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Manos - The Hands of Fate
Réalisateur : Hal Warren
Pays : Etats-Unis
Année : 1966
Acteurs : Tom Neyman, John Reynolds, Diane Mahree.
Genre : Néant filmique (catégorie Horreur)
"Le plus mauvais film du monde". C'est ainsi que
Manos - The Hands of Fate est souvent décrit sur Internet. Indéboulonnable à la première place du "worst #100" d'imdb,
Manos est une légende qui, comme tant d'autres, doit sa renommée à son passage dans l'émission américaine "Mystery Science Theater 3000" ou MST3k. Aussi, lorsqu'il parvient à mettre la main sur une cette perle, le nanardeur s'attend-il à un spectacle de qualité.
Alors, ce
Manos, que peut-on en dire après une évaluation rigoureuse et impartiale ?
C'est N-U-L.
Manos n'a pas usurpé sa réputation. C'est effectivement un très, très mauvais film. Toutefois, on sent vite pendant le visionnage qu'on va être un peu déçu.
Manos est peut-être le plus mauvais film du monde, mais il n'est au final qu'un nanar moyen au rythme vraiment trop lent pour aller se mesurer aux White Fire et autres Laser Force.
Le film s’ouvre sur bien trois minutes de paysages mornes filmés depuis une voiture.
Manos-The Hands of Fate (littéralement "Mains-les Mains du Destin") est supposé être un film d'horreur mystérieux et angoissant. Il nous raconte l'histoire d'une famille ordinaire perdue dans la campagne qui trouve refuge dans une demeure isolée occupée par un certain Torgo qui prétend n'être là que pour "garder la maison lorsque Le Maître s'absente". Il s'avèrera en fait que "Le Maître" est une sorte de sorcier qui aime collectionner les épouses et jettera son dévolu sur la jeune mère de famille.
La petite famille au complet.
Torgo et sa démarche inimitable… La musique qui l'accompagne donne envie de se fracasser la tête contre le mur.
La Maître : la classe et l’élégance. Et la moustache.
Torgo, il devient très vite notre ami. Avec sa démarche bizarre, sa tronche pas possible et ses répliques de folie, il monopolise l'attention dès qu'il est à l'écran. En comparaison, même le Maître apparait plutôt palôt mais sauve l'honneur par ses grands mouvements de cape, sa moustache et ses phrases définitives sur la vie, la mort, et Manos. Etonnament, je suis forcé de reconnaître que les acteurs qui tiennent ces deux rôles sont plutôt bons. Les personnages qu'ils jouent sont grotesques mais eux-même s'en tirent plutôt honorablement et semblent réellement s'impliquer dans le film.
A l'inverse, les trois membres de la famille sont insipides à l'extrême, un trio d'inexpression mollassonne qui joue avec autant de conviction qu'un chou-fleur. A leur décharge le doublage qui leur file des voix monocordes et ânonnantes (mention spéciale à la gamine, insupportable) a aussi sa part de responsabilité, mais on le comprend face à l'inanité abyssale des dialogues.
Notez comme les ombres et l’éclairage ont complètement changé d’un plan sur l’autre. Manos, c’est pas du faux-raccord de tapette.
Si l'on définit le fantastique comme une distorsion subtile de la réalité, alors
Manos est incontestablement un très bon film fantastique. Le monde de
Manos n'est pas le nôtre, même l'action la plus anodine s'y déroule d'une manière subtilement différente.
Plus lentement, en fait.
Le visionnage d'un film comme
Manos-The Hands of Fate s'apparente plus à une épreuve d'endurance qu'à une séance de cinéma. "Mou" n'est pas un mot assez fort pour décrire le rythme de l'action dans
Manos.
