Power Elite
Réalisateur : Caribou Seto (Cine Excel)
Année : 2002
Avec : Olivier Gruner, Damian Foster, Mel Novak
Genre : Nanar Elite (catégorie pur et dur)
Formant le fer de lance de l'invasion de la France par Cine Excel (France qui, il faut bien le dire, ne demande que ça) grâce à leur star bien de chez nous,
Power Elite et
SWAT : Warhead One (S : WO) représentent les deux faces d'une même pièce. Bien qu'ils puissent tout à fait s'apprécier indépendamment, on ne peut saisir toute la nanardise de l'un sans avoir vu l'autre. Réalisés par le même homme, avec les même acteurs et visiblement au même moment (mais sortis avec trois ans d'écart), ce sont deux films jumeaux qui se complètent mutuellement. Dans le premier cas, nous avions une bombe nucléaire volée par des terroristes, dans Power Elite il s'agit d'une arme chimique et à chaque fois, ça se passe sous le nez d'Olivier Gruner. La principale différence finalement, c'est que si le titre de
SWAT se justifiait, celui de
Power Elite ne correspond résolument à rien.


Olivier Gruner, Damian Foster et Mel Novak
Notre héros cette fois est le capitaine Trenton, pilote de chasse dans la Navy et membre de l'équipe des "Blue Angels", la formation de voltige de l'aéronavale américaine. Après un accident au cours d'une démonstration, rendu extrêmement confus par le mélange d'images de synthèse "made in Cine Excel" et de stockshots dépareillés de vraies démonstrations des "Blue Angels", Trenton quitte l'armée et devient vigile dans un laboratoire. Comme par hasard, ce labo fabrique des armes chimiques "à des fins d'études" et l'une d'entre elles sera volée sans qu'il ne puisse l'empêcher. Parallèlement, le président Jonathan Caine (Mel Novak), ancien chef de Trenton dans les Blue Angels, doit bientôt signer un traité interdisant les armes chimiques. Les terroristes qui ont volé l'arme, vous vous en doutez, ont d'autres projets et s'empressent de le kidnapper... Elément notable, bien que sorti en 2002 il s'agit d'un film pré-11 Septembre et les terroristes en question ne sont pas des islamistes mais bien des Américains d'extrême droite aux mobiles d'ailleurs assez obscurs.

Des stockshots des vrais Blue Angels...

...Et les images de synthèse de Cine Excel. C'est encore plus pitoyable en mouvement.
Trenton est bien sûr incarné par Olivier Gruner. Ancien des commandos de marine, ancien champion du monde de kickboxing, il est extrêmement bien conservé à 45 ans. Pas un grand acteur, il n'est jamais ridicule non plus et s'en tire plutôt honorablement ici. Il a surtout l'air complètement démotivé par les personnages interchangeables d'un film à l'autre qu'on lui fait jouer et les budgets faméliques de Cine Excel. Il faut quand même une sacrée force de caractère pour arriver à garder son sérieux quand on fait le clown dans un jardin public censé représenter les profondes forêts d'Amérique. Les fusillades poussives ne suffisent pas à le réveiller et il n'a l'air dans son élément que dans les scènes de combat à mains nues.

Parterres soigneusement alignés, bordures bien délimitées... Pas de doute, nous sommes bien dans le jardin du producteur !
Mel Novak ayant pour une fois décidé de la jouer sobre, c'est Damian Foster qui est désigné pour incarner le joker nanar du film, le personnage de Taylor Malone. Ex-meilleur ami de Trenton devenu garde du corps du président, surnommé "La Fouine" par moi en raison de sa moustache, c'est une sorte de Gaston Lagaffe du contre-terrorisme qui n'aurait pas conscience de sa propre maladresse. En permanence raillé et méprisé par ses camarades, on s'attendrait à ce qu'il prouve sa valeur et gagne leur respect par un acte de bravoure particulièrement audacieux, mais en fait non. Pendant tout le film il reste un loser, et rien n'explique le changement d'attitude des autres envers lui qui finit tout de même par s'opérer.


Festival La Fouine !
Le Sbire derrière Olivier Gruner nous offre une séance d'Actor's Studio inoubliable.
Sorti trois ans avant,
Power Elite n'atteint pas le niveau de son petit frère
S : WO mais reste tout de même un divertissement nanar tout à fait appréciable avec quelques moments forts. Les effets spéciaux tout d'abord sont largement aussi ratés, quoique moins employés ici et on en retiendra surtout une incroyable scène de saut à l'élastique où, pour la première fois, Cine Excel expérimente le mannequin en mousse numérique qui sera repris dans
SWAT.
Power Elite nous offre également une fantastique fusillade entre trois acteurs filmés en gros plans et des stockshots de terroristes. Croyez-le ou non, ce sont les stockshots qui gagnent, mais pour paraphraser
Alien vs Predator, "Whoever wins, we laugh". Un mot sur les bruitages qui, pour une fois, participent pleinement à la nanardise. Je suis absolument certain d'en avoir déjà entendu la plupart dans des jeux vidéos, notamment "Street Fighter 2". Les grognement des sbires qui s'effondrent après avoir été frappés sont tout particulièrement drôles.

Quelques échantillons d'effets spéciaux "Cine Excel style"

Deux sbires à l'air particulièrement fins
Un garde du corps du même niveau.
Pour tenter de masquer la pauvreté des décors, le film recourt à nouveau aux stockshots mais la pingrerie de Cine Excel dans ce domaine est telle que ce replâtrage fait finalement empirer les choses. Quand on passe d'images riantes des torrents et de la nature indomptée du Wyoming à un plan sur deux terroristes cagoulés dans un terrain vague, le choc est rude... On aura quand même le plaisir de retrouver quelques lieux déjà utilisés dans
S : WO.
"Bon, les gars, y en a marre des décors pourris, cette fois je veux de grandiose, du monumental, du spectaculaire, je veux... Le Golden Gate Bridge !"
Une corde rouge et un casque de chantier : l'illusion est parfaite !
L'interaction entre les deux films ne s'arrête d'ailleurs pas là, puisque outre quelques tics de réalisation, ils partagent carrément des plans entiers (il y a même un bout de Future War à un moment !). Au passage ma théorie sur l'ajout
a posteriori de la bombe atomique dans l'intrigue de
SWAT se trouve confirmée par des images de ce dernier film remises dans leur vrai contexte de
Power Elite.
"Vous me reconnaissez ? C'est moi, l'escalier de SWAT : Warhead One !
Cocorico ! Un stockshot de TGV maladroitement photoshopé !
En conclusion,
Power Elite constitue un spectacle moins régulier et moins intense que
SWAT : Warhead One mais demeure néanmoins un nanar qui mérite votre intérêt. Sorte de brouillon pas encore abouti de ce qui deviendra, dans mon coeur au moins, un des meilleurs nanars du monde, il en retire un charme certain, un peu comme l'oeuvre de jeunesse d'un grand écrivain dans laquelle on discerne déjà un grand potentiel pas encore éclos.
Olivier Gruner montre qui est le patron, sous le regard narquois de La Fouine
Les terroristes ont la manie bizarre d'armer leurs MP5 comme des fusils à pompe, avec le bruitage adéquat.
La vue "à travers un oscilloscope", ils nous l'avaient encore pas faite...
Note : 3,5/5
Cadeau pour toi lecteur, un GIF animé d'Olivier Gruner !