Attention, gros gif dans la place.
Tout d'abord, grand merci à Kobal qui m'a soufflé l'envie de revoir ce dvd qui traînait tout au fond là-bas. Peut-être l'avais-je vu après une surdose excessive de kung fu bis, ou bien je m'attendais à plus original, plus nanar, mais le fait est que USA Ninja, même si pas foncièrement fullnanar, est assurément blindé de combats bisseux made in taiwan et que mon jugement très défavorable du premier visionnage a sensiblement changé désormais. D'où, merci.
Ng Kwok Yan donc, autre taiwanais surfeur de la vague ninja, responsable notamment de l'excellent
Wu Tang Vs Ninja aka Ninja Hunter, son plus beau bébé, et d'une trilogie ninjitsu de l'ombre comprenant
The Super Ninja, USA Ninja et finalement
Ninja Condors 13. Il n'en manquait plus qu'un sur nanarland, c'est donc l'heure de :
USA Ninja
aka : Ninja in the USA
réalisateur : Ng Kwok Yan aka Dennis aka James Wu aka Yu aka Ng Gwok Yan aka Wu Kuo Jen aka Wu Kuo Ren aka Wu Guo Ren... Ouf.
année de réalisation 1985
Pays : Taïwan / USA
Genre : ninja roots
durée : 90 minutes
Acteurs : , Alexander Lou, Georges Nicholas, Eugène Thomas, Tong Lung, Chan Shen, William Yen, Chiang Sheng, ...
A ne pas confondre avec
Super Ninja 2 de Godfrey Ho. Là, c'est la vraie suite de THE super ninja, pas pareil.
Pas facile de s'y retrouver il faut l'avouer, surtout que les films ninjas de Ng Kwok Yan fonctionnent en parfait copier coller de l'un à l'autre. Toujours en coproduction avec les States d'où un taux de gweilos au dessus de la moyenne, toujours Alexander "moi j'aime Bruce Lee" Lou flic aux States, anciennement meilleur ninja du monde coatché par une gloire déchue du cinéma martial, Lou toujours pris à parti par un méchant gweilo moustachu baraqué lui aussi connaisseur en ninjaterie, qui lui pique le plus souvent sa femme sous le nez ou étripe son ancien maître histoire de rigoler. Toujours un black en second rôle avec ou contre lui, Eugène Thomas fidèle au poste, doublé cette fois-ci par une succulente voix chewingumeuse tout droit sortie des profondeurs du Bronx. Et le copier coller peut continuer... Toujours un premier quart d'heure bien rempli avec infiltration et attaque de villa infestée de black ninjas, toujours un second quart d'heure qui ramollit, et toujours une re-attaque finale de la villa avec étripage de mannequins en mousse, câbles et montages épileptiques (oui les câbles aussi ont droit à l'épilepsie), avant un final fight bien mérité contre le moustachu body buildé de service.
Et cette fois-ci encore, comme de coutume, le premier quart d'heure distribue généreusement du trick et du Ouééé ninja.
Avec notamment :
Une technique très Ng Kwok Yan vu d'ailleurs dans
Sakura Killers, le merveilleux trampolipocket :
Une attaque de villa qui sent bon le Shinobi like :
Suivie d'une technique bien connue d'Alexander Lou, le grimpe-au-mur sans accro :
Et pour terminer le petit aperçu, l'excellente et inédite attaque des feuilles mortelles :
Tout ça n'est pas vraiment du goût de notre gweilo boss moustachu, le très méconnu Georges Nicholas, vu dans Super Ninja et Sakura Killers again, d'ailleurs vu uniquement dans ces 3 films à vrai dire.
Festival George Nicholas :
On comprend tout de suite mieux en admirant son jeu pourquoi il n'a pas fait long feu.
Bref, premier quart d'heure très dense donc, puisque nous avons droit dans le même temps à une poursuite en bateau plutôt surréaliste, filmée de la berge pendant 3 bonnes minutes, du coup on ne comprend absolument rien à qui poursuit qui et qui sont dans les bateaux, mais c'est pas grave. ça se termine par un barque de ninjas qui explose, mais les bougres fintent à mort, les voilà qui sortent de l'eau et zigouillent à tour de bras des gweilos embarqués on ne sait pourquoi, ce qui nous vaut une apparition chaudement nanarde ; un gars qui visiblement ne veut pas mourir et s'égueule "pitié, non ne me tuez pas avec votre gros katana" pendant 20 bonnes secondes avant de tomber à terre dans une crise d'épilepsie qui donne à peu prêt ça :
C'est toujours le premier quart d'heure lorsque survient la scène culte du film, le moment où Georges fait faire un petit tour du propiétaire à ses invités mafieux, présente sa "ninja city" perso à lui, sa colonie d'entraînement blindée de ninjas kamikazes, et en guise de show final, nous pond une idée lumineuse, le must have gold medal, gros gif désolé, mais il le fo :
Scène dont les dialogues peuvent se résumer à :
- Georges Nicholas : tiens, toi mon gars, saute dans le ravin là.
- Ninja : oui, c'est bon, j'ai ça.
- Georges : Non, non mon gars, laisse ton grapin de gamin là, vas-y direct, on te regarde.
- Ninja : Bien monsieur.
- Tong Lung (l'armoire à glace) : Attends, tu veux dire que ce con là, il va sauter comme ça, juste pour te faire plaisir ?
- Georges : Ouéééé, niark !
