Titre original : Clash of the Warlords
Titre alternatif : Mad Warrior
Année : 1985
Réalisateur : Willie Milan
Origine : Philippines
Avec : Anthony Alonzo, Johnny Monteiro, Paul Vance
Catégorie : Post-Apocalyptique
Genre : Crash of the Post-nuke
Nanardeur libre, toujours tu chériras les Philippines. Aaaah les Philippines ! Terre promise des cinéphiles déviants, patrie de Weng Weng et du cinéma de fond de jardin. Nous sommes comme des gamins devant la vitrine chatoyante du marchand de bonbons dont les étals dégorgent de sucreries multicolores où nous venons nous servir (avec l'ami Godfrey) allègrement pour avoir notre dose quotidienne et indispensable. Mais le nanar ne provoque pas de caries, lui ! A la rigueur il peut à la longue occasionner des dommages cérébraux irréversibles ou une vie sociale en constante régression.
Qu'on me permette au début de cette chronique d'effectuer un petit coming out. Oui, je l'avoue, je suis très orienté vers le post-nuke 80's. Que celui qui n'a jamais rigolé devant une voiturette de golf tuné avec du papier alu et quatre tuyaux de PVC évoluant dans un terrain vague de la banlieue de Rome me jette la première pierre ! Ce n'est donc pas, je le confesse, sans une certaine partialité que j'ai visionné ce chef d'œuvre du genre, qui donne toutes ses lettres de noblesses au post nuke de seconde voire de troisième zone.
Un titre anglais où il manque un mot et le titre espagnol tout en finesse.
Le film donne le ton dès le début. Un champignon de fumée s'élève dans les cieux après une explosion en bonne et due forme. L'image se fige, le titre apparaît, disparaît et...rien. L'image reste inexplicablement bloquée sur cette nuée noirâtre et rougeoyante pendant que la musique jouant le synthé à fond continue de marteler nos oreilles. Après un moment de réflexion, il convient de penser que les crédits du film ont été effacés, sans doute pour ne pas dévoiler la misère de ce qui va suivre.
Une image fixe de près d'1 minute 30 !!
Alors de quoi ça parle ? Le scénario bat tous les records de raccourcis et de simplicité, vraisemblablement torché vite fait bien fait par un pauvre scénariste à qui on a téléphoné à 3 heures du matin en lui demandant un scénario pour le lendemain 6 heures sans fautes. Le voilà qui jette trois lignes dans son petit cahier et voilà le travail. Nous avons donc les méchants d'un coté mené par cette pourriture de Malsam, demi tronche de cake à la moitié de visage recouverte d'une plaque de métal rafistolée (nous saurons pourquoi plus tard) habitant dans la Vallée de la Mort ressemblant à s'y méprendre à une plage. De l'autre coté, les gentils qui vivent comme tous les gentils en communauté hippie dans la forêt et en harmonie avec les petits zoziaux. Tout cela fait étonnamment penser aux Maîtres de l'Univers avec Squelettor dans son Château Maléfique et Musclor dans son Château des Ombres. Oui euh...bon d'accord ce n'est peut être pas le meilleur exemple.
Rex, ce héros au sourire si doux.
Malsam, ce méchant au sourire si doux.
Le personnage central, appelons le comme ça, porte le nom très recherché et à la consonance canine de Rex. Ce brave Rex restera l'obsession de Malsam qui va s'acharner à le faire périr dans d'atroces souffrances en ayant eu soin auparavant de lui infliger les pires tortures cela va de soi. Sans doute en raison de la voix épouvantable de Rex qui fait autant héros que moi bûcheron.
Le camp des méchants avec un ciel rouge du plus bel effet
Le camp des gentils peace and love dans une clairière.
