain qui lui a tout piqué dans "Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal" !



Après quelques trahisons nébuleuses, Jan Tarnas et l'artefact tombent aux mains d'une méchante organisation secrète. On suppose qu'il doit s'agir de la CIA mais ce n'est pas explicitement dit. Peut-être du fait que dès son arrivée au pouvoir, Mikhaïl Gorbatchev avait interdit de produire tout film qui puisse offenser les Américains et parce que la Russie était co-productrice du film, l'aspect propagandiste, bien réel, n'est pas aussi frontal qu'on aurait pu s'y attendre. Marek Piestrak n'a visiblement pas pu caser des Américains aussi ouvertement caricaturaux que les Russes dans Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal. Cependant, le nom de leur chef moustachu, monsieur Breecher, laisse peu de doutes sur la nationalité des méchants. Le spectateur s'amuse alors de retrouver les clichés des films de la Guerre froide mais avec un manichéisme inversé. Torturé, le fier héros au visage tuméfié, entre deux sarcasmes adressés à ses tortionnaires, exige de voir le consul de Pologne, ce qui fait ricaner le méchant capitaliste occidental. Mais ce dernier sera puni car en cherchant à découvrir le contenu de l'artefact alien, monsieur Breecher se fait éclabousser par un liquide visqueux qui le transforme en grotesque monstre mutant nanar échappé d'une série Z des années 50. Le méchant mutant finira désintégré par le GIGN de service à coups de lance-flammes tirant des rayons lasers. Pensant tenir l'arme absolue avec cet artefact extraterrestre, le big boss de l'organisation secrète décide de l'envoyer par précaution sur l'atoll de Mataiva (en Polynésie française) mais la cocasse maquette d'avion le transportant disparait dans un vortex nanar. A la fin, Jan Tarnas s'en sortira heureusement indemne, avec juste une phobie des Haré Krishna qui défilent rue des Ecoles.

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Les méchants Américains et leurs collaborateurs français disposent d'un matériel high-tech dernier cri pour percer le secret du vase extraterrestre.

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La transformation image par image désopilante du méchant.

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La deuxième minute craignos monster.

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"GRROAAR ! GRROOAARRH !"

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Ghostbusters !

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En si peu de temps de présence à l'écran, il a réussi à éclipser tout le reste du casting et à conquérir le cœur de tous les nanardeurs du monde.



Fauché comme les blés et réalisé comme un téléfilm mou, La Malédiction de la Vallée aux Serpents est un nanar mineur (il y a de grosses longueurs, surtout au début) mais contenant des fulgurances rigolotes. Donnant généreusement dans le Pulp, il suscite une irrésistible sympathie avec ses effets spéciaux hallucinants qui montrent que la crise économique n'a pas épargné le cinéma en Pologne et en Russie à la fin des années 80. Tentative absolument pathétique de faire aussi bien voire mieux que les Ricains, le film correspond pleinement à la définition du nanar par le décalage énorme entre ses intentions et le résultat ringard et pitoyable mais attachant. Le réalisateur Marek Piestrak s'est par la suite défaussé en disant que tout était de la faute des Russes si son film était aussi ridicule. En tout cas, son Indiana Jones en carton cartonne dans les festivals consacrés aux nanars en Pologne et en Russie. Le titre du film a même donné son nom au prix Waz, soit le "Prix du serpent", décerné aux pires films polonais (l'équivalant polak des Razzie Awards et des Gérard quoi). C'est dire la renommée nanarde culte qu'a acquise cette œuvre dans ses pays d'origine.

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Note : 2/5

Cote de rareté : 4 / Exotique

Un coffret DVD polonais édité par Kino Polska propose le film avec trois autres classiques de la SF polonaise : Test pilota Pirxa (1978), Milczaca gwiazda (1959) et Sygnaly MMXX alias Signal - Une Aventure dans l'Espace (1970). Il existe également un DVD russe.

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Affiches en plus :

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 Sujet du message: Re: La Malédiction de la Vallée aux Serpents (1988) M. Piest
MessagePublié: 07 Sep 2024 22:39 
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Enfin la chronique sur le sous-Indie polonais !! Tu nous gâtes, Tillman, surtout en termes de screenshots qui
permettent d'avoir une bonne image mentale du film !!

Le cyclope de fin m'évoque énormément selon de Santo et Blue Demon contre les Monstres, étrange connexion nanarde !!

Après, faut avouer que le Paris de 1988 nous parait à nouveau bien exotique par rapport à ce que c'est aujourd'hui. ^^'
N'allons pas jusqu'à la nostalgie mais petit pincement au coeur.

