Ouvrons ce post par la critique du Parisien qui résume assez bien ce que je pense du film :
Surprenante (...), élégante et superbement interprétée, cette histoire de culpabilité permet au septuagénaire new-yorkais de se renouveler encore. On est peut-être moins ébloui que les fois précédentes, mais pas moins captivé
Les critiques n'ont pas été tendre avec le dernier film de Woody Allen et lui reprochent entre autres de montrer un style plat et impersonnel. Impersonnel? Le Rêve de cassandre arbore certes un style froid et discret mais fait preuve d'une grande efficacité dramatique. La patte de Woody est moins visible et le cinéaste fait preuve ici d'un grand classicisme mais ô jamais impersonnel.
A vrai dire, l'univers que décrit ce captivant
rêve de Cassandre ne nous est pas inconnu et se rapproche de celui de Match Point. Un monde où des hommes de condition sociale "inférieure" rêvent de monter sur l'échelle sociale, d'une vie qui ne leur est pas a priori destinée. Plus noir que son aîné,
Cassandre évite de manière intelligente la redite et peut même être vu en quelque sorte comme son prolongement. On avait quitté le héros de Match Point, rongé à la fin par la culpabilité de son meurtre.
Cassandre va plus loin et consacre toute sa deuxième partie à cette culpabilité mal digérée, incarnée par un Colin Farell dans un étonnant rôle à la Raskolnikov, tandis que son frère, Ewan mac Gregor brillant, s'y accomode très bien.
L'histoire tient effectivement beaucoup d'un
Crime et châtiments de Dostoievski sur fond d'ascension sociale mais par sa froideur et l'opportuniste ambition de ses personnages rappelle aussi un certain Thackeray. Moins étonnant que Match point, plus posé et mis en scène de manière plus classique,
Le rêve de Cassandre s'appuie beaucoup sur sa direction d'acteurs assez exceptionnelle il faut le dire et sur son talent narratif. Car Woody Allen est un merveilleux raconteur et il le prouve ici de manière brillante. La fluidité de sa narration est remarquable au point que le film ne compte pas de points morts et qu'on est captivé tout le long.
Alors certes, on pourra dire que
Le rêve de Cassandre est un Woody mineur, et encore je suis loin d'être d'accord. Même s'il a indubitablement du mal à soutenir la comparaison avec son ainé anglais Match Point. Moins subtil, moins ample mais tout de même d'une belle profondeur psychologique et souvent passionnant. Il y aurait beaucoup de choses à dire sur ce film mais je préférerais mettre en avant l'interprétation de haute volée du couple principal : Ewan mac Gregor et Colin farell.
Rarement, on aura vu à l'écran deux acteurs si complémentaires. J'aurais envie de vous livrer une longue liste de superlatifs mais je dirais tout simplement qu'ils sont au-dessus de l'oscar

Tout particulièrement Colin Farell qui crève l'écran (pas comme dans la rose pourpre du caire). Pour être sincère, je n'ai jamais aimé cet acteur souvent fade et falot mais voir à quel point Woody l'a transformé est extraordinaire. Hagard et paniqué, torturé par le remords, rongé par le jeu et la culpabilité du meurtre, rattrapé par la folie, il livre une prestation de haute volée et dévoile un potentiel impressionnant qu'on ne lui connaissait pas. Un tout autre acteur. Une des performances de l'année. C'est grâce à lui et les autres acteurs que ce
Rêve de cassandre acquiert une jolie profondeur.
