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Il y a des films dont la seule existence donne le vertige : le simple fait d’imaginer que des trucs pareils aient pu trouver un financier, un réalisateur, des acteurs, et enfin un public quelconque (même trois personnes entrées par hasard dans la salle) laisse songeur, perplexe et circonspect. «Batman contre Dracula », «Abbott et Costello contre Frankenstein », « Clitorix et Obsedix ont la gaule »… «Queen Kong » fait partie de cette catégorie de films, au postulat si outrancier que leur seule existence semble relever du gag.
Je n'ai pas encore vu "Batman contre Dracula", le film philippin, mais je connais fort bien le film avec Abbott & Costello, et le mettre dans une liste de nanars relève de l'aveuglement.
En ce qui concerne les "trois personnes entrées dans la salle" pour ce film, c'est aussi se moquer du monde... Des dizaines de millions de gens, depuis sa sortie, ont vu ce film de Charles T. Barton, et, tout comme moi, le considèrent comme un pur chef-d'oeuvre, la meilleure parodie de film d'épouvante jamais tournée, bien supérieure, par exemple, au "Frankenstein Junior" de Mel Brooks.
Charlie Chaplin et Stan Laurel, que, je suppose, tu classes aussi au rang des imbéciles, tenaient Lou Costello pour le comique le plus doué de sa génération, et Bud Abbott était un remarquable "straight man". Plusieurs de leurs films ont non seulement tout cassé au box-office ("Buck Privates", "Buck Privates Come Home", "The Time of Their Lives"...) mais ils ont sauvé à plusieurs reprises la firme Universal de la banqueroute.
Ca m'est totalement égal que les critiques de cinéma français n'aient eu, en général, que du mépris pour ces deux acteurs. Je les tiens, ces critiques, la plupart du temps, pour de parfaits ignares. Le public, en tout cas, n'était pas de cet avis, et si presque tous leurs films sont sortis en France, c'est bien parce qu'ils avaient du succès. D'ailleurs, en Allemagne, en Belgique, en Angleterre, en Hollande, en Italie, en Espagne, on les voit toujours, leurs films, et pas seulement à la télé, parfois même dans les salles. J'ai pu revoir "Deux nigauds contre Frankenstein", que je possède aussi en DVD, dans une salle bondée de Barcelone, voici 12 ans environ, et à la fin, les gens se sont levés pour applaudir.