Suite au re-visionnage du film, voilà une contre-chronique de ma propre notule "On s'est fait avoir". Pourquoi ai-je boudé ce film qui avait tout pour me plaire ? Peut-être la fatigue au moment du premier visionnement. Toutes mes excuses à John Nada qui avait mis en ligne ma notule.
-_-
TOP GUN SACRIFICETitre original : Warbirds
Titres alternatifs : Top Gun Sacrifice / Les gradés de Top Gun
Réalisateur : Ulli Lommel
Année : 1989
Pays : Etats-Unis
Genre : Le Mur du con (
Catégorie : Guerre)
Durée : 1h28
Acteurs principaux : Jim Eldert, Cully Holland, Timothy Hicks
Vous avez kiffé
Top Gun Maverick ? Vous en voulez encore ? Pas de souci, Nanarland a pensé à vous ! Zieutez un peu ça :
C'est-y pas beau, hein ? Cette jaquette opportuniste avec son visuel où on jurerait presque reconnaitre Tom Cruise, et son titre top moumoute où l'éditeur nous lâche un gros
"TOP GUN" géant et nous case à contrecœur un tout petit encart
"sacrifice" (d'ailleurs, pourquoi sacrifice ?!), c'est de la belle ouvrage de margoulins voulant tromper le chaland trois petites années après le carton du premier
Top Gun, en cherchant indument à se faire passer pour le chef-d'œuvre de Tony Scott. Bon, les noms des acteurs totalement inconnus au bataillon mettront la puce à l'oreille de l'acheteur un minimum attentif, mais le distributeur a quand même dû grapiller quelques miettes auprès des consommateurs les plus distraits.
"It separates the men from the boys"…A l'intérieur, nous avons un sympathique petit nanar de type ultra-
reaganien, un nanar mineur cela dit, mais avec de magnifiques envolées de connerie qui le font régulièrement décoller vers la nanarosphère. Le titre original est
Warbirds mais ce téléfilm est bien une resucée cheap de
Top Gun. L'autre titre français,
Les gradés de Top Gun, se justifie même vaguement car les héros sont censés être d'anciens diplômés de l'école Top Gun. D'après le dialogue, ils sont même
"le top de Top Gun", "des pilotes au top niveau", bref, on nous case le mot "top" à toutes les sauces, même si le film est loin de l'être.
Le colonel à cigare : "Le Moyen-Orient, c'est pas un endroit pour les lopettes !""A force de rester assis sur leur chaise toute la journée, les bureaucrates de Washington ont le cerveau qui leur descend dans l'cul !" (autre belle réflexion du colonel)
Des acteurs charismatiques et talentueux.La mise en scène est assurée par Ulli Lommel, un cinéaste allemand, auteur en 1973 du très réussi
La Tendresse des Loups, collaborateur régulier de Rainer Werner Fassbinder, à l'époque expatrié dans les arrière-cours de Poverty Row et qui produisit avec sa femme Susanna Love tout un tas de séries B fauchés. Le couple connut un certain succès en 1980 avec le sympathique film d'horreur
Spectre alias
The Boogeyman, et usina ensuite des titres comme
Overkill (un sous-sous-Black Rain sur un superflic moustachu seul contre tous qui doit repousser une invasion de Yakusas pas d'chez nous) ou
A la poursuite de la pierre sacrée (un sous-sous-Indiana Jones dans lequel Klaus Kinski vient cabotiner cinq minutes en attendant son chèque). On retrouve ici sa réalisation plate et mal branlée, ses musiques réutilisées d'un film à l'autre, son amour du stock-shot et l'esthétique très fauchée de ses productions habituelles, rehaussés par un scénario profondément idiot bourré ras le cockpit de clichés et par une idéologie caricaturale sombrant dans la parodie involontaire.
USA ! USA ! USA !
USA !!! USA !!! USA !!!L'histoire : les Faucons du Pentagone volent au secours du Cheik d'El Alaheim (un pays/carte postale du Moyen-Orient façon
Tintin au pays de l'or noir mais en moins réaliste), allié des USA donc forcément un souverain juste et éclairé (il ne fait pendre et torturer que des méchants), dont le royaume est menacé par de très vilains révolutionnaires communistes rigolant en brandissant un drapeau rouge le couteau entre les dents. Mais le bras droit/homme de confiance du Cheik, arborant un panneau lumineux
"Je suis un traitre" au dessus de la tête, se révèle être un traitre (qui l'eut crû ?) et les pilotes américains tombent dans un traquenard. Le
sidekick du héros, qui allait se marier, avoir un enfant et avait dit au héros
"Si ça tourne mal, promets-moi de t'occuper de ma femme." juste avant de partir en mission, se fait tuer en agissant inexplicablement comme un gros con suicidaire en mode
"Je dois mourir, c'est dans le script". En plus, un des pilotes américains et la fille du Cheik ont été pris en otages par les cocos. Alors, après quelques flashbacks post-traumatiques de la mort du sidekick, le héros et les autres cowboys s'en vont tout faire péter chez les vilains
"bronzés" en lançant des punchlines de gosses sur fond de hard-rock. Et à la fin, la bannière étoilée triomphe une fois de plus.
Le Cheik Ali (Javad Pishvaie), sosie du colonel Kadhafi, ce qui, pour un allié des Etats-Unis, est assez bizarre.
Attention, Votre Majesté, Iznogoud est planqué derrière vous !