Le budget du film est sans doute parti dans la location des lieux de tournages à savoir une base américaine philippine désaffectée et la grotte de Hoyop Hoyopan, curiosité touristique mondialement connue. Car dès les premières images, un festival visuel nous rend compte des restes de budget. Les costumes sont franchement cheapos, encore plus pauvres que dans les
Roues de Feu, les armes en fer blanc s'esquintent dès qu'on les fait virevolter et le camp des méchants (des Warlords) se résume à 4 ou 5 tentes placées autour d'une palissade en bois circulaire. Cette palissade forme les contours de l'arène de la mort de Malsam qui prouve sa méchanceté en faisant combattre à mort Rex contre son meilleur ami sous les yeux du fils du héros. Celui-ci s'enfuit avec la complicité de Tanya une des sbires de Malsam qui va retourner sa veste et s'enfuir avec le bellâtre et son mouflet. Mais ni le mouflet ni Tanya ne vont survivre aux hordes déchainées de Malsam lancés à leur poursuite. Remarquons que si Rex pleure son fils, ni lui ni Rhéa (blondinette sortie on ne sait d'où pour les aider) ne feront en revanche attention au corps de Tanya qui peut bien crever toute seule dans sa carrière, on n'en a rien à cirer.
Nos deux tourtereaux débarquent donc dans le camp des hippies où sévit l'une des figures les plus marquantes du film, j'ai nommé le professeur La Moustache ! Bon certes, ce n'est pas son vrai nom, mais son vrai nom on le saura jamais, on saura juste que c'est le père disparu de Rhéa (comme c'est pratique). Cet homme de science mérite à lui seul le détour. Comme tout savant nanar qui se respecte, il travaille sous une tente où fument des alambics de toute sorte et a même réussi à trouver un remède aux blessures dues aux radiations atomiques !??
Le professeur La Moustache dans son laboratoire nanar.
On ne nous expliquera jamais comment il est arrivé ici, ni même d'ailleurs comment les choses en sont arrivées là. Non. C'est les gentils d'un coté et les méchants de l'autre. Point. Aucun préambule nous expliquant un quelconque conflit, aucun dialogue tentant de nous narrer ce qu'on a loupé comme catastrophe nucléaire. Rien. On se débrouillera donc avec ce qu'on a.
Les gentils ne sont pas en reste du point de vue du ridicule car en sus du Géo Trouvetou sus nommé, il y a des guerriers mais pas trop, des femmes en blanc, d'autres en noir et des terrains d'entraînement pas très élaborés. Pendant ce temps Malsam ronge son frein et veut à tout prix récupérer Rex. Après un rapide raid sur le camp gentil, ces derniers monteront une expédition punitive pour en finir définitivement avec cette raclure de Malsam.
Autant le dire tout de suite ce film est véritablement du pain bénit pour les cinéphiles pervertis que nous sommes. Pas un plan, pas une séquence qui n'apporte son quota d'absurdité, d'effets ratés, de maladresse filmique. Oh la belle moto bricolée en véhicule de la mort ! Oh un figurant hilare au troisième plan ! Oh un filtre oublié en haut de l'écran. Vous l'aurez compris, vous aurez votre ration de plan carrière, de véhicule tuné par un psychopathe du genre, de combats filmés n'importe comment. La caméra roule avec les protagonistes, nous fait un ralenti complètement inutile sur un coup de pied sauté raté, montre un figurant s'écroulant en se tenant le coté opposé de celui auquel il a été touché, d'autres s'entraînant avec autant de ferveur qu'un curé de campagne prêchant pour les trois personnes présentes. Vous aurez des morts par égratignure au ventre, des morts par fusillades sans impacts, des morts par roquette en PVC. Mention particulière à cette séquence où Malsam pète ce qui lui restait de plombs et se fait enchaîner par sa clique parce que les soirs de pleine lune il hurle qu'il veut peindre cette dernière avec du sang (???!!). L'occasion de voir un maquillage splendidement raté qui fout le camp au fur et à mesure que Malsam s'époumone et remue la tête dans tous les sens.


Malsam et son putain d'œil factice qui tient pas.
Des lance-roquettes en PVC !
Un figurant couillon qui oublie de lever sa lance
Des véhicules futuristes !
