Réalisé par
Olivier Marchal
Avec
Daniel Auteuil,
Olivia Bonamy,
Gérald Laroche
Un tueur en série ensanglante Marseille, Louis Schneider, flic ou SRPJ, mène l'enquête malgré l'alcool et les fantômes de son passé. Le passé resurgit aussi pour Justine. Vingt-cing ans plus tôt, ses parents ont été sauvagement assassinés par Charles Subra. Schneider l'avait alors arrêté. Mais aujourd'hui, par le jeu des remises de peine et pour bonne conduite, Subra sort de prison. Cette libération anticipée va alors réunir Schneider et Justine, deux êtres qui tentent de survivre au drame de leur vie.
Vu en avant-première mercredi dernier, sorti sur nos écrans aujourd'hui...
Très, très grand coup de coeur, comme j'en ai rarement.
Un de ces métrages qui vous prend aux tripes, vous remue intérieurement, pour vous laisser sur le carreau à la fin de la séance.
Il faut dire qu'introduire le film par "Avalanche" de Leonard Cohen (en guise de générique), précédant un dialogue entre le lieutenant et une psy, se concluant par un léger "Dieu est un fils de pute, et un jour, je le tuerai!", met plutôt dans l'ambiance.
De part son statut d'ancien flic, l'univers policier n'est pas étranger au réalisateur, qui après un correct "Gangsters", un bon "36", nous livre certainement son oeuvre la plus personnelle et la plus aboutie.
Toutefois, contrairement à ce qu'il pourrait laisser paraitre, ce long métrage n'est pas un nouveau "36", et encore moins un film policier. Autrement dit, les amateurs de scénarios bétons et d"intrigues prenantes, ont mieux intérêt à passer leur chemin, sous peine d'être fortement déçus. Ici, l'enquête n'intéresse guère le réalisateur-auteur, et ne se révèle d'ailleurs qu'un prétexte pour narrer ce drame humain, cette tragédie à hauteur d'homme.
Film sur la rédemption à travers la souffrance et la mort (à l'instar d'un "Bad Lieutenant"), il se focalise principalement sur cette inexorable descente aux enfers que subit le personnage incarné par Daniel Auteuil, ainsi que sur ce destin croisé entre deux êtres rongés par le passé et la souffrance. Si l'un (la demoiselle blonde) tente d'entrevoir la lumière, l'autre (le flic) a fait de la nuit son royaume, n'attendant que la mort en guise de délivrance.
La vision du film est donc, bien évidemment celle du policier alcoolique et dépressif. Ainsi, ceux qui recherchent un métrage "naturaliste" ou sans effets, devraient mieux l'éviter. Le commissariat ressemble avant tout à une procherie, les flics à des pourris sdfs, Marseille est vue sous l'angle d'une ville gangrénée et à l'agonie, la majeure partie du film est en sous exposition, alors que les scènes de jour sont en sur-exposition. Reflétant le côté "être nocturne" du personnage principal, le métrage est un vrai régal visuel (la photographie est sublime).
Il n'évite pas certains ponctifs du genre (poursuite sous la pluie, la scène de la douche pour le détenu tatoué), et comme toujours avec Marchall, on a droit à un vocabulaire des plus charretier, des flics picolant, fumant, éructant, pissant le sang...la classe américaine, en quelque sorte.
Au terme de ce film profondément désespéré et jusqu'au boutiste, à l'instar de "36", on ressent à quel point Marchal y a un inséré une part de son vécu (ici, en guise d'exutoire), conférant à son métrage un supplément d'âme, que je qualifierai de...magistral et émotionnellement magnifique (à moins que je sois le seul couillon à y être sensible, mais bon).
Outre la "bande à Marchal" (sa femme, F.Renaud, Laroche et Lecluyse), on a le plaisir de retrouvé aussi Auteuil, dont la composition est incroyable de justesse. La B-A m'avait rempli de craintes quant à un surjeu possible, cependant, il n'en est rien, et fort heureusement. Quant à Philippe Nahon, sa seule présence inquiétante suffit.
Je pardonnerai, de ce fait, relativement facilement les quelques défauts véniels parsemant le film (le montage parallèle final, le côté légèrement bordélique des rares scènes d'action ou le recours au symbolisme omniprésent), pour me concentrer sur les qualités d'une oeuvre qui l'aura littéralement bouleversé (c'pas mon genre, à croire que je suis sensible aux histoires de flicaille).
A voir, absolument.
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