J'espère ne pas me faire taper sur les doigts. J'ai bien vu qu'il y avait une chronique ici (mais plus aucune caps de dispo :/) et que RICO parlait d'une éventuelle chro... il y a quasiment 10 ans. Du coup, au lieu de remonter le topic en relançant... j'ai écrit une chro. Même si je sens bien que là, je dois bien couper l'herbe sous le pied de quelqu'un.Titre Français: King Kong revient
Titres Alternatifs : La révolte de Kong, A*P*E (titre original), Hideous Mutant (?), Attack of the Giant Horny Gorilla (??)
Réalisateur : Paul Leder
Année : 1976
Pays : États-Unis, Corée du Sud
Genre : A*P*Euprès Kong (Catégorie : Monstres Géants)
Durée : 82 minutes (pour la VHS française)
Acteurs principaux : Rod Arrants, Joanna Kerns, Alex Nicol, Lee Nak-Hun, Paul Leder
La seconde partie des années 70 a été très prolifique en matière de films à gorilles géants. Le remake du mythique
King Kong avait été annoncé par les grosses sociétés de production. Ainsi, nombre de producteurs, toujours enclin à exploiter les bons filons, se disaient qu’il y avait un peu de brouzouf à se faire.
Que ce soit avant ou après la sortie du
King Kong de la Paramount, on a pu voir de nombreux films vraiment en manque d’inspiration ou de moyens mettant en scène un singe (ou apparenté) de grande taille. On compte parmi eux des
Queen Kong, du
Colosse de Hong Kong ou un
Yéti, le géant d’un Autre Monde.
On trouve également un certain
A*P*E connu chez nous sous le nom de
King Kong revient ou trouvable en VHS sous
La révolte de Kong. Un film aux artifices mal dissimulés qui méritent bien que l’on s’attarde sur son sujet.
Paul Leder ne l’a jamais réellement caché. Il voulait capitaliser sur la sortie de
King Kong. Aux États-Unis, son film est sorti quelques semaines avant le gros blockbuster qui coûtera près de 1000 fois plus cher. L’histoire à base de grand gorille destructeur qui tombait amoureux d’une blondasse ressemblait un chouilla trop à ce que la grande société de production proposait.
Du coup, avant même la sortie du film et par un passage devant les tribunaux, la Paramount parvenait à obliger que l’affiche de
A*P*E se voit affubler du petit bandeau « À ne pas confondre avec
King Kong ».
Le film a été un véritable flop. Aussi bien au box office américain que mondial. Est-ce que ce petit bandeau ajouté à l’affiche à jouer en ce sens ? Peut-être que non. Le fait que ce film soit d’une débilité affligeante… peut-être un peu plus.
2015, l’Odyssée de l’espèce spaceOuah, un film avec un singe aussi grand qu’une sapinette !Il ne faut pas attendre plus de quelques secondes avant que les manques de moyens, d’imagination ou de talent du réalisateur ne se jettent à notre tronche. Le tout premier plan filmé de ce film est une image d’une maquette de bateau qui penche violemment et qui pourrait résumer à lui seul tous les défauts que le film va nous faire subir.
Ou alors c’est Costa Croisières qui leur ont refilé un de leur paquebot. C’est possible aussi.Bon allez, admettons. Il n’a pas assez d’argent pour faire venir un gros paquebot. Allez, on va être gentil, on lui accorde ça.
S’en suit alors la discussion de deux marins sur le pont. Ils nous renseignent qu’un singe géant se trouve dans la cale et qu’ils ne sont pas hyper rassurés. Allez, admettons aussi. Le réalisateur a trois francs en poche et il ne peut pas se permettre de mettre en scène la capture du singe. Allez, on lui accorde ça aussi.
À peine ont-ils fini leur phrase que la mimine du singe apparaît à l’écran. Et la maquette d’exploser dans l’explosion la plus cheap du cinéma.
Ouais, bon, allez… on va lui accorder ça aussi. 1000 fois moins de budget que
King Kong. Faut qu’on soit indulgent. N’est pas Michael Mann qui veut.
Et tout ceci dans un tonitruant et gigantesque POC !Ce qui est difficilement pardonnable. C’est la scène qui suit. Un type en costume de gorille se trouve dans une piscine jusqu’au genou (il a beau faire nuit, on voit tous les artifices). Il se fait agresser par un aileron de requin en plastique. Un combat insensé entre un type en costume et un requin bébé mort s’engage alors. Et vas- y que je te le balance dans tous les sens pour faire croire qu’il est vivant et agressif. Et vas-y que je te pousse des cris à la cons pour faire croire que je suis en difficulté. Ce combat-là doit bien être le combat le plus ridicule des films de monstres géants. À la rigueur, Obélix qui balance un Romain dans tous les sens, c’est limite plus réaliste.
