Ma seconde chronique en ces lieux (après la radiation de "La résurrection de Bruce Lee", déjà chroniquée par Mr Klaus malheureusement, maiiiseuh..).
Shaolin Dolemite
aka : Ninja Final Duel 2
réalisateur : Robert Tai
année de réalisation 1986
année de sortie : 1999
Pays : Taïwan
Genre : Baston Ninja Versus Shaolin + Wu Tang Versus gweilos
durée : 110 minutes
Acteurs : Alexander Lou, Eugène Thomas, Silvio Azzolini, Robert Tai, Toby Russell, John Ladalski, Alice Tseng, Rudy Ray Moore
Dans le monde du kung fu indépendant taïwanais, Robert Tai est sans doute l'un des plus remarquable et remarqué, non pas qu'il soit ne serait-ce que bon, à l'image d'un Joseph Kuo, ou même irremédiablement nanaresque à l'image de Godfrey Ho, mais plutôt par un subtil mélange des deux, fait de folie rare et précieuse et d'un jemenfoutisme total relevé de mégalomanie prononcée. En effet, le monsieur a travaillé pour Chang Cheh, sur des classiques martiaux de la Shaw Brothers et il en est fier, le bougre! Du coup, il fustige dès qu'il peut le travail des grands (qui eux, ont réussi) comme Yuen Woo Ping, Ching Siu Tung ou même son "rival" de l'époque Shaw, le grand Liu Chia Liang, clamant que si on le laissait faire, il leur botterait les fesses vite fait, mais qu'il ne peut montrer sa grandeur à la face du monde parce qu'il n'a pas une thune, tout ça à cause des producteurs qui sont de gros méchants qui ne comprennent rien. Bref, Robert Tai, c'est le jemenfoutisme de Godfrey Ho, la mégalo de Jimmy Wang Yu, mélangés à une grosse dose d'expérience du cinéma martial old school tout de même, et une personnalité si forte que même au fond de la fange nanarde, il est toujours persuadé d'être le meilleur.
Un décor du meilleur goût
"Come on East Asshole, West gonna kick your ass" <- Dialogue repris tel quel
Un Alexander toujours aussi brillant
Des ninjas qui volent très très haut.
Une scène érotique d'une intensité rare
Après son fleuron bien connu des amateurs nommé "Ninja the Final Duel" qui durait à l'origine 13 heures (!) finalement commercialisé en 3 vhs de 1h30 chacune, Robert Tai, fier de son bébé (son meilleur film, selon lui) réalise, toujours en 1986, une suite intelligemment titré "Ninja the Final Duel 2". Mais aucun distributeur ne semble intéréssé par la bête. Ce n'est qu'en 1999 que son ami l'acteur-producteur-artiste martial Toby Russell va manigancer une sortie dvd américaine de la chose flairant un potentiel. Mais pour ce faire, un mélange intéressant et hétéroclite va avoir lieu. On fait appel à un vieux rabougri des séries z américaines, Rudy Ray Moore connu pour être la vedette la plus ringarde de la "blaxploitation" grâce à la série 70s des "Dolemite". Le vieux Rudy vient joyeusement cachetonner au milieu de ce foutoir de ninjas et de shaolins, et le film est rebaptisé "Shaolin Dolemite", en l'honneur de son personnage habituel de sous-sous-Shaft . Pour exploiter pleinement la chose, il faut aussi redoubler le film. Une équipe US spécialement défoncée à la bière et aux saucisses est longuement préparée à cette effet.
Un nouveau concurrent dans la catégorie joueur de pipeau

Une ninja violette tenace, très tenace.

John Ladalski et Toby Russell, des gweilos acteurs nés
Un maître en drunken style époustouflant de densité
Là où Final Duel proposait déjà un bon gros lot de baston furieusement nawak, Dolemite pousse le bouchon bien plus loin puisque pas moins de 95 minutes des 110 au total ne sont que de la baston ou de l'action à la mode Robert Tai, c'est-à-dire absolument n'importe quoi, avec pourtant de bon gros athlètes dont le fameux élève de Robert, le bestial et réjouissant Alexander "Mr pouce sur le nez bis" Lou.
Dolemite, c'est donc "Ninja the Final Duel" avec deux fois plus de tout, deux fois plus de combattants colorés, deux fois plus de câbles, deux fois plus de mannequins en mousse, deux fois plus de techniques étonnantes, deux fois plus de transpercements de thorax, deux fois plus de coups de seins, deux fois plus d'explosions, bref, c'est Final duel 2.
Inutile de s'attarder sur le scénario, il n'y en a pas. Les ninjas ne sont pas contents et veulent réduire à néant les trop gentils Shaolin. Vu qu'ils se sont faits latter dans Final duel (qui devait pourtant être "final"), ils vont faire appel à un sorcier Vaudou californien dénommé "Tupac" spécialiste en nombreuses techniques obscures, dont la plus extrême se résume à réincarner les esprits de guerriers morts au combat dans des légumes, de les raser puis de les recouvrir d'une épaisse couche d'or et d'argent, le tout par la pensée, et finalement de les transformer en terrifiants zombies cannibales, le tout renforcé par une cloche sacrée du clan Wu Tang que le sorcier a dérobé et dont il use à gorge déployée afin de faire saigner les oreilles de la vingtaine de combattants qui sévit à l'écran.