Manos est au-delà de la mollesse, à un point que vous avez du mal à imaginer. Cette espèce de torpeur qui habite tous les aspects du film, depuis la réalisation jusque dans la diction et le jeu des acteurs, tend insidieusement à contaminer le spectateur qui devra déployer des trésors de volonté pour ne pas s'assoupir devant le film. Un seul exemple : lorsque la famille arrive à la demeure du Maître et que Torgo se tient sur le porche, on a droit à un plan séquence interminable (enfin, d'un peu moins de 32 secondes) montrant le père arrêter le moteur, descendre de la voiture et faire le tour pour aller ouvrir la portière de sa femme et faire descendre sa fille, le tout sur une musique entêtante insupportable. Le scénario aussi se traîne comme c'est pas permis, le Maître met un temps fou à sortir de sa léthargie, ses épouses débattent trois plombes du sort à réserver à l'enfant et pendant ce temps là la famille se livre à un interminable examen de conscience pour décider si ils ne devraient pas se tirer vite fait vu le comportement pas très net de Torgo.
Une scène de bagarre molle et interminable qui rappelle les pires moments de "Brazilian Star Wars".
Comme souvent, la première question qui vient à l'esprit à l'issue du visionnage d'une telle oeuvre est : Pourquoi ?
Pourquoi ce film ? D'où vient-il ? Comment a-t-il été conçu, financé, réalisé ? Comment se fait-il qu'aucun producteur armé de gousses d'ail et d'un crucifix n'ait eu le courage de s'aventurer dans l'enfer de ce navet cosmique pour mettre fin au carnage ?
Retenez bien ce portrait : il nous est montré une bonne trentaine de fois au cours du film. Ca doit vouloir dire qu'il est important.
De fait, dans ce cas précis, le récit des conditions de tournage est presque aussi drôle que le film lui-même. Le réalisateur de
Manos est en fait un grossiste en engrais de la ville d'El Paso, Texas. Pour financer son film à hauteur de 20 000$, il a fait appel à la contribution des habitants et en particulier des notables, souvent en échange d'une apparition dans le film. Les techniciens eux-mêmes ainsi que la plupart des acteurs reçurent pour tout paiement des parts dans le film. Ceci explique la présence à l'écran de certains personnages totalement inutiles et jouant très mal... mais qui avaient donné leur obole à la production. La majeure partie du film est d'ailleurs filmée dans la demeure du juge local. Pour tourner, Hal Warren n'avait à sa disposition qu'une caméra à ressort ne permettant de filmer que 32 secondes à la suite. Qu'à cela ne tienne ! Lorsqu'il a besoin de plans plus longs, il lui suffit d'ordonner aux acteurs de reprendre la pose et de continuer leur dialogue... et tant pis si plusieurs heures se sont écoulées depuis la première prise et si la nuit est maintenant en train de tomber. Encore plus fort, sur l’un des plans, très brièvement, on peut voir les mains actionner le "clap" signalant le début de la scène. Hallucinant. Par ailleurs, cette caméra ne pouvait pas enregistrer le son et tous les dialogues du film furent ensuite post-synchronisés (pratique courante par ailleurs, le cinéma italien n'a travaillé que comme ça pendant des années) par exactement deux hommes et une femme pour tous les personnages. Lors de la première projection à El Paso devant le gratin de la ville, l'équipe du film s'est éclipsée en plein milieu par peur de se faire lyncher.
"Mais qu’est-ce que j’ai fait au ciel pour tourner dans une merde pareille !?"
Je m'arrête ici et je vous épargne la longue liste des incidents sur le tournage que vous trouverez in extenso dans l'excellent ouvrage de François Kahn "L'Encyclopédie du Cinéma Ringard" ou plus prosaïquement sur la fiche imdb du film, ici :
http://www.imdb.com/title/tt0060666/ . Ce qui ressort toutefois de cette description, c'est que
Manos, au coeur, demeure un film amateur. Il est injuste dans ce cas de le mettre sur le même plan que même les plus fauchés des Eurociné ou des Cine Excel qui bénéficient au moins de la compétence de caméramen, de preneurs de son et plus généralement de techniciens professionnels habitués à travailler sur des budgets microscopiques. Si je peux donner mon humble avis, le pire film du monde serait plutôt un actioner américain bien crétin ou une bessonerie bien racoleuse, style Bad Boys 2 ou Taxi 3. De même, Hal Warren a peut-être fait le plus mauvais film du monde, mais il n'est que réalisateur d'un jour. Le pire réalisateur de l'histoire est et restera Godfrey Ho, et pas seulement parce que ses films sont mauvais.