Le combat se termine lorsque le gorille géant (que, à l’inverse de la VF, je n’appellerai jamais
King Kong tant celui-ci est une pire insulte encore que l’épisode de Peter Jackson) explose la mâchoire déjà déchiré de cette pauvre bête, qui se serait bien passé qu’un réalisateur américain ne transforme cet animal marin en véritable attraction cinématographique quelques mois auparavant.
Car, ce combat ridicule a bel et bien un but. Aussi piteux soit-il, ce passage était une tentative de profiter d’un autre film à grand succès. Le « See A*P*E defy the
JAWS » de l’affiche américaine est en rien innocent.
Môssieu, la piscine est fermée.Tou doum… tou doum… tou tou tou tou toum. Ouais bah allez y, fredonnez-la la chanson de John Williams à la boucheTu peux faire le mort, je vais te la mettre ta pâtéeJ’vais te le noyer, moi, le poissonFais-moi risette, saloperie !Bienvenue donc dans l’univers de A*P*E. Celui d’un singe intouchable aux multiples handicA*P*E.
Si vous vous sentez cA*P*E, tentez de lire cette notule sans tomber dans les vA*P*E.
Il se peut que sa bêtise vous hA*P*E, car franchement, ce film décA*P*E.
Où que vous soyez, chaise, fauteuil ou canA*P*E, appréciez cette chronique étA*P*E par étA*P*E.
Et si jamais sa folie vous attrA*P*E, alors ce film, des nanars, il sera un pA*P*E.
Merci, merci.Mais j’ai pas de mérite, je suis de la génération Benny B.Si ce film démarre en fanfare, la suite est néanmoins au moins tout autant alléchante. Malgré quelques longueurs que l’on pourra ressentir, on aura toujours quelques petites scènes ou quelques petits plans qui parviendront à nous faire bondir de notre siège. Le réalisateur est incapable de masquer ses artifices. Même au niveau de l’écriture, on tombe dans des clichés et des situations trop faciles qui prêteront à sourire.
Commençons alors par quelques petits trucs tout mignons.
Ce qui ne veut pas dire qu’ils en sont fiersPendant le générique de début, nous avons le droit à un message de remerciement. Ce message annonce que l’équipe du film remercie l’armée américaine pour avoir aidé et s’être impliquée dans le film.
Vu la représentation faite de l’armée a dans ce film. Ils ne doivent pas être bien fiers d’eux, les bidasses américains. Le simple personnage du Colonel est un sacré exemple. Dans la première partie du film, celui-ci passe son temps au téléphone à nier qu’un gorille de plus de 10 mètres a bel et bien envahit la Corée du Sud, pays qui a aidé à produire ce bouzin.
Bon, au départ, il dit qu’il y a un tournage pas loin de l’endroit signalé. Alors, ça doit être ça. Mais plus le film avance et plus les raisons qu’il invoquera seront pour le moins idiote… pour ne pas dire xénophobe.
Je veux bien admettre qu’il est difficile de croire qu’un singe de 10 mètres attaque une ville. Mais les raisons invoquées par le Colonel pour tenter d’expliquer une possible confusion sont encore plus débiles.
Quoi ? Encore cette histoire de singe géant ? Les Coréens sont des gens qui adorent se déguiser, ça doit être ça hein.Quoi ? Encore cette histoire de singe géant ? Les paysans coréens aiment forcer sur la bouteille, ça doit être ça hein.Il faudra bien six appels avant que ce connard daigne quitter son bureau et se décide à voir si oui ou non, il y a bel et bien un singe qu’il doit bien être le seul en Corée du Sud à ne pas avoir encore vu.
Ce personnage n’est également pas avare en répliques crétines et sa petite phrase finale à base d’indigestion de pruneaux sera un vrai délice pour nos oreilles.
Ne te demande pas ce que ton pays peut faire pour toi, mais ce que toi tu peux faire pour que l’armée de ton pays ne paraisse pas trop ridicule.En même temps, je blâme ce pauv’ Colonel mais il serait tout de même bon de préciser que ce monstre géant semble posséder un certain pouvoir d’invisibilité.
Voyez-vous, ce singe est décrit comme un singe de plus de 10 mètres. Ce qui veux dire que, si cet animal est à quelques mètres de moi dans un paysage dégagé et que je ne m’appelle pas Gilbert Montagné, logiquement, je le vois.
