BOLO YEUNG
«Tiens ? Voilà la grosse brute de service ; la baston ne va pas tarder ! » Voilà à peu près ce que se dit le spectateur moyen à la moindre apparition de Bolo Yeung, le méchant le plus bestial de toute l’histoire du cinéma d’action mondial. Qu’il se frite avec Jim Kelly, Jean-Claude Van Damme, Jalal Merhi, Bruce Le ou Cynthia Rothrock, Bolo Yeung est un effet spécial à lui seul, garantie des scènes les plus efficaces de séries B souvent miteuses.
De son vrai nom Yang Sze (s’orthographie également Yeung Tzé ou Yang Tsé), notre homme est né le 3 juillet 1938 dans la région de Canton, au sud de la Chine. Fils de commerçants, Yang Sze s’intéresse aux arts martiaux dès son plus jeune âge. Etudiant auprès de grand maîtres, il s’attache également à développer sa musculature par le biais d’entraînements intensifs. A la fin des années 60, Yang décide de fuir le régime communiste de Mao et accomplit alors un exploit qui forgera sa légende : il traverse à la nage le bras de mer qui sépare la Chine continentale de la colonie britannique de Hong Kong, rejoignant ainsi la liberté.
Yang gagne d’abord sa vie comme professeur de culturisme et body-builder professionnel : il remportera en 1970 le titre de Monsieur Muscle Hong Kong. Sa connaissance des arts martiaux ainsi que son physique ne vont pas tarder à lui ouvrir la porte d’une carrière cinématographique : le studio Shaw Brothers le prend sous contrat et il tourne son premier film en 1969. Le visage de brute de Yang, ses énormes pectoraux, lui valent d’emblée des rôles de sbires bestiaux que le héros va se charger de tataner.
Yang quitte la Shaw Brothers deux ans plus tard, et va travailler pour des studios concurrents. Il bénéficie déjà d’une certaine notoriété à Hong Kong quand vient le film qui donnera à sa carrière le coup de pouce décisif : impressionné par le physique de Yang, Bruce Lee l’invite à tenir un rôle dans son nouveau film, «Opération Dragon ». Yang y interprète le personnage de «Bolo », terrifiant sbire du méchant en chef, qui tue allégrement ses adversaires en plein tournoi.
Le succès du film rend Yang Sze, son physique et son effrayant rictus, mondialement célèbres. La seule déception tient en ce que notre homme n’y affronte pas Bruce Lee (qui se réserve pour le grand méchant), mais se fait au final dérouiller par John Saxon, l’autre héros du film. Autant dire qu’on n’y croit pas une seconde. Yang suit entre-temps les cours d’arts martiaux de Bruce Lee, qui lui promet de lui réserver une scène de combat dans son prochain film. Mais l’affrontement tant attendu par les fans n’aura pas lieu : Bruce Lee meurt peu après alors qu’il n’a tourné que quelques scènes du «Jeu de la mort ».
Qu’importe, la carrière cinématographique de Yang Sze est lancée : le personnage de «Bolo » lui a donné un tel envol qu’il utilisera ce nom comme pseudonyme, se faisant désormais appeler Bolo Yeung. Notre ami va désormais promener son impressionnante carrure dans quantité de films de kung-fu de qualité souvent douteuse. Alors que le cinéma d’arts martiaux envahit les salles de quartier du monde entier, Bolo Yeung en est l’un des méchants les plus récurrents. Il affronte Jim Kelly dans « Hong Kong Connection », le japonais Sonny Chiba dans «Sunsi le formidable karatéka », l’imitateur Bruce Le dans l’insane coproduction franco-chinoise «Bruce contre-attaque », l’autre clone Bruce Li dans «Big Boss à Bornéo » et même Jackie Chen (un faux Jackie Chan !!) dans « Jackie le redoutable chinois ». Tout en poursuivant ses activités d’entraîneur en arts martiaux, Bolo multiplie les rôles de brute sans cervelle, passant même derrière la caméra pour un film sobrement intitulé «Bolo», où il joue de son image. On le voit même dans «Ninja Killer», une co-production turco-chinoise avec Cüneyt Arkin!!
Le cinéma d’arts martiaux s’enfonce cependant dans la routine et la médiocrité, lassant inexorablement le public. Bolo Yeung ne trouve pas de rôles sachant exploiter son réel charisme, et doit se contenter de ses habituels personnages de brutes sadiques, dans des productions de plus en plus médiocres où sa présence se limite souvent à de brèves apparitions.
Entraîneur et chorégraphe d’arts martiaux réputé, il a le «privilège» de coacher Brandon Lee, fils de son ancien professeur, pour les besoins du film chinois «L’Héritier de la violence» (Brandon se montrera, dit-on, un élève assez indiscipliné). A la fin des années 1980, le succès inattendu d’une série B d’action permet enfin à Bolo Yeung de revenir sur le devant de la scène : dans «Bloodsport », il interprète l’adversaire d’un obscur karatéka belge nommé Jean-Claude Van Damme. Toujours fabuleusement impressionnant à 50 ans, Bolo frappe l’imagination du grand public, ce qui lui vaudra un regain d’activité dans des productions américaines.
