Lambada
REALISATEUR : Joel Silberg
ANNEE : 1990
GENRE : dirty mathematics
CATEGORIE : Gnian-Gnian
CASTING : J.Eddy Peck, Melora Hardin, Shabba Doo, Ricky Paul Goldin
DUREE : 94 minutes
La Lambada est LA Danse musicale des années 90. Ceux qui sont assez vieux pour s’en souvenir (et ceux qui aimaient danser des trucs faussement langoureux en se pétant le bas du dos) se remémoreront sans difficulté la mélodie, à l’époque véritable hymne de la marque Orangina.
Et dire que maintenant, on danse sur cette zique dans les mariages de tonton Robert
Pour la petite histoire, la Lambada est en fait le nom d’une chanson (enfin une reprise en fait) chanté en 1989 par le groupe Kaoma. Le coté exotique de la chose (véhiculant plus de clichés qu’un clip de rap tourné par MTV) rappelant la chaleur des danses endiablées et les bidonvilles d’Amérique du Sud où les plus jeunes et les plus démunis vivent dans la générosité du temps présent, en détermine le candidat idéal pour une catégorie de chanson qui se perpétuera jusqu’à aujourd’hui : le tube de l’été. Tube de l’été qui se doit de reprendre peu ou prou le même cahier des charges, inchangé depuis donc la fin des années 1980, jusqu’à aujourd’hui.

Les danses de riches d'un côté, des pauvres de l'autre... ce monde est injuste, il nous faut un héros pour concilier les peuples autour d'une boisson qui fait roter
Ce que l’on sait moins, c’est que la Lambada fut un tel succès dans le monde entier, que même les producteurs de cinéma décidèrent de profiter de la manne en produisant leurs propres films musicaux cheaps estampillés « Lambada » avec un enrobage brésilien/espagnol le plus voyant possible. Le pitch rappelant en substance les ficelles du clip et de la chanson : danse langoureuse, amour impossible, dimension sociale. Bref un Dirty Dancing mais le côté Tapas et Mojito en plus
La Lambada, c'est excellent ! Mangez-en!
Le film en question (dont la réputation de nanar ainsi que sa rareté souffle sur nos nuques depuis des années) possède un homonyme dont l’histoire n’a rien à voir. Sortie quasiment à la même date aux U.S.A, la version de Greydon Clark (également réalisateur du
Clandestin) sera obligée de retirer le mot « Lambada » de son titre. Pensant avoir sous nos yeux la VHS de ce dernier, nous regardons en fait : "Lambada, la danse interdite" de Joel Silberg. La situation est encore plus drôle lorsque l'on sait que Globus à produit l'un et Menahem Golan l'autre.
Même titre mais histoire différente. Arnaque au nanar ? Pas forcement. Car ce film nous permet de découvrir une nouvelle catégorie sur nanarland aussi drôle qu’inutile : le film de danse de Mathématique. Et oui.
Shaba-Doo, chorégraphe et acteur du film. Enfin, il est plus chorégraphe en réalité.
Commençons par développer l’histoire. Ami(e)e des clichés, préparez-vous à passer l’un des meilleurs moment de votre vie car ce film en est rempli autant que le sébum dans une peau d’ado.
Kevin Laird est prof de math. Ses cours passionnent les élèves, surtout les filles car elles voient à travers son pantalon côtelé qu’il possède des fesses aussi fermes que mes coudes. Mais Kevin en réalité, cache un secret. Le soir, il enlève son pantalon pour mettre un futal en cuir et aussi un débardeur noir. Il change de coupe de cheveux, se met une boucle d’oreille et va danser dans la boîte la plus chaude du quartier le plus chaud de la banlieue la plus hot de Los-Angeles… jusqu’au jour où une de ses élèves le croise dans cette boîte en train de danser… LA LAMBADA.
- Waouw ! Mais c'est quoi cette danse ?
- C'est...la... LAMBADA !!
Stop.
L’histoire aurait-pu s’arrêter là. Mais une mise au point s’impose. Déjà, oubliez la Lambada, la musique du film n’est pas celle que l’on connaît tous. Ca ressemble plus à de la mauvaise pop des années 80 sur laquelle on rajoute le mot « Lambada » à la fin de chaque couplet. Par ailleurs on n’en parle qu’une fois dans le film, histoire de justifier le titre, ensuite hop ! Plus rien.
Mais n’oubliez pas seulement la Lambada, oubliez aussi tout le coté musical dans son intégralité. Car le film en réalité, prend sa dimension sociale (dimension toute relative, croyez-moi) quand on apprend qu’entre deux danses à 3 heures du matin, Kevin va dans le sous-sol de la boîte enseigner aux jeunes défavorisés (qui peuvent quand même se payer l’entrée d’une boîte de nuit rappelons-le) rien d’autre que…les... mathématiques.

Notre héros : Matheux relou le jour, Danseur marlou la nuit
Lambada étant un film qui étale ses connaissances en math autant que ses plans caméra ineptes, (consistant à filmer des ados en train de danser n’importe comment sur du n’importe quoi) je peux vous dire que les amoureux de la géométrie risquent de mourir de rire.
L'arme de défense du matheux dans un bar mal famé ? Le rapporteur.