C'est bon, j'ai l'air assez louche comme ça ?
Billy Hawkins (Jim Eldert), notre héros en majesté.
Son sidekick Jim Harris (Timothy Hicks), qui a la tête de quelqu'un voué à ne jamais connaître la fin du film.
"Nooonnn ! Pourquoi ?! A deux jours de la retraite !… Ah, heu, pardon, je me suis trompée de cliché… Hum-hum, je reprends… Nooonnn ! Pourquoi ?! A deux jours de notre mariage !"
Vince Costello (Cully Holland), le boute-en-train queutard de service.
"Couscous, merguez, pitites danseuses ! Héhéhéhé !" (réplique authentique)Top Gun Sacrifice, ce sont des valeurs qui peuvent sembler contradictoires à un observateur étranger mais qui vont pleinement de soi dans l'Amérique de Reagan et Bush senior. Nos héros WASP, sympathiquement bas du front, sont autant motivés par un amour immodéré de la patrie que par un amour immodéré du dollar, conjuguant l'altruisme le plus pur avec l'appât du gain le plus vénal (patriote + capitaliste = citoyen américain modèle). Sauf bien sûr à la fin, quand la mission devient
"personnelle" et qu'il s'agit de casser du rouge
"même gratis" pour venger le sidekick. En VO, les acteurs sont mauvais comme des cochons, ce que le doublage français, assuré par des pointures, atténue un peu. Les communistes quant à eux sont tout droit sortis d'un pastiche comme
Hot shots! ou
Y a-t-il un flic pour sauver la reine ?. Ils sont très très méchants, ils sont très très cabotins et surtout ils sont très très cons. Chacune de leurs apparitions est un moment de grande rigolade. Leur chef les harangue en leur disant
"Nous allons donner une bonne leçon au Grand Satan, camarades ! La révolution exécutera tous les coupables ! Mouahaha !" et la foule de sbires crasseux en liesse de gueuler
"Ouééééééééééé ! Vive la révolution !" en agitant leurs sabres et leurs drapeaux rouges, et en torturant les gentils avec des rictus et des rires sardoniques de méchants de cartoon.
Traitre, lâche et communiste… Il suinte la méchanceté par tous les pores de son visage !
Dans la famille des communistes, je voudrais les Arabes.
Le communisme, ça rend joyeux.Le film aligne les musiques toutes plus 80's les unes que les autres (et l'hymne américain bien sûr) et les scènes d'action sont admirablement mal filmées et mal montées. Que ce soit les séquences aériennes mêlant des gros plans très serrés des visages des acteurs sous leur casque avec des stock-shots volés à
Aigle de fer de Sidney J. Furie, ou les fusillades au sol qui sont d'un cheap absolu, tout en zooms et montage confus, on est plus proche de
Rescue Force que de
Top Gun. Et tandis que l'otage américain parvient à défaire ses liens et se prend pour Rambo avec son couteau, les têtes brulées de l'US Air Force font des acrobaties aériennes en mode grosse frime, battent les Mig soviétiques les doigts dans le nez et rentrent triomphants à la base après avoir éradiqué les vilains rebelles grâce à leurs stock-shots de F-16.
La magie du stock-shot.
BEEEUUUAAAAAARRRRRGHH !
Tacatacatacatac !
Argh ! Je meurs !
Les Américains sont vraiment trop forts !Et une fois que les Youhessé ont une fois de plus rétabli la démocratie (enfin, la monarchie absolue, mais c'est la même chose, voyons !) dans
"un trou du cul du tiers-monde", le chef de la CIA fait un émouvant discours mélangeant philosophie de comptoir et poésie de fin de banquet à ses boys (pardon, ses men !), lesquels versent une larmichette même s'il n'est pas certain qu'ils aient tout compris. Ecoutez-moi ça si c'est beau :
"Dans ce monde qui se dirige de plus en plus vers le paradoxe et surtout cette absurdité qui ne laisse aucune chance à celui d'entre nous qui est faible, tous les jours nous vivons des moments de joie intense, nous fêtons des victoires et nous subissons des défaites. Nous aimerions devenir célèbre, entrer dans l'Histoire, même si cela ne durait qu'un quart d'heure. Mais le plus souvent, les vrais héros sont ceux qui restent cachés derrière un masque, un masque invisible, un voile secret." Et notre ami le colonel de commenter :
"La vie est une belle connerie."Ce sera le mot de la fin. God bless America!
Note : 1,75/5
Cote de rareté : 6 / IntrouvableAucun éditeur DVD ne semble jusqu'à présent avoir eu la même idée lumineuse que les petits malins de Majestic Entertainment lorsqu'ils nous refourguèrent ce téléfilm tout pourri en VHS sous le label Top Gun. Ce serait pourtant une bonne idée Marketing à soumettre à un éditeur comme Elephant Films, qui nous avait par exemple ressorti le
Captain America avec
Reb Brown dans un beau DVD restauré et soigné sous un visuel classieux de blockbuster Marvel au moment de la sortie de
Captain America : Le soldat de l'hiver (on en était d'ailleurs bien contents parce que le téléfilm était jusqu'alors inédit en France). Allez les mecs, lâchez-vous ! Un gros
Top Gun Sacrifice repompant le visuel et la typo de l'affiche du dernier hit de Tom Cruise ! Promis, on en fait aussitôt la promo sur Nanarland…
Une jaquette suédoise.