Une interprétation poignante de Davy Crockett par le bon vieux Silvio Azzolini
Un banc de légumes pour accueillir des esprits morts affutés

Eugène à fond...
... Pour un magnifique résultat, un duo de zombies cannibales or et argent.
Donc... à peine démarré, l'ancien DJ californiens Eugène "Dennis Rodman lookaLike" Thomas, véritablement déchaîné, (à l'inverse de Final Duel où il jouait un moine noir impassible) commence à faire gicler les rires sarcastiques et le sang sur le sol, sonnant le début d'un non-stop qui va se révéler particulièrement épuisant, même pour le plus endurci des acharnés de fights sans queue ni tête. Avec ou contre lui, on découvre ou redécouvre une clique féroce et disparate comprenant : Davy Crockett équipé d'une épée en plastique (le tripesque Silvio Azzolini déjà vu en shaolin californien dans "Final Duel" et en croupier lanceur de couteaux dans Mafia Vs Ninja"), le récurrent chef japonais à la moustache IIIème Reich affublé d'une voix de castrat pour faire bon ton, l'indispensable Nain teigneux en short, le génial Alan Lee, chef des ninjas qui lui aussi fait le concours du ricanement le plus ultime, la ninja violette spécialiste du coups de sein dans la figure, les frères Shabazz, plus clairement shaolins New Yorkais, duo de gweilos bien connu des afficionados qui n'arrêtent pas de se chambrer méchamment avec le sorcier Eugène Thomas, ninjas félin, chef Wu Tang, ses élèves et sa fille, magicienne guérisseuse candide, zombies cannnibales d'or et d'argent donc, troupe shaolin, Maître blanc, Robert en personne, shaolins japonais et j'en passe, avec au milieu, par brefs instants, des inserts d'un Rudy Ray Moore clairement d'équerre qui ne sort que des "Bad Moth.. Fock.." admirant le spectaclede scènes tournées plus de 10 ans auparavant, accompagné par un de ses anciens acolytes, un black ventripotent sur le retour qui nous fait une démo de drunken style bluffante de réalisme.
Alan Lee le nain teigneux, toujours la classe ultime
Une belle brochette prête à en découdre pour la dixième fois du film
Alexander dans sa position préférée

Eugène joue avec les tripes de ses adversaires
Entre les explosions, les possessions, les mannequins en surnombre, les câbles qui les font voler, eux mais aussi les autres et même un bout de tissu ou une taie d'oreiller, les, moins nombreuses mais tout de même, techniques ninjas reprises de Final duel (les ninjas cachés sous terre qui se déplacent à grande vitesse avec leur pelles de l'armée américaine, etc), une présentation proprement indescriptible de la ninja violette, les hypnoses kaléïdoscopiques, les insultes de l'équipe de doublage qui s'en donne à coeur joie, le montage incompréhensible de Robert Tai, les acteurs ultra-caricaturaux, la bande son typiquement pompée actioner US, et finalement le rythme, je le répète, proche du non stop intégral, effréné et même véritablement éprouvant, ce Shaolin Dolemite se pause simplement au sommet du menfoutisme à la Robert Tai, constellé malgré tout d'idées sublimes tant aucun taïwanais, aussi fou soit-il, n'a jamais pensé à les pondre avant, et même après.
Bref, un indispensable.
Et pour finir, Rudy qui sourit pour la photo
Désolé pour les mannequins en mousse, l'apparition de la ninja violette, la technique des Shabbazz, et tout ce que j'ai oublié de montrer. L'entreprise est humainement impossible.
Cote de rareté : 4/Exotique
Disponible uniquement sur hkflix en dvd Version Anglaise.
Note : objective, 4 subjective, 5.
Merci Bob !
SCHÉMA POUR MIEUX COMPRENDRE LE FOUTOIR NINJA FINAL DUEL :