Car en plus d’être inepte au niveau de la dimension sportive du film, Lambada percute le fond de la bêtise gnian-gnian quand il veut toucher à des films comme le "Cercle des poètes disparus" avec ses cours de trigonométrie farfelus. Jake est un mec qui se veut cool (et qui se fait appeler « Blade » dans la boîte de nuit) et se voit donc enseigner les maths de jour comme de nuit, d’une façon hyper fascinante pour que jeunes oisifs de Beverly-Hills ET Chicanos des bas-quartier réussissent plus tard dans la vie.
FANTASME D'ADOLESCENTE ET DANSE LANGOUREUSE
Si l’on s’attarde un peu sur l’emploi du temps du bonhomme et en reprenant les différentes situations vues dans le film, ça fait quand même une activité digne d’un présentateur télé sous cocaïne. Prenons exemple sur une date au hasard…le lundi 7 avril par exemple :
-6h30 Heure du lever
-8h00 Début des cours au lycée. Les Mathématiques, c’est fantastique.
-12h00 Pause repas (entretien des abdos-fessier en faisant des flexions sur le bord du bureau)
-13h00 Reprise des cours
-16h30 Fin des cours (écoute des derniers tubes salsa dans la voiture sur le chemin du retour, pour se tenir au courant des ultimes tendances)
-18h45 Repas hyper protéiné + obligations familiales (tâches ménagères avec sa femme, jeux vidéos avec son fils, tonte de la pelouse)
-22h00 Départ à la boite de nuit
-22h30 Danse non-stop de la Lambada avec des jeunes gens qui portent des bandanas fluos.
-0h00 Cours de Mathématique avec ces mêmes jeunes qui sont tout content d’apprendre des logarithmes népériens à une heure où normalement, les gens boivent une tisane en pantoufle.
-1h30 Retour à la maison
-2h00 Voit en allant se coucher, que non seulement sa femme ne dort pas mais qu’en plus elle a allumé un feu de cheminée
-2h10 Remplissage d’une (différente) obligation familiale
-3h00 Après un coït de braise sous musique de saxophone, le professeur de danse mathématique peu enfin dormir…jusqu’à 6h00 demain. Sa vie est crevante mais il aime ça… après tout ça aurait pu être pire : il aurait pu devenir prof d’histoire géographie du coté de Grenoble.
Qu’on ne lui vienne plus lui parler de l’éducation nationale après ça.
Chéri, j'ai fait un feu de cheminée et on est pas en hiver...ça te dit de faire l'amour ?
Heu...je suis prof moi...ça te dit pas d'attendre les vacances de Pâques plutôt?
On s’esclaffera par la même occasion sur les théorèmes foireux à base de thermes pompeux, dont les explications ont autant de sens que de la neige en Australie... surtout quand il commence à vouloir tout vulgariser :
"les angles complémentaires sont comme les deux partenaires d'une danse, quand vous connaissez l'un, vous connaissez l'autre".
Tout y passe, le système de coordonnées rectangulaires, principe de distorsion des masses etc… RIEN n’est cohérent mais on s’en fout car quand on est un spectateur Lambda de Lambada, on a généralement arrêté l’école à 12 ans et les principales questions existentielles qu’on se pose c’est
"Quel parfum de chewing-gum je n’ai pas encore goûté dans ma vie ?" ainsi que
"Est-ce que la lumière du frigo s’éteint vraiment quand je ferme la porte ?". Que les plus scientifiques d’entre vous se rassure également, même Mayonne (architecte du site nanarland, mais aussi détenteur d’un doctorat en science) plissait les yeux d’un air circonspect quand Jake expliquait sa théorie des sinus.
PRENDS-EN DE LA GRAINE HIGH-SCHOOL MUSICAL !!
Les scénaristes étant sans doute fils de photographes, ils profitèrent donc de l’occasion pour augmenter la liste des clichés du film. Ainsi on apprendra que Jake sera en réalité un Chicano orphelin, recueilli par des gens riches qui lui ont permi ainsi d’avoir sa double identité : danseur bouillonnant et matheux passionnant (c’est reconnu aux Etats-Unis, les hispaniques ne sont bons qu’en danse et les blancs sont tous comptables). Il sera menacé d’être viré à cause de ses méthodes hors-normes. On assistera au climax du film par un concours de math (mon dieu comment Micheal Bay n’y a encore jamais pensé ?) entre les enfants riches et les gosses des quartiers pauvres. Je vous laisse deviner qui gagnera et si oui ou non tout le monde finit par faire la paix en dansant ensemble sur de la musique désespérante au milieu de la salle du concours.
Rien de tel qu'un concours de math pour évacuer la violence des jeunes.
On ne pourra que se féliciter d’avoir pu enfin mettre la main sur ce film rare. Lambada est un nanar sirupeux comme on en fait plus de nos jours. Depuis les productions des films musicaux de Disney notamment, ont sérieusement donné un coup de jeune au sujet. Dès lors, Lambada pourra vous faire revivre les passionnantes aventures de votre adolescence des débuts des années 90. L’époque où vous regardiez la série « les années collège » dans l’émission Giga sur antenne 2, tout en mangeant des raiders, des yaourts Chambourcy et en jouant à votre Game-Boy.
Mais je suis certain que déjà à l’époque, vous vous en foutiez des mathématiques.
exclusif : Docteur Alban était blanc !
NOTE : 3/5
attention à ne pas confondre avec l'autre film sur la Lambada :
INFOS EN PLUS : un lien sur un mémoire à propos de la Lambada, la guerre froide et l'approche du millénaire :
http://nuevomundo.revues.org/index2181.html
merci à la créature du lac gris, le forumeur, pour m'avoir envoyé la VHS.