Michael Mann est au bout du rouleau avec ce film : chaque braquage est une resucée de celui de Heat, la scène finale de Heat avec un vivant qui tient la main d'un crevard a été transposée au début du film lorsque Dillinger dans la voiture s'enfuyant de la zonzon tient un de ses complices sur le point de mourir et le laisse frotter sur le macadam sur 300 mètres, chaque fois qu'il y a un déplacement en auto il nous la refait comme dans Miami Vice avec vas-y que je te filme bien la carrosserie brillante avec les lumières nocturnes qui se reflètent dessus pendant que mes persos tirent leurs gueules de déprimés silencieux (et d'ailleurs à ce petit jeu il en arrive à nous faire un vilain plan caméra lorsque Dillinger attend sa copine qu'il a déposé en voiture à une certaine adresse), Johnny Depp est un excellent acteur mais il n'est pas assez dur pour un tel rôle, l'homosexualité de Hoover n'est pas assez affichée, le film n'a pas l'intensité de Heat puisqu'il n'y a pas vraiment la sensation de la main policière qui peu à peu comme le boa se referme sur le cou chaud de la déliquescente proie délinquante.
Marion Cottillard est magnifique par contre, une orchidée fragile et lumineuse qui cède au baratin du petit lascar, les fusillades sont les meilleures du monde - Mann utilise le son directement produit par les armes, il a un conseiller technique qui déchire tout, les décors sont top (j'ai adoré les petites lumières des panneaux pleins de fiches téléphoniques on dirait des gratte-ciels la nuit), la toute fin est sublime (quand le policier glacial se fait transmetteur de billet doux.)
Mon verdict : ce n'est pas le meilleur film de Mann, mais ça reste un très bon film bien sûr quand je disais que Mann était au bout du rouleau c'était pour buzzer un coup !