Bolo Yeung affronte à nouveau Van Damme dans «Double Impact » et s’illustre dans quantité de bourrinades de série B : «Shootfighter », « TC 2000 » et autres «Dans les griffes du tigre », Bolo Yeung enfile les âneries de vidéo-club à une allure plus que respectable. Son étonnante présence physique fait souvent de lui la vraie vedette de films dont il parvient sans peine à constituer l'attraction principale. A noter que le film "Shootfighter" et sa suite lui permettent de tenir l'un de ses très rares rôles de gentil.
A la fin des années 1990, la soixantaine approchante, notre ami s’éloigne à nouveau des studios pour se concentrer sur ses activités d’entraîneur sportif. Administrateur de l'association de body-building de Taïpeï, il assume également des fonctions de Président d'une organisation sportive à Hong Kong.
On peut regretter que le cinéma de série B n’ait pas su mieux employer cet authentique phénomène, se contentant de l’utiliser, tel un Michael Berryman body-buildé, pour ce que son physique avait de plus évident. Le manque d’imagination des cinéastes ne doit cependant pas faire oublier que l’homme avait une réelle personnalité et qu’il nous offrit des apparitions mémorables, souvent les seuls moments dignes d’intérêt de films d’action routiniers ou nanardesques. Véritable phénomène du cinéma bas du front, Bolo Yeung n’aura pas volé sa place au panthéon du septième art!
Nikita
Filmographie :
1969 :
Les 13 fils du dragon (The Heroic ones)
1971 :
The Rescue
The Oath of death
The Lady Professional
Duo Mortel (The Deadly duo)
1972 :
Young people
Man of iron
La Main de fer (King Boxer)
Les 14 Amazones (Fourteen amazons)
1973 :
Tiger
Return of the assassin
Kung fu’s hero
Greatest Thai boxing
Opération Dragon (Enter the dragon)
Yang Sze la terreur de Bruce Lee (Chinese Hercules)
Black guide
Sunsi le formidable karatéka (Soul of Chiba)
1974 :
Thunder kick
Super kung fu kid
1975 :
A Queen’s ransom
Ninja Killer
The Fighting dragon
A Debt of crime
All Men are brothers
1976 :
Bruce’s deadly fingers
Big family
Big Boss 2
1978 :
Hong Kong Connection / Black Kung fu contre Hong Kong connection (Black Belt Jones 2 : The Tattoo connection)
Diamants et karaté (Storming attacks)
Mister Big
Master Killers
Les 6 épreuves de la mort (Enter the game of death)
Big Boss à Borneo (Bruce Lee in New Guinea)
L’Invincible Bruce Li (Bruce Lee the invincible)
Bruce Le’s greatest revenge
Bruce and Shaolin Kung fu
Amsterdam connection
Dragon Lee fights again / Dragon Bruce Lee Part 2
1979:
Writing Kung fu
Ruthless revenge
Fist, kicks and the evil
Le Dernier défi (Dragon the hero)
Les 36 Signes de la mort (36 Deadly styles)
1980 :
Le trésor de Bruce Le (Treasure of Bruce Le)
Ten Magnificent killers
Snake deadly act
Challenge of the tiger
Bruce Le super héros (Bruce king of kung fu)
Bolo
Jackie le redoutable chinois (Fearless master)
1981
Le défi du ninja (Enter three dragons)
The Cold blooded murder
All the wrong clues for the right solution
1982:
Kung fu cook
Bruce Contre-attaque / La Revanche du ninja (The Ninja strikes back/ Bruce Le strikes back)
1983 :
Play catch
Just for fun
The Boxer’s omen
Silent romance
1984:
Silent romance
1985 :
Working class
Seven angels
Le Flic de Hong kong (My lucky stars
Lucky diamond
1986 :
Shangaï express (Millionaire express)
Lucky stars go places
L’Héritier de la violence (legacy of rage)
1987 :
Killer’s noctunr
1988 :
One Husband too many
Bloodsport : tous les coups sont permis
1989 :
Bloodfight
1991 :
Breathing fire
Double Impact
1992 :
Ironheart
Dans les griffes du tigre (Tiger claws)
The Magnificent duo
1993 :
TC-2000
1994 :
Fearless tiger
1995 :
Shootfighter 2
1996 :
Fist of legend 2 : bodyguards
1997 :
L’Empreinte du tigre (Tiger claws 2)
2005 :
Kumité
Iconographie :
http://www.hkcinemagic.com http://www.vhs-survivors.com http://www.firstuniversal.clara.net/bolo.htm