Plein feu sur la moustache !
En conclusion,
Manos est plutôt à voir comme une curiosité que comme un gros nanar, comme un mètre-étalon de la médiocrité qui conserve toutefois un réel capital de sympathie par son côté fauché au-delà de tout et par le nombre hallucinant de tuiles qu'a connu le tournage. Ne vous méprenez pas : le film comporte bel et bien plusieurs scènes réellement drôles avec des faux-raccords incroyables, mais celles-ci se retrouvent un peu noyées dans un tel océan de lenteur.
"Youpi, le film est presque fini ! Courage Torgo !"
Ces deux jeunes ne servent rigoureusement à rien dans le film, mais on les voit régulièrement se bécoter et se faire harceler par le shériff du coin. Il ferait mieux de s’occuper du sorcier fou qui habite à deux pas de juridiction.
Note : 2/5
Pour la cote de rareté : Film au budget microscopique et sans envergure internationale, Manos ne doit sa notoriété qu'à son passage dans le Mystery Science Theater 3000. Jamais importé en France, sa renommée lui a valu de sortir récemment aux Etats-Unis en DVD disponible sur tous les sites de vente en ligne.
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Bonus chronique : le Festival International du Film Crétin s'attaque à "Manos".
"Manos" aurait-il pu être pire ? Disons-le tout net, la réponse est oui. Si par exemple, il s'était appelé
Manowar - The Hands of Fate
En route pour un méga-concert, Manowar s'égare dans la campagne lugubre et désolée. Se réfugiant chez Torgo, ils sont alors fait prisonniers par le maître. Celui-ci est sur le point d'ouvrir les portes de l'enfer aux légions démoniaques et qui a capturé le groupe pour l'offrir en sacrifice à Satan. Heureusement, tandis que le Maître termine les derniers préparatifs de cette cérémonie impie, une de ses épouses, hypnotisée par le magnétisme animal et les moonboots en fourrure du groupe, décide de trahir le Maître. Enfin libre, Manowar se précipite haches et marteaux de guerre à la main pour arrêter le Maître. Las ! Il est trop tard pour stopper la cérémonie et les portes de l'enfer sont déjà en train de s'ouvrir, laissant entendre la cacophonie insoutenable des neufs cercles des abysses. Le seul moyen de repousser l'invasion démoniaque est de couvrir ce bruit par un son encore plus fort, une tâche rendue plus difficile de seconde en seconde à mesure que les portes tournent sur leurs gonds dans un grincement d'apocalypse.
Armés de leurs guitares, les membres de Manowar font face pour sauver l'humanité. Jouant plus fort qu'aucun groupe de Heavy Metal ne l'a jamais fait, ils semblent sur le point de l'emporter lorsque Satan en personne franchit les portes. Face à cette entité titanesque armé de sa fourche géante qui est aussi une guitare, Manowar sent sa résolution vaciller un instant mais dans un accès de fierté, les rois du vrai Métal relèvent le défi.
Guitare et basse enchainent les riffs toujours plus fort tandis qu'à l'arrière, le batteur martèle ses percussions comme un possédé. Dans l'air surchauffé, les notes semblent former des auras autour des musiciens. Désemparé face à l'énergie sonore colossale qui s'oppose à son avance, Satan commence lentement à reculer jusqu'au seuil des portes avant qu'un enchaînement encore plus puissant que les autres le fasse basculer dans l'abysse...