Il semblerait que ce théorème physique ne soit pas aussi évident que cela en Corée du Sud. Le gorille aura beau être sous le nez des personnages, ils mettront quelques bonnes minutes avant de le remarquer.
Nous avons ce moment où des enfants jouent dans un square. Le gorille n’est jamais dans le même plan que les humains. Tout bonnement pour ne pas montrer que celui-ci faisait la même taille que n’importe quel quidam. Nous avons donc des plans des gamins qui jouent. Puis un plan du gorille qui regarde cette scène.
Tululu ! Nous sommes des innocents qui jouent innocemment !Oh ! Sont mignons ces chtio gamins à mes pieds.Et puis à un moment donné, un personnage tourne la tête aléatoirement et se rend alors compte qu’un gorille encore bien moins bien planqué qu’un pédophile à la sortie d’une école maternelle les regarde depuis une plombe.
Allez les enfants, on se regroupe, c’est l’heure de la leçon d’interprétation !Oh Mon Dieu ! Un Marc Dutroux poilu !Courrez comme si vous étiez coursés par un singe géant invisible !Ce même exemple se répète quelques fois dans le film. Ne serait-ce un tournage de film (dans lequel le réalisateur demandera à son acteur de violer mais en douceur) où personne ne remarque qu’un gorille de 10 mètres est dans le champ. Ou encore, avec ces amateurs de deltaplane qui ne se rendent pas compte qu’ils s’élancent vers un animal géant isolé dans un pré.
Le réalisateur ne semble pas être bien conscient de la taille gigantesque de la bête qu’il met en scène. Ce pouvoir d’invisibilité n’en est pas la seule preuve. À de très nombreuses reprises, il y aura de gros problème d’échelles. Des choses qui ont une certaine taille à taille humaine… et qui devienne subitement bien plus grand à échelle gorille géant.
A*P*E se rend à un moment donné sur le tournage d’un film. Mais pas le même. Visiblement, ce singe est amateur du cinéma coréen de cette époque (il doit donc être un sacré nanardeur). Paniqués de voir l’animal s’incrusté dans le tournage, les acteurs de ce film se défendent avec les accessoires du tournage. Arcs, flèches et godemiché pour gorilles géants.
Nous, le gang des trois pyjamas, on n’aime pas les types du gang aux slips léopards. On va te taper !Les mecs, c’est moi où y a un singe de 10 mètres qui nous mate. Faite gaffe, il va sûrement fuiter notre scénar en or sur le net !Rooh bah vous arrêtez pas ! Moi aussi je suis dans un film pourri !Mais euh ! Pourquoi vous jetez des flèches et que je me mange des lances ?Vous inquiétez pas les mecs, on a le suppo anti-gorille !Le film n’indiquera jamais ce qu’il est advenu de ce courageux commando… et c’est peut-être mieux ainsi.Il y a également ce moment où le réalisateur veut offrir un autre combat de bestioles géantes. Il choisit ce coup-ci un serpent. Ce combat se résume à A*P*E qui attrape un serpent dans un arbre et qui le balance. Un « combat » court… mais qui mérite le coup d’œil tant on ne s’attend pas à cela.
Tululututu ! Tiens, une caméra ! Encore Bougrain-Dubourg qui fait un doc sur les animaux ça !Hey mais il fait quoi lui !Bah vas-y ! Balance-moi sur la caméra !Tu fais ça parce que je suis une couleuvre des jardins ! J’aurais été un python royal, tu aurais juste bien fermer ta gueule !Doit-on préciser que les serpents faisant de 8 à 10 mètres sont très rares en Corée du Sud. Pour de tels serpents, faut au moins appeler Jennifer Lopez pour qu’elles nous accompagnent en Amazonie. Sinon, ailleurs, c’est pas possible.
On dit que j’ai de belles gambettes ! C’est vrai !Dans la catégorie de ces petites preuves qui démontrent bien que le réalisateur maitrise parfaitement mal son sujet, c’est l’utilisation abusive et non masqué des maquettes. Et là encore, l’armée américaine va cruellement souffrir de l’image que l’on va lui faire.
Tous les véhicules de l’armée seront des jouets ou des stockshots. Du tank à l’hélicoptère, l’acteur en costume simiesque balaiera le paysage et balancera des cailloux dans les petits joujoux qui viendront lui chercher des poux.
- Mais Pôpa, arrête de casser tous mes jouets !