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"si les nuages portaient des jupes, tu présenterais la météo !"
- Terror of Mecha-Godzilla


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 Sujet du message: Re: La Malédiction de la Vallée aux Serpents (1988) M. Piest
MessagePublié: 08 Sep 2024 0:01 
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Heureux que la chronique t'aie plu, Red Dear. :D

Avoir revu le film pour la rédiger m'a d'ailleurs donné envie d'explorer un peu la filmographie de Marek Piestrak. Son film de loup-garou m'intrigue par exemple.

Apparemment, la dictature de Jaruzelski fut paradoxalement synonyme d'un petit âge d'or ou du moins d'un renouveau pour le cinéma de genre polonais. Alors que les années 70 avaient été marquées par de nombreux films sociaux, pessimistes et critiques de la société polonaise, Jaruzelski a encouragé la production de films de divertissement et de série B. Avec ce genre de résultat. Dans un contexte politique radicalement différent, ça fait un peu penser au cinéma reaganien succédant au Nouvel Hollywood à la même époque. On peut aussi faire le parallèle avec d'autres régimes militaires qui ont boosté la production nanarde dans des pays comme la Turquie, les Philippines, l'Indonésie, le Brésil ou la Corée du Sud.

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 Sujet du message: Re: La Malédiction de la Vallée aux Serpents (1988) M. Piest
MessagePublié: 08 Sep 2024 11:51 
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JACK TILLMAN a écrit:

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La transformation image par image désopilante du méchant.


25 ans avant Prometheus, MPiestrak avait l'idée de la mystérieuse substance noire extraterrestre qui transforme les gens en monstres grotesques.

Une chronique intéressante, autant historiquement que médiatiquement. Jaruselski a l'air d'un déconneur comme pas possible.

Et je confirme, les costumes sont deroutants, entre Jan avec son déguisement d'explorateur cousu par sa moman, et Christine qui ressemble à une prostituée postapo qui déparerait pas dans New York 1999.

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Festival de la tarte à la va... Mais qu'est-ce que c'est que cette connerie? Il est où, mon "che" ?


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 Sujet du message: Re: La Malédiction de la Vallée aux Serpents (1988) M. Piest
MessagePublié: 08 Sep 2024 13:13 
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Merci pour ton retour et ton compliment, James !

Le comble avec Christine, c'est qu'à son retour à l'aéroport de Paris, elle porte des fringues kaki qui auraient été 1000 fois plus adaptés à la jungle du Laos. :rigole:

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 Sujet du message: Re: La Malédiction de la Vallée aux Serpents (1988) M. Piest
MessagePublié: 08 Juil 2025 13:15 
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Excellente chronique d'un film que tu nous avais fait découvrir !

Elle est désormais en ligne sur le site : https://www.nanarland.com/chroniques/nanars-epiques/aventures/la-malediction-de-la-vallee-aux-serpents.html

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"Dans le monde de "Last Action Hero", j'suis à peu près persuadé que c'est Ralf Moeller qui joue dans "Un flic à la maternelle". (Plissken)


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 Sujet du message: Re: La Malédiction de la Vallée aux Serpents (1988) M. Piest
MessagePublié: 08 Juil 2025 15:47 
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Merci tout plein, John ! :D

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 Sujet du message: Re: La Malédiction de la Vallée aux Serpents (1988) M. Piest
MessagePublié: 08 Juil 2025 18:24 
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JACK TILLMAN a écrit:
Apparemment, la dictature de Jaruzelski fut paradoxalement synonyme d'un petit âge d'or ou du moins d'un renouveau pour le cinéma de genre polonais. Alors que les années 70 avaient été marquées par de nombreux films sociaux, pessimistes et critiques de la société polonaise, Jaruzelski a encouragé la production de films de divertissement et de série B.
Lire une chronique de film polonais de la fin des années 80 m'a donné envie de réécouter les démos de Vader. Ce sont des démos qui ont eu un succès fou dans l'underground Metal international (et personnellement, je les aime mieux que leurs albums, mais ça c'est une autre histoire). La qualité sonore des enregistrements est frappante. Je viens de vérifier et ça l'a été enregistré à un studio d'enregistrement et de mixage tenu par la radio polonaise nationale. Il y avait donc une certaine permissivité et un soutient par les instances publiques de la culture populaire sous le régime de Jaruzelski. Ce genre de soutient était aussi présent pour la scène Metal soviétique, mais c'est moins surprenant avec Gorbatchev dans le décor.

Évidemment, la musique étrangère avait beaucoup plus de facilité à circuler dans le Bloc de l'Est que le cinéma et un enregistrement musical est bien moins cher à produire qu'il film. Dans une logique de contrôle étatique, il vaut donc mieux concéder la musique et essayer de garder le cinéma.


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