Dire que les acteurs sont mauvais frise le pléonasme. Les méchants cabotinent à qui fera le meilleur "mouahahaha" sardonique, les gentils sont aussi charismatiques qu'un ficus, les cascades sont mauvaises et incroyablement mal réglées. Et je ne parle pas des figurants regardant avec insistance la caméra avant de faire leur action. Aucun des deux camps n'est motivé à l'idée d'en découdre, plus déprimés par la nature anémique de leur futur salaire que par l'ambiance de mort et de désolation qui peine à ressortir. Même pas une course poursuite en voiture, les deux véhicules du film étant limités à un side-car bricolé pour chaque camp et une poignée de chevaux louée à l'éleveur du coin. Le fond du fond du post-nuke en quelque sorte.
Il faudrait aussi dire un mot de la musique, d'autant plus insupportable qu'elle ne comporte qu'une seule séquence musicale repassée en boucle à l'infini, nous rabattant les oreilles avec les pires riff de synthé depuis l
'Homme Puma, quand elle ne nous les estourbit pas en montant dans les aigus qui font carrément grincer des dents.
La séquence finale vaut le détour, où nous avons droit à du charcutage de méchant en veut tu en voilà, dont l'apogée se situe en un duel final entre Rex et Malsam dans une caverne très sommairement décorée. Mais attention pas n'importe quel duel. Un duel au sabre laser nanar ! Je vous le donne en mille, le sabre laser passait pour être une invention des gentils du professeur La Moustache. Manque de pot, Malsam en possède un aussi, en rouge, alors que celui de Rex sera bleu. Ca vous rapelle quelque chose ? Rien que l'allumage des sabres et leur bruitage valent leur pesant de cacahuètes. La lumière est blafarde et hésitante, la lame n'est pas droite et les contours sont approximatifs bref, ce duel est un concentré de bonheur. Bonheur transcendé par l'explosion de Malsam, qui s'évapore dans un jet de flammes et d'étincelles de manière inexplicable quand Rex le pourfend. L'humanité est sauvée, Rex peut quitter sa chérie et partir au grand galop vers de nouvelles aventures. Là encore nous aurons droit à cette dernière incohérence pour la route, Rex n'ira certainement pas très loin à cheval vu qu'il est censé être sur une île.
Merde alors, toi aussi t'en as un ??
Ce film est franchement fauché de chez fauché. Il brise les codes du post-nuke tout en le réinventant de manière à le faire sombrer dans les abîmes du cinéma. Scénario simplissime, acteurs pas concernés et décors à la va-vite et pourtant tout cela donne un feu d'artifice visuel mettant le spectateur en transe. Un vide intersidéral se plante devant nos yeux et pourtant on ne décroche pas. On regarde ça d'une béatitude heureuse en se souvenant de ces batailles endiablées gagnées au péril de sa vie sur le terrain vague local, armé de notre bonne vieille mitraillette en bois de chêne véritable. On pourrait simplement regretter l'absence de version française. Un bon doublage bien sabordé par des doubleurs sous stupéfiants et c'eût été le nirvana.
Bon sang, X'Or Studio !! Tout s'explique !
Note : 4/5
Rareté :
4 Exotique
Il semblerait bien que la perfide Albion garde le monopole de ce film. Seule une cassette et un dividi zone 0 de chez 23rd Century subsiste encore de nos jours. Allez, un peu de courage, le bonheur n'est qu'à 3 heures d'Eurostar !
Il existe également chez nos amis espagnols de l'autre coté des Pyrénées en VHS.
Une VHS néerlandaise (merci a djponey)
Attention, une VHS française intitulée Mad Warrior existe mais contient un tout autre film, indonésien celui là, appelé Membakar Matahari (le Feu de la Vengeance en français d'après notre estimable confrère Mandraker)
BONUS
Un bisou à contre jour éblouissant
Les méchants affûtant leurs haches nanardes pour le raid
Un petit concours de ridicule
Et Tanya dans tout ça ?
Une décapitation de casque
Un étendard foutu un peu n'importe comment
Heil Malsam !!!!