http://www.nanarland.com/acteurs/Main.p ... brucebaron
Maître ninja s’il en est, Bruce Baron est un des acteurs emblématiques de l’écurie IFD/ Filmark du tandem peu scrupuleux Godfrey Ho-Joseph Lai. Quiconque l’a vu affronter Richard Harrison en combinaison de ninja rouge ou tenter de comprendre pourquoi « Les trois gros lards de Georges ont voulu violer Rose pour se débarrasser de Larry (qui ne pense qu’à sa conne de fille (ou à sa côte de fille le débat n’est pas clos)) » ne peut que s’incliner devant les qualités d’acteur et d’artiste martial du grand Bruce. Mais il ne faut pas croire que Bruce a passé toute sa vie à jouer les ninjas amateurs dans les productions lamentables des rois du rapiéçage de films. On le croise au détour d’une production en Italie, en Belgique ou en France où il tourne avec l’immense Jean Marie Pallardy ! Un artiste complet en quelque sorte.
Bruce Baron est un véritable casse tête pour celui qui cherche à reconstituer son parcours : non seulement les informations disponibles le concernant sont peu nombreuses, mais en plus court sur son compte tout un tas d’erreurs et d’histoires fantaisistes dont la moindre n’est pas l’annonce de sa mort en Suède suite à une overdose de produits amaigrissants en 1986 ! Le principal intéressé est sorti de son silence ces dernières années pour tordre le cou de cette rumeur par le biais de mails incendiaires auprès des sites reprenant cette info. Qu’il soit dit et bien dit ici : Bruce va bien et il bottera les fesses de quiconque viendra prétendre le contraire !
C’est d’ailleurs lui qui a rédigé lui-même sa notice sur IMdB. On n’est jamais mieux servi…
Né en 1949 à New York, il tâte semble t-il des arts martiaux avant de partir pour l’Asie dans les années 70. C’est au Japon qu’il entame sa carrière sur l’écran par un petit rôle en 1975 dans Seishun No Mon, histoire sentimentale sur fond de catastrophe minière qui semble avoir donné naissance à une série de films populaires au Japon.
Adopté par l’Asie, il va y passer pas mal de temps et en profiter pour voyager dans tout le continent puisqu’on le retrouve aussi bien dans des productions japonaises que philippines ou hong kongaises. Il se lance dans une carrière dans la publicité (plus d’une centaine de spots dans toute l’Asie avoue t-il) tout en continuant à tourner des séries B. d’action. C’est ainsi qu’on le retrouve par deux fois au coté de Richard Harrison et Mike Monty sur les productions du philippin Teddy Page, grand pourvoyeur de petits films d’action rigolos pour le tiers monde et le marché de la vidéo. On le croise ainsi sur
Fireback où Richard Harrison nettoie au bazooka les salauds qui ont tué sa famille (sur le même canevas qu'
Eliminator avec les mêmes Page et Harrison, peut-être tourné en même temps?) puis avec quasiment la même équipe (encore en même temps ?) dans l’inédit chez nous
Hunter’s Crossing où il part délivrer la fille d’un milliardaire (nommé Mr Burns !!!!) tombé entre les mains de vilains pirates. On le retrouvera aussi en 85 dans
les Massacreurs autre film de guerre routinier de Page. Toujours aux Philippines il se commet aux coté de Richard Hatch (
Galactica) dans un
Heated Vengence réputé hilarant mais hélàs là encore invisible chez nous et shooté sur les lieux mêmes du tournage d’
Apocalypse Now !!
