la question humaine
Date de sortie : 12 Septembre 2007
Réalisé par Nicolas Klotz
Avec Mathieu Amalric, Michael Lonsdale, Jean-Pierre Kalfon
Film français. Genre : Drame
Durée : 2h 21min. Année de production : 2006
Distribué par Sophie Dulac Distribution
une affiche qui me fait penser à l'album Répression du groupe Trust
Citer:
Paris, de nos jours : Simon, 40 ans, travaille comme psychologue au département des ressources humaines de la SC Farb, complexe pétrochimique, filiale d'une multinationale allemande, où il est plus particulièrement chargé de la sélection du personnel.
http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=18740546&cfilm=60102.html
Et après on dit qu'il n'y a pas de films de genre en France ! Et la cogip-exploitation alors ? les films de cadres sup' (ou d'employés) qui explosent sous les coups du grand marteau pilon capitaliste et agonisent sous l'oppression fascisante d'une hierarchie haceleuse, aux réflexes techniques et comptables, toujours prompte à sacrifier le "facteur humain" (sa liberté, sa sécurité, jusqu'à sa vie privée ou son comportement social) sur l'autel de la compétitivité ? Hein ? Trois huit, L'Emploi du temps, Le Couperet, Violence des échanges en milieu tempéré, De gré ou de force, Ressources humaines, Extention du domaine de la lutte, Stupeur et Parkinson, Caméra café espace détente, et j'en passe.
Et aujourd'hui, La Question humaine, petit film bis fauché d'artisan passionné français de 2h 30, assez tributaire d'une vague littéraire adjacente : celle des Houellebecq, 99 francs et autres Mon CV dans ta gueule (ici : un bouquin de François Emmanuel).
Et dire qu'au lieu d'aller voir un film de 2h 30 avec 2h 15 de Matthieu Amalric en plan surcadré, certains préfèrent rester chez eux à se branler contre du crépit ! Quelle honte !
D'ailleurs, Amalric est bien dans ce film, contrairement aux autres acteurs qui récitent leur dialogues trop littéraitres comme des élèves de CM2. Certes, on peut concéder que sous un certain angle, il ressemble à un mauvais sosie de Laurent Gerra (pourra se recycler à la Starway Agency), mais il parvient néanmoins à développer un jeu à la fois tendu et rentré ainsi qu'une diction nerveuse qui, associé au parti-pris de la mise en scène d'abstraire complètement le décor pour se concentrer sur le fameux "facteur humain" et espionner ses réflexes conditionnés, font que le film en vient à dégager une atmosphère hypnotique d'où sourde une vague angoisse. ça ne parait pas tellement long, en vrai.
De ce point de vue, c'est une réussite, mais d'un autre, la question humaine se révèle incroyablement lourd dès qu'il s'agit de traiter son sujet, le film se vautrant dans un parallèle inapproprié en comparant le "dégraissage" des employés d'une multinationale et les diverses méthodes techniques de coercition aux exactions indignes de la SS sur le front de l'est et l'utilisation des camions à gaz pour traiter "la question juive". le parallèle se concentre sur le langage et les glissements du vocabulaire qui peuvent transformer, dans un rapport technique, des hommes en "unité de production" à réduire au sein d'une entreprise pétrolière ou en "chargement" dont on doit se débarrasser avec efficacité dans un camion de la mort dans une logique d'extermination de masse, tout ça pour finir par produire des banalités sans nom, comme quoi, ma bonne dame, aujourd'hui on appelle les gens qui crèvent des "défavorisés" et les aveugles des "non voyants". Le moins convaincant, c'est que la comparaison contamine les personnages du film qui sont sujets, à environ la moitié du film, à des révélations en cascade et invariablement bidons sur leur prétendu passé nazi.
De même, il y a une tentative intéressante d'opposer le monde "sensible" de la musique et le monde "technique - froid" des rapports humains au travail mais qui tombe franchement à plat quand 15 minutes de fado pourri a cappella qui casse bien les glaouïs sont censés s'opposer à une longue scène où les cadres vont ensemble décharger leur violence refoulée dans une free party techno abrutissante avec une scène de bizutage en bonus. Heureusement, il y a de temps en temps des chansons tristes de Syd Matters qui relèvent le niveau.
Bref, c'est un film pas mal par certains côtés mais au final, bof.