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Ils sont cinq, cinq adolescents prodiges dotés d’une intelligence hors norme, capables de prendre le contrôle de nos corps. Ils ne se connaissent pas encore, mais ont conscience de leur différence. Jimbo Farrar est comme eux, et il a décidé de les réunir à New York. Mais la nuit de leur rencontre, ils sont sauvagement agressés dans Central Park. Dévastés par l’épreuve, puis trahis par le monde adulte, ils décident alors de devenir maitres de leur destin. Ensemble, liés pour ne faire plus qu’un, leur force et leur vengeance seront sans limite. Jimbo va devoir choisir : combattre ses cinq semblables, ou se joindre à eux et abandonner ceux qu'il aime...
Quel dommage que le film souffre de tant de défauts car il est très attachant et donne envie d'être aimer. La critique la plus évidente est l'aspect graphique, faux-pas rédhibitoire pour un film d'animation, mais qui s'éclaire à la lecture de l'interview des créateurs (les gars de Renaissance, que j'ai pas encore vu), confrontés en pleine production à la fermeture de la boite d'animation qui ne leur a laissé que quelques disques durs contenant des processus éparses, sans aucune explication. Les pauvres ont dû ramer pendant 1 an pour tenter de sauver les meubles en Inde, changement de climat délicat pour un projet 100% français. Le résultat à l'écran est donc variable, entre l'acceptable, les rendus parfois hallucinants de pauvreté (la faute aux Indiens qui ont sorti des séquences en résolution 16 bits !) ou la sensation d'assister à une vieille cinématique de jeux vidéo (certains persos comme le p'tit gros se déplacent avec une lourdeur gênante et le fait que tous les personnages conservent a peu près les mecs fringues durant tout le film est agaçant). Pourtant, un fois ce défaut accepté, on finit tout de même par se laisser happer et ne plus trop y prêter attention, profitant même de plusieurs passages vraiment très jolis (toutes les séquences de fantasmes de violence, certaines scènes d'affrontement armé, etc.).
Le scénario est classique mais plutôt bien mené (des ados martyrisés sont réunis car ils bénéficient de pouvoirs mentaux, mais leur volonté de vengeance à l'égard du monde des adultes les entrainent sur la voie de la destruction), avec des idées osées (un viol subi par l'une d'eux mais ressenti par tous) et visuellement intéressantes (l'utilisation des corps, vivants ou morts, comme armes). Bon, la fin s'éparpille un peu trop et aurait gagné à être mieux pensé (je ne connais pas l'histoire du livre adapté, La Nuit des Enfants Rois, dont je ne sais pas comme cela s'y passe). La thématique du film est évidemment le bouillonnement émotionnel et pulsionnel de l'adolescence, sa confrontation à une société normalisante, violente et rejetante, et ses restes de fantasme de toute-puissance infantile qui peuvent ici s'exprimer dans des élans de rage destructrice et de jouissance de contrôle du monde. Arriveront-ils à franchir cette étape de leur construction psychique ? Tindiin, suspens !
2ème film vu en 3D et l'expérience n'a pas été désagréable.
Tout ça pour dire que je conseille tout de même la vision de The Prodigies, car malgré tous les défauts énumérés, cela fait plaisir de voir des tentatives de cinéma d'animation adulte eud'chez nous. Et puis ça permet de rêver à ce qu'aurait pu être le film sans son catastrophique accident de production.