Le film d'horreur de crocodile est un genre à part, ayant accouché d'un petit bijou,
Le crocodile de la mort de Tobe Hooper à l'ambiance poisseuse recommandable, et d'une nuée de navets ou nanars dont le plus connu reste sans aucun doute l'hallucinatoire
Crocodile Fury. Qu'attendre alors de ce
Rogue*? Pas grand chose a priori si ce n'est la présence derrière la caméra de l'australien Greg Mc Lean.
Le premier film du cinéaste,
Wolf Creek, était raté et mauvais mais assez prometteur. Pendant une heure, on avait droit à une jolie carte postale de l'Australie, inutile et ennuyeuse, qui embranchait subitement sur une demie-heure de survival horrifique. C'est cette seconde partie qui attirait l'attention. Maitrisé, montage nerveux qui prenait aux tripes, la demie-heure d'horreur était parfaitement réussie mais ne compensait pas une première partie inintéressante au possible.
Avec
Rogue, le cinéaste a retenu la leçon et réduit le temps d'exposition. Sa première partie ne sert qu'à installer son groupe de personnages mais surtout son magnifique paysage sauvage qui devient un pur élément d'angoisse. Pour le reste, la suggestion et la rapidité des morts (genre un touriste se fait gober en un quart de seconde en se tournant vers l'eau ou disparait sans crier gare) sont préférés au gore pur. Ce qui n'est pas plus mal et fait monter l'angoisse de manière habile. C'en est presque filmé à l'ancienne et le tout culmine dans une séquence dantesque dans le repaire du monstre, enfin montré. A ce moments, les effets spéciaux de toute beauté (sans faire faux et numérique comme le requin de
Peur Bleue ) prennent le relais et voient leur présence à l'écran justifiée.
Tout de même, il ne faut pas cacher que
Rogue est une série B assez peu ambitieuse et banale dans son déroulement narratif (happy end agaçant par dessus le marché). Greg Mac Lean a quelque chose dans sa manière de filmer et il serait vraiment dommage dans l'avenir qu'il ne trouve pas un sujet plus ambitieux et en adéquation avec son potentiel. En l'état,
Rogue reste une série B plaisante : ni plus, ni moins.
*au passage, remarquons la stupidité de la traduction française