"César est immortel. Pour longtemps"
(11/01/2008)
Un festival de répliques drôles pour Poelvoorde et Delon dans Astérix aux Jeux Olympiques
BRUXELLES Astérix aux Jeux Olympiques, c'est l'événement du cinéma français en 2008. Et même s'il ne sortira en salles que le 30 janvier, nous avons eu l'occasion de le voir hier matin en vision de presse. Dans la bonne humeur. S'inspirant manifestement du travail d'Alain Chabat pour Astérix : mission Cléopâtre , Frédéric Forestier et Thomas Langmann ont misé eux aussi sur l'humour référentiel pour mettre en valeur des personnages secondaires de la bande dessinée. Dans le cas présent, Brutus, campé comme un fou furieux par un Benoît Poelvoorde au sommet de sa forme, et César, pour lequel Alain Delon se parodie avec bonheur.
L'intrigue n'a que peu d'importance : le maigrichon et poète Alafolix (Stéphane Rousseau) s'inscrit aux Jeux Olympiques pour empêcher Brutus d'épouser la jolie princesse grecque Irnia (Vanessa Hessler, de fait fort mignonne) dont il est amoureux. L'enjeu est simple : seul le vainqueur pourra revendiquer sa main.
Par ailleurs fort occupé à tenter d'éliminer son César de papa avec son âme damnée de Couverdepus (José Garcia, assez transparent), Brutus est prêt à toutes les bassesses pour l'emporter. De la corruption des juges ("Tout de suite les grands mots : la corruption, c'est offrir de l'argent, et là, c'est de l'or ") au dopage à l'EPO (élixir pour olympique), tout lui paraît bon. Mais voilà, comme le dit si bien lui-même ce vieux Jules (et à la troisième personne, s'il vous plaît) : "César est immortel. Pour longtemps ". Quant aux Gaulois, gavés de potion magique, pas facile de leur faire mordre la poussière. Alors, pour se défouler, dans ses rêves, il dirige l'armée d'une poigne de fer, l'obligeant à faire la tortue "pas d'un point de vue militaire, mais animalier : c'est rond, cela a quatre pattes et une horrible petite tête !"
Alain Delon se décerne le César du meilleur empereur
L'histoire ne concurrencera pas L'Odyssée , la romance est assez dispensable, les effets spéciaux ne sont pas nécessairement hollywoodiens (au contraire des décors, sublimes), mais qu'importe : cette comédie d'une heure cinquante-sept minutes parvient souvent à faire rire. Par l'entremise d'une multitude de références à Cyrano de Bergerac ou aux 101 dalmatiens , de textes de chansons ("Besoin de rien, envie de toi comme jamais envie de personne...", lance Brutus à la princesse pour la séduire), de jeux de mots pourris ("La solution, c'est la dissolution ") ou de répliques parodiques. Et là, Alain Delon se taille la part du lion. Constamment sur la référence ("César ne doit rien à Rocco, à ses frères ni au clan des Siciliens " sur la musique du Clan des Siciliens), il va jusqu'à se féliciter : "Le César du meilleur empereur a été décerné à César".
Autre grand plaisir du film : retrouver la multitude de stars qui apparaissent à l'écran. Avec un défilé final éblouissant, dominé par un célèbre Numérodis désormais étonnamment chevelu. Et le nouvel Astérix, qui prend désormais les traits de Clovis Cornillac, dans tout ça ? C'est Jamel (un court retour très réussi) qui en parle le mieux : "Tu as changé toi, non ? Je te trouve plus beau ". Christian Clavier appréciera.
Pas la peine de chercher plus loin le grand gagnant des Jeux d'Argent du cinéma français en 2008.
Patrick Laurent
© La Dernière Heure 2008
|