- L'assistance : Nooooon
- Ninja : TKTKTKTKTK <- ninja qui court sur un pont qui sort d'on ne sait où
- YaaaaaaaaaaaaaaaaaaaAAAAAAAAAaaaaaaaaahhhh !!
- L'assistance : Oh purée, la purée... (ndd : désolé)
- Georges : Aaaah, je les aime mes ninjas.
Après tout ça, on ne peut trop rien dire devant le manque de rythme des 25 minutes à venir où l'on aura quand même droit à notre Georges en plein flashback dans la jungle taiw... pardon vietnamienne, qui mitraille goulument et sauve deux enfants (Alexander et son pote, attention twist d'une profondeur rare en vue).
Mais le plus étonnant, c'est qu'arrivé à la 40ème minute, je me souvenais d'une faible poignée de bastons disparates pas vraiment originales, ni vraiment motivantes, alors que force est de constater qu'à partir de cette 40ème minute, ça ne va pas s'arrêter de bastonner jusqu'à la fin !...
Peu de ninjas malheureusement, ce qui fit sans doute ma première déception, et pas énormément d'instants nanars à se mettre sous la dent, mais du fight, serré, bourrin, couillu, du fight à la mode Alexander quoi. Du fight qui s'enchaîne agréablement, légèrement entrecoupé d'un joli festival de gweilos...
... mais aussi d'une pincée de technique inédites dont ce joli moment de paix où Alexander pris au piège, suspendu en l'air, utilise la technique dite de "la colombe cachée sous le manteau spécialement faite pour les instants où non, non, non, tu n'auras pas mon message codé à moi" :
Un fight avec des bikers aussi, plutôt réussi, violent, et pas franchement nanar, simplement efficace, à la mode HK, avec un joli moment là aussi,
le planter de machette dans le casque immédiatement suivi du planter de machette "tu crois que je t'avais pas vu toi derrière" dans les couilles :

Puis, un autre fight long, violent et bien bon sur un ring en pleine salle de gym dont je vous laisse la surprise.
Bref, ça castagne dur et fort avec un Alexander Lou en pleine forme,
caricatural comme jamais dont
rien n'entâme le moral.

"Moi le gros plan Léonien, même recadré, je l'assure" -------- L'une des infiltrations les plus discrète de l'histoire du cinéma
Sans compter l'attaque de la villa type Commando qui va terminer tout cela (
où les gweilos sont adeptes du défouraillage de pots de fleurs), suivie de rien de moins que 3 duels, contre Eugène, puis contre son frère dans la vraie vie, Tong Lung,
c'est beau la fraternité.
Pour enfin terminer par Big moustache Georges, le sauveur d'Alexander au Vietnam, devenu pourri depuis, tous deux tour à tour torses nus se fritant sous une cascade puis habillés en ninjas (
très belle tenue fashion de ninja camouflé US pour Alexander), puis re-torses nus, et vice versa, encore mieux que Superman ou Wonderwoman.
Mais un point crucial ajoute une pierre de taille à la profondeur intrinsèque de USA Ninja. En effet, le maître d'Alexander (Chiang Sheng, ancien Venom, RIP) va nous expliquer dans le traditionnel flashback mystique la véritable origine du mannequin en mousse, rien que ça. Il nous explique tout d'abord que les ninjas, bien avant l'invention de la dynamite, utilisait les bombinettes colorées simplement pour terrifier leur adversaire, et surtout que l'art de la disparition ninja atteint son apogée lorsque le brave parvient à changer son apparence instantanément avant de recevoir un coup mortel. Preuve à l'appui, Alexander attaque un groupe de ninjas qui se transforment tous en mannequins en mousse parfaitement volontaires et mis en avant l'instant même où il frappe. Voilà donc le pourquoi du comment de la prolifération des mannequins en mousse dans les films de ninjas. En fait ils ne meurent pas, ils se transforment juste en mannequins en mousse pour vilement tromper l'adversaire, ruse grandiose qui dupe et dupera un pan entier de spectateurs croyant découvrir une supercherie. Que nenni, le ninja est bien plus malin que cela. D'ailleurs son art est tellement infini qu'il ne s'arrête pas là. La technique de l'esquive "hopla mannequin" maitrisée, il devient capable de leurer l'adversaire un peu plus encore, et de carrément se transformer en homme de paille... :
ce qui leurrera même les guerriers mondiaux les plus aguerris tel Cüneyt Akin qui croyait pourtant bien avoir tabassé à mort un ninja enflammé sans aucune chance d'échapatoire.
... Ou même, ultime stade de la transgénèse ninja, en rondin de bois !!
Hop, je me cache.
Autant dire que devant tant de maîtrise, le gweilo a de quoi banner.
USA Ninja n'est donc pas au final extrêmement nanar, manque assurément de ninjas puisqu'ils ne sont vraiment là qu'au début et au final, (mais quelles révélations !), mais peut se targuer d'être très généreux en combats, violent, speedé et très au fait de l'univers surréaliste ninja que Ng Kwok Yan connaît très bien, tout autant voir plus que ses compères, Robert Tai, Godfrey Ho et Lee Tso Nam. Autant de points que l'amateur ne réchignera pas à découvrir.
Note :
côté nanar : 1,5
côté ninja : 2
côté fight : 3
Côte de rareté : 4 Exotique
Un des plus difficile à trouver puisqu'il n'existe qu'en dvd US sur hkflix si je ne m'abuse, version anglaise bien déchirée, recadré, couv ci dessus.
Et toi là-bas derrière, tu crois que je t'ai pas vu dans le reflet de mon katana ?!
Terminons si vous le voulez bien par une scène culte :