Dans le même temps, Bruce est aussi à Hong Kong où il tourne dans des production d’un certain prestige, comme
La légende de la perle d’or sous Indiana Jones avec Ti Lung (les 2
syndicats du crime de John Woo quand même) où déjà apparaît un ninja blanc (signe des temps à venir ?). Il a là aussi la vedette dans
Dragon Force où en agent de la CIA expert en arts martiaux au coté de Bruce Li, il affronte … un ninja ! Mais c’est surtout avec Tsui Hark alors encore réalisateur débutant qu’il trouve son plus grand rôle en apparaissant dans
L’enfer des armes polar nihiliste et violent mais qui ne rencontre pas le succès (il sortira en France dans une version tronçonnée) ; il y croise déjà au passage Pierre Tremblay autre futur ninja intermittent chez Godfrey Ho. Les rets implacables du destin se tendaient…
Comme beaucoup de gwailos (acteurs blancs dans les productions chinoises) il est recruté par les duettistes infernaux Ho et Lai pour jouer dans ces films de ninjas calamiteux qui font désormais les délices des fins gourmets du nanar. Scénarios indigents à base de sectes ninjas rêvant de conquête du monde, d’agents d’Interpol, de bombinettes à fumée et de morceaux de vieux films rajoutés au petit bonheur, ces productions ne valaient pas tripette mais permettent de vivre entre deux pubs. Bruce, tout comme Richard Harrison, ne garde pas un très bon souvenir de cette période et trace un portrait au vitriol des deux producteurs dans un mail envoyé au site Ultimate Ninja et faisant le point sur les critiques sur cette période : « Ce ne sont pas mes films, ils appartiennent à Godfrey Ho et Joseph Laï qui étaient des producteurs cupides, artistes de l’arnaque. Je n’en retirais aucun bénéfice et ces films ne sont rien de plus pour moi qu’une énorme source de gêne. »
Bruce participe ainsi à une bonne demi douzaine de films, mais il faut bien avouer qu’au vu des méthodes de tournages de Godfrey il est difficile de savoir comment les scènes tournées par Baron ont été répartie dans les différents métrages de la firme et s’il a bien été payé pour plusieurs films… On le voit se fondre dans un arbre dans
Challenge the Ninja , jouer les gentils ninjas dans
Ninja the destroyer, les agents d’Interpol dans
Ninja champion, etc… etc…
Quand il n’est pas en Asie, il fait brièvement un saut en Europe. Ainsi on le retrouve curieusement sur le plateau des
Prédateurs du futur de Ruggiero Deodato en grand méchant affublé d’un étrange masque en plastique transparent. Coïncidence la même année il tourne deux films avec Mike Monty, qui fait justement une apparition dans ce même film. Monty a-t-il rapporté Bruce dans ses bagages pour un Deodato qui cherchait un comédien ? Mystère d’autant que Bruce ne fera pas carrière en Italie et retournera bien vite en Asie après cette brève apparition.
Après son expérience chez IFM/Filmark il revient en Europe pour tourner avec… Jean Marie Pallardy ! Dans
Overdose, au coté de Gordon Mitchell, Jess Hahn et du Maître en personne dans un rôle de tueur sadique (Au passage tout le monde aura noté que le script de Pallardy, une hôtesse de l’air qui passe de la drogue dans ses voyages a été odieusement repompé par Tarantino dans
Jackie Brown). Quelle mystérieuse connexion a permis aux deux hommes de se rencontrer ? Doit on encore y voir l’influence de Mike Monty qui rappelons le a commencé dans les pornos soft de Pallardy… L’hypothèse est séduisante…
Bruce baron termine encore par un rôle dans un film dramatique belge contant le sort des boat peoples avant de décider que ça suffit ainsi et que devant l’ampleur du désastre, il convient d’arrêter les frais. A 40 ans il quitte le cinéma bien décidé à trouver un vrai métier.
Depuis on ne sait pas grand-chose de ses activités actuelles si ce n’est qu’il garde un certain recul sur son passé d’acteur. S’il est conscient de la médiocrité des films qu’on lui a fait tourner, il lui arrive d’intervenir sur le net avec une certaine violence si on met en cause ses qualités d’acteurs. Comme le prouve le courrier reçu par le webmaster de l’excellent site ultimate ninja.
http://ultimate_ninja.tripod.com/id20_m.htm
Mais l’homme est aussi généreux comme le prouve la magnifique photo envoyé par Baron pour la chronique de
Power Force sur le site de clones de Bruce Lee : many_bruce
http://www.geocities.com/many_bruces/reviews/powerforce.htm
Alors Mr Baron si vous voulez compléter ou infirmer cette biographie, c’est avec joie que nous vous céderions la parole pour une interview comme Richard Harrison…
Toujours sourcillieux sur son image le Bruce
Filmographie : difficilement complétable, les sources (y compris IMdB) semblant remplies d’erreurs et de contradictions (notamment de dates). De même il faut posséder la cassette issue de quelque vieux cash poussiéreux pour retrouver les titres français données à de furtives sorties vidéos de la plupart d’entre eux. De plus Bruce annonce avoir tourné dans plus d’une trentaine de films essentiellement d’action et de kung fu dont certains en Inde ou en Afrique. Cette filmographie devra ainsi sûrement être retouchée au fur et à mesure des découvertes...
Cruel Horizon (1989)
Overdose (1987)
Challenge of the Ninja (1986)
The Ultimate Ninja (1986)
Ninja the Destroyer aka Ninja Invasion(1986)
Heated Vengeance (1985)
Born a ninja (1985)
Ninja Hunt (1985)
Flic ou Ninja aka Ninja Champion (1985)
La legende de la perle d’or (1985)
les massacreurs (1983 ou 1985)
Les Predateurs du futurs aka Atlantis Interceptor (1983)
Hunter's Crossing aka Blood Debts (1983)
Fireback (1983)
Dragon Force aka Power force (1982)
L’enfer des armes (1980)
Seishun no Mon aka The Gate of Youth (1975)