Edit folet La Résurrection du dragon - The Dragon lives again - Li san jiao wei zhen di yu men -@- (
MrKlaus)
La Resurrection du dragon
(Aka « The Dragon lives again/ Li san jiao wei zhen di yu men)
Année: 1979
Genre: Bouffonerie Cantonnaise
Categorie: Pur et dur
Réalisateur : Leong Fui Fong ou Lo Ke ou Godfrey Ho.
Avec : Bruce Leong , Shin Il Lung , Tong Ching , Alexander Grand, Jenny.
La résurrection du dragon fait figure d’objet culte parmi la dizaine de personnes qui en a entendu parler, et les trois, quatre pauvres gars qui l’ont vu ne démentent pas sa sulfureuse réputation. Souvent cité par Christophe Lemaire, « La Résurrection du dragon » est le genre de film dont on peut parler a une soirée mondaine et être sur que vos amis vous regarderont avec des yeux ronds (dans 90% des cas vous n’aurez plus d’amis ensuite) :
-Dites les gars, vous savez qu’il y a un film où Bruce Lee est au paradis et où il combat James Bond, Dracula et l’exorciste ?
-Mo ha ha ! Qu’il est con ! Et pourquoi pas Bruce Lee contre Superman pendant que t’y es !
-Mais ça existe aussi vous savez.
-Heu… Oui… Bon… Il se fait tard, on va pas tarder nous…
Malheureusement, ce film (si on peut appeler ça comme ça) se fait relativement rare de nos jours, et le seul moyen de le voir est de visionner la cassette éditée jadis par « Cocktail video ». Je dois avouer que si je n’avais pas absolument eu envie de voir le film, je n’aurais jamais osé visionner la vhs jusqu’au bout. Car elle est recadrée à la limite du supportable (ceci afin de cacher que le film est en français sous titré français ! Mais ça ne sert à rien, vu qu’on voit quand même les sous-titrages.).
Le film démarre fort, puisque dès le pré-générique un voix off nous avertit : « Ce film est dédié au millions de téléspectateur qui aimaient Bruce Lee !». Je ne sais pas si les fans du petit dragon ont apprécié la blague mais en tout cas, il n’étaient sûrement pas des millions à voir le film.
Avant toute chose, reste à savoir si « La Résurrection du dragon » n’a pas usurpé sa réputation, ce à quoi je répondrais : Heu… Bah… Oui… Mais non.
Bruce Lee, si, si c’est lui !
Car même si l’on s’attend à un film avec Bruce Lee qui combat les stars les plus improbables du grand écran et qu’on l’a, le scénario est tellement bandant qu’il ne peut que décevoir à l’arrivée. De plus, le film se révèle parfois plutôt longuet : mais bordel, on s’en fout, je vais pas chipoter ! Le film vaut le coup, et à su déclencher en moi de nombreux fous rires.
Le petit dragon est interprété par un certain Bruce Leong, qui a la particularité de ne pas du tout ressembler à son modèle (on se rattrape au début du film en nous disant que quand les gens meurent, ils changent de visages, ce qui explique tout….). Le problème, c’est qu’après le générique, on a la fâcheuse impression d’avoir vu tout le film. En effet, Bruce affronte les trois quarts de ses adversaires derrière un fond rouge du plus bel effet pendant que les crédits défilent. Top classe !
Bruce face à Zato Ichi et au parrain
Mais bon revenons à l’histoire Bruce Lee est mort (ah bon ?), et se retrouvé au paradis, dirigé par un roi mongoloïde et obsédé sexuel qui expédie notre petit dragon dans les recoins les plus mal fréquentés de son royaume. Ainsi il se heurtera à Zato Ichi (mais oui le masseur aveugle, ressuscité récemment par Takeshi Kitano) ainsi que James Bond et Trinita qui dirigent le secteur et voient d’un très mauvais œil l’arrivée de ce nouveau venu qui contrecarre leurs projets. En effet avec l’aide du parrain et de l’exorciste ils veulent renverser le roi et prendre le pouvoir (bouh ! Les vilains). Aidé de Popeye, Kaine (mais oui le héros de la serie « Kung-Fu ») et de Wang Yu le sabreur manchot, ils vont aller leurs péter la tronche.
Le plus étonnant dans le film ce sont les gags pachydermiques qui pimentent l'action, des gags dont même Phillipe Clair chierait dans son froc de honte. C’est le fond du panier de l’humour graveleux cantonnais (déjà que le haut n’est pas très reluisant il faut bien le dire) ainsi ont peut voir le roi courir tout le long du film après ses courtisanes et faire l’amour à Emmanuelle pendant que son secrétaire compte avec l’aide de sa calculette, les cris de jouissance de son maître. Du grand art ! Le plus fort étant quand on ne comprends pas les blagues, j’en veux pour preuve la scène de la baston avec Dracula (un acteur grossièrement maquillé avec des dents en plastiques, qui rendrait jaloux Al Adamson) où notre héros les mains et les pieds ligotés, s’apprête à se faire vampiriser par le prince des ténèbres, mais réussit quand même à foutre un coup à son adversaire à notre grande stupeur tandis qu’une voix off nous dit avec le plus grand sérieux du monde « C’était la troisième jambe de Bruce Lee »
Le morpion vert
L’interprétation est, comme on peut s’en douter, désastreuse, mais peut-on en vouloir aux pauvres acteurs quand, sur le tournage, le réalisateur est en état d’ébriété, le scénariste a l’âge mental d’un gosse de 3 ans et le chorégraphe des scènes de bastons est parti en vacances ? Petite curiosité : Popeye est interprété par le comédien-réalisateur Eric Tsang, qu’on a pu voir récemment dans l’excellent « Infernal Affairs».
D’ailleurs, parlons-en des bagarres : ultra-répétitives, elles se déroulent presque toujours dans une clairière désaffectée (ceci afin de ne pas détruire les décors en cartons qui serviront sans doute ensuite pour un autre film). La musique recycle un peu tout : Le parrain, James Bond, Et pour quelques dollars de plus (logique)… Je crois même avoir reconnu l’intro de la chanson de Carl Douglas "Kung-Fu fighting".
Bientot cette photo sera presentée à une expo sur les oeuvres suréalistes
Le spectateur ne peut que rester médusé devant un tel étalage de bêtise crasse qui remet en cause les fondements même du cinéma. Il faut voir Bruce Lee (que les sous titres français nomment Bruce Li !) taper sur de pauvres figurant grossièrement grimés en squelettes, il faut voir Popeye se battre avec une dizaine de momies fait avec du papier toilette. Qui a osé faire ça ? Et dans quel but ? La revue HK magazine crédite à la réalisation du film un certain Godfrey Ho (ce qui ne serait pas improbable connaissant la filmo du môssieur.). Mais en tout cas, une chose est sure, on n’oserait plus commettre cela de nos jours.
Quoique...Avec ses gags mamouthesques, sa VF calamiteuse et ses combats ridicules La Résurrection du dragon est une véritable leçon de mauvais goût, mais, après maintes réflexions, on se dit que quand même, c’est plutôt soft comparé aux productions Besson.
MrKlaus: 3