LA GUERRE DES ROBOTS
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(La Guerra dei robot / War of the robots / Reactor / Stratostar / Cosmos Invasion)
George Lucas est un gros feignant. Là où le barbu californien mettait deux ans entre chaque « Star Wars » (et seize ans entre les deux trilogies !), Alfonso Brescia, illustre auteur de « Supermen contre amazones », nous cuisinait cinq films en deux ans ! Qu’est-ce que vous dites de ça, hein ? Ha mais ! Si ça ne nous prouve pas la compétence des artisans du cinéma bis européen face aux pachydermes hollywoodiens. Entre 1977 et 1978, le bon Brescia, sitôt la monde starwarsienne lancée, mitonna successivement dans les arrières-cours les plus malfamées de Cinecittà «Cosmo 2000 : battaglie negli spazi stellari » (inédit en France), « La Bataille des étoiles » (avec des stock-shots du précédent), « La Guerre des robots », « Star Odyssey » et enfin le curieux « La Bestia nello spazio » (également inédit chez nous) qui mélangeait érotisme et S-F dans un surprenant décalque de « La Bête » de Walerian Borowczyk. Le tout filmé avec beaucoup de décors, d’acteurs, de maquillages et d’effets spéciaux en commun, tous les films ayant été réalisés à la suite, sinon en même temps.
Un générique farci de pseudos bidons (même les décorateurs !)
Une belle preuve de stakhanovisme de la part de notre ami Alfonso Brescia, dit Al Bradley, dit Al Bradly. Et pour ce qui est de la qualité des films ? Heuuuuu….disons que c’est avant tout de l’artisanat, voyez-vous ? Non, appelons un chat un chat et Alfonso un mauvais : c’est absolument exécrable. Si le premier « Star Wars » a pris un léger coup de vieux tout en conservant son charme, que dire d’un travail de tâcheron servilement dérivatif, qui était déjà totalement ringard à l’époque de sa sortie ? « La Guerre des robots » a pris plus qu’un coup de vieux : c’est un véritable dessèchement à la vitesse grand V qui a frappé ce nanar italien, au point de lui donner une allure véritablement surréaliste. C’est un festival de décors branlants, d’effets spéciaux à l’extrême limite de l’artisanat, de costumes indignes d’un sketch comique parodiant « Star Trek ».
A chaque image, le film semble sur le point de s’écrouler en poussière, le ridicule intrinsèque de l’entreprise contaminant chaque mètre carré de pellicule. Cela en devient fascinant et admirable, au point que l’on en arrive à admirer les auteurs pour avoir réussi à monter un film avec un début, un milieu et une fin.
Dans le futur, l’humanité aura un goût de chiottes en matière de déco !
L’histoire réussit l’exploit d’être à la fois simpliste et tellement mal racontée que la narration en devient incompréhensible. Un illustre savant (joué par Jacques Herlin, excellent vétéran français du second rôle vu dans plus de 150 films, de « Jeanne d’Arc » à « La Guerre du fer ».) est kidnappé par une obscure organisation spatiale composée d’étranges androïdes dont la principale caractéristique est de porter, outre des uniformes à paillettes, des perruques « Mireille Darc style » qui semblent avoir été volées au méchant de « Ninja Terminator ».
Malisa Longo et Jacques Herlin.
Attack of the perruques blondes from Outer space.
Antonio Sabato, le héros.
Une mission est envoyée pour retrouver le savant et découvrir les plans des méchants. Ce postulat de départ va donner lieu à une série d’escarmouches sur une série de planètes ressemblant toutes étrangement à des carrières abandonnées. De surimpressions dégueulasses censées figurer des voyages spatiaux en bastons débiles avec des mutants mal maquillés, nos héros parviendront-ils à faire triompher la justice et le bon droit ?
Stock-shot de navette.
Incroyable ! L’espace intersidéral est tout bleu !
Ce qu’il y a de bien avec un film comme « La Guerre des robots », c’est que le ridicule y est d’une constance forçant le respect. Là où Alfonso Brescia, dans « Supermen contre amazones », réussissait à créer un univers faisant vaguement illusion (avec beaucoup d’indulgence), il se vautre ici dans un grotesque total, par incapacité tant financière qu’artistique à restituer un monde de space-opéra à peu près crédible. On a parfois l’impression étrange de visionner un film réalisé par une bande de copains déconneurs qui se seraient dit, un soir de bonne murge au chianti, que ce serait marrant de réaliser un film de S-F.
Oh le fourbe, il a volé le scaphandre de Caroline Munro sur le tournage de « Starcrash » !
Un festival de tronches de cake.
Venantino Venantini, vu dans « Le Corniaud », mais aussi « Le Führer en folie » et « Les Aventures d’Hercule ». Il est crédité au générique sous le nom de « Vernon Vernons » !
Notons également, et sans vouloir trop en révéler, une remarquable confusion quant aux motivations des personnages, qui rend l’action particulièrement difficile à suivre : ce n’est qu’une succession de trahisons, de retournements de situation, de double et de triple jeu, seules les usurpations d’identité à base de masques en caoutchouc manquant à l’appel. Faute d’une vision à peu près claire des personnages, la narration se fait particulièrement chaotique, plusieurs visionnages pouvant s’avérer nécessaire pour comprendre qui a trahi qui. A moins que l’esthétisme bigarré du film n’ait endommagé de façon permanente mes cellules grises déjà bien abîmées.
Festival de kitsch frôlant parfois l’abomination par excès de mauvais goût. « La Guerre des robots » tient miraculeusement le rythme jusqu’à la bataille finale, qui plombe malheureusement la fin du film en durant encore plus longtemps que celle de « Starcrash » : après « Les Amazones font l’amour et la guerre » et « Supermen contre amazones », Alfonso Brescia confirme hélas une fois de plus son goût pour les batailles finales interminables. On se consolera en admirant des surimpressions magnifiquement ratées qui semblent toutes droits sorties de « Turkish Star Wars ».
Croulant sous le n’importe quoi du début à la fin, piquant tout ce qui peut être piqué dans le domaine de la science-fiction, « La Guerre des robots » est un nanar des plus agréables, à qui l’on pardonnera ses quelques baisses de rythme grâce à ses pointes de délire puissamment ridicules. Rétrospectivement, je dois dire que je m’en veux d’avoir brocardé « Starcrash ». C’était un bon film, après tout…Et puis les soucoupes volantes de « Plan 9 from outer space » étaient plutôt crédibles, aussi…Bon allez, je vais me coucher, je suis fatigué !
LA GUERRE DES ROBOTS
Pays : Italie
Année : 1978
Réalisateur : Al Bradly (Alfonso Brescia)
Durée : 1h39
Genre : Polenta galactique
Catégorie : S-F ringarde
Avec : Antonio Sabato, Malisa Longo, Yanti Sommer, Jacques Herlin
Nikita : 3
Cote de rareté : 3/rare
Les américains de Ventura ont réédité le film sur un DVD qui comporte également « War of the planets », alias «Cosmo 2000 : battaglie negli spazi stellari ». En attendant de mettre la main sur cette alléchante galette, on peut tenter de mettre la main sur les antiques éditions VHS françaises de "Dynasty films" ou "Horizon Home Video" : attention, celle d'Horizon propose le film sous le titre fantaisiste de « Cosmos Invasion », avec des illustrations sans rapport avec le contenu (et semble-t-il tirées du packaging d’un jeu vidéo. Ben tiens !)