- T’inquiète pas mon petit, Papa va arnaquer tout le monde comme un cinéaste italien, on va devenir très riche et je t’achèterai tout plein de jouet.Quoi j’suis mal incrusté ? Mais je vous emmerde moi !Mais ce ne sont pas les seuls exemples. Une vache à côté du pied de l’animal pour tenter une impression de gigantisme sera interprétée par un jouet piqué de la dernière boîte des « Playmobils à la Ferme ». A*P*E s’amusera avec un deltaplane en plein vol qui, pour le coup, sera vraiment un Playmobil. Et lorsque A*P*E kidnappera la belle actrice blonde, le faux singe se baladera avec une poupée de chiffon.
Pour feinter une impression de grandeur, remplacer un stockshot de vache par un jouet qui a une queue qui tournoie comme les vieux jouets à monter Kinder Surprise.Faut pas avoir fait la FEMIS pour comprendre l’entourloupe.Kécécé que ce truc semi-poilu ? (Je parle de la main du gorille là)En fait c’est même pas sûr que ce soit une poupée. C’est juste un machin rouge.Mais le summum du ridicule de la maquette interviendra lors de la destruction improvisée de cette mégalopole qu’est Seoul. Dans ce passage, le singe se balade dans un quartier entièrement reconstitué de bâtiment en carton dont certains sont clairement déjà brinquebalants. Le singe s’amuse à foutre aléatoirement des coups de poings et des baffes dans tel ou tel bâtiment. S’en allant sur un autre. Revenant sur le premier. Etc etc.
Une destruction silencieuse est bien loin de ce que l’on pourrait imaginer d’un tel cataclysme. Aucun cri de souffrance des habitants, le bruit des chocs et des immeubles qui s’effondrent sont quasiment inexistants.
Ce moment de rire est amplifié par l’appel de ce soldat coréen à ses supérieurs qui annoncent : « Ô mon Dieu, c’est horrible. Il y a des morts par centaine. Dépêchez-vous ! ». À qui veux-tu faire croire ça ?
C’est là que je dois tout casser ?Bon, j’vais commencer par là. Marrant ce lampadaire qui bouge dans tous les sens.Si quelqu’un cherche son rouleau de scotch, il est là !Et c’est pas une araignée ça ?Prend ça dans ta gueule !Vas-y ça me saoule, j’vais tout péter ailleurs.Ah mais oui j’suis con ! Y a que cette rue.Avec son incapacité chronique de son réalisateur a réalisé un film, ses maquettes à outrance, ses personnages caricaturaux, ce film avait déjà tout pour entrer le panthéon du nanar.
Pourtant, il en a encore sous le chapeau. Non content de nous avoir déjà proposé de bons moments de rigolade, le film va surenchérir avec de sacrés petites perles. Ce genre de petites scènes, de petits plans ou de petits instants qui ferait pâlir de jalousie les Godfrey Ho, Bruno Mattei ou Cuneyt Arkin.
Un singe en godasse, un singe malpoli ou une conclusion pseudo-philosophique hors de propos, tels seront les arguments que A*P*E vous balancera à la tronche.
Pense à mettre des tennis quand tu piétineras les bâtiments, le carton, ça peut couper.Encore un instant très fugace qui vous fera pourtant bondir de votre siège.Après avoir été bombardé pendant 15 minutes par des tanks miniatures et des pétards, A*P*E s’écroule sans que l’on sache réellement pourquoi.La blondasse de service qui se foutait pas mal du gorille et qui voulait le voir crever se met à chialer et à demander : « Oh pourquoi ? Mais pourquoi ? »Son petit-ami de répondre : « Car les dimensions de notre monde sont devenus trop étroites ». Vous avez deux heures.De par son interprétation mollassonne et effarante,
A*P*E n’atteindra pas le statut de légende du nanar. L’histoire d’amour entre nos deux occidentaux est trop mièvre et trop peu intéressante pour que le film soit d’une jouissance totale. Il y aura quelques moments mous qui feront que vous sentirez parfois l’ennui poindre le bout de son nez et qui nous empêchera d’y mettre une note quasiment parfaite. Néanmoins, que ce paragraphe final ne vous empêche pas à jetez un œil à ce film aux artifices flagrants et enthousiasmants. Il séduira nombre de nanardeurs.
Note : 2,75/5
(Ouais, je met la même note que Kobal y a 7 ans et demi, je fais de la lèche, et je vous emmerde)
Cote de rareté : 5-Pièce de collection
Ca a été édité en VHS en France mais diable, va falloir la chercher
Cela dit, le doublage n’apporte pas grande chose d’un point de vue nanar si ce n’est quelques répliques et un doublage peu convaincant, alors bon :
https://www.youtube.com/watch?v=tqCB1UaK1gg