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Shotgun stories - Jeff Nichols (2007)
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Auteur:  gallo31 [ 05 Jan 2008 22:14 ]
Sujet du message:  Shotgun stories - Jeff Nichols (2007)

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Brillant et impressionnant de maîtrise pour un premier film, Shotgun stories est la révélation d'un cinéaste à suivre. A contre pied des films de vengeance classiques, cette vendetta dans l'Arkansas se concentre sur la montée de la violence et bénéficie d'une belle authenticité psychologique. Bien joué (Michael Shannon déjà vu dans Bug est très bon), bien réalisé, bien écrit, parcourus de moments de grâce...on pourrait continuer longtemps avec les superlatifs. Seul petit bémol : les 30 dernières secondes qui auraient du être coupées au montage. Par contre, il faut se dépêcher pour le voir, il ne sort que dans 13 salles (Beaubourg pour les parisiens).




Note d'intention de Jeff Nichols

" La vengeance ne mène à rien. C'est l'idée que j'ai voulu explorer dans Shotgun Stories, explique Jeff Nichols. Souvent en littérature ou au cinéma, la vengeance et son exécution sont considérées comme un aboutissement logique, une bonne chose. Que ce soit d'assister à la ruine de Danglard par Edmond Dantès dans " Le Comte de Monte Cristo " ou à la chute mortelle de Hans Grüber dans Piège de cristal, la satisfaction du spectateur quand le méchant est puni est indéniable. J'ai voulu aller contre ça dans ce film. Que la vengeance n'aille pas de soi et qu'elle ne réjouisse pas nécessairement le spectateur. "


Genèse du projet

Le concept de la querelle familiale tire sa source d'une chanson des Drive-By Truckers intitulée Decoration Day. " Elle fait référence à un genre plus ancien, une histoire plus classique de querelle familiale, explique Jeff Nichols. Je me demandais à quoi pouvait ressembler aujourd'hui une histoire de vendetta dans l'Arkansas rural et comment cela pourrait être joué. J'ai donc rassemblé des images, sur les personnages et les lieux, pendant un an. Et cela m'a pris à peu près cinq mois pour écrire le scénario. J'ai été énormément inspiré par des écrivains actuels du sud des Etats-Unis, comme Larry Brown et Harry Crews, ainsi que par Raymond Carver et Flannery O'Connor. J'ai également trouvé mon inspiration dans des films comme La Balade sauvage, Le Plus sauvage d'entre tous et Tendre bonheur. Shotgun Stories est la maturation de tout cela. "


Tournage en cinémascope

Jeff Nichols a choisi de tourner ce film en cinémascope. Il s'en explique : " A l'âge de 15 ans, j'ai eu la chance de voir au cinéma Lawrence d'Arabie. J'ai été frappé par la façon dont les paysages filmés en cinémascope portent et transcendent l'histoire. Depuis j'ai toujours voulu raconté des histoires en cinémascope. Le cadre du film, le sud de l'Arkansas - où j'ai grandi - est constitué de magnifiques paysages de champs de cotons et de terres cultivées. J'ai voulu que les spectateurs en profitent en cinémascope. Ces paysages forgent aussi les caractères. des individus. Ils habitent dans une région brûlée par le soleil où chacun transpire pour vivre. "

Auteur:  tagolo [ 29 Jan 2008 13:53 ]
Sujet du message: 

Vu ce week-end dans une salle minuscule à St-Germain, ça sent le sapin pour sa carrière ciné...

Le premier quart d'heure est très douloureux à force de pathétique mais il plante le décor et l'empathie qu'on peut ensuite avoir pour les trois frères.

Il sortira forcément en DVD, ça vaut le coup si vous n'êtes pas trop dépressifs.

Auteur:  gallo31 [ 29 Jan 2008 14:05 ]
Sujet du message: 

tagolo a écrit:
Vu ce week-end dans une salle minuscule à St-Germain, ça sent le sapin pour sa carrière ciné...


Détrompes toi, le film a plutôt un joli succès. Le réalisateur l'a produit avec un budget rachitique, a vu celui-ci mis en avant dans de nombreux festivals et bénéficier de plus d'une sortie à l'internationale. Je pense que le retour sur investissement est plutôt joli (bon il a pas gagné 5 milliards c'est vrai ;-) ) et largement supérieur à de nombreuses productions hollywoodiennes.

Après vu son statut "art et essai", c'est normal que le film n'amasse pas foule en france et est sorti dans à peine 13 salles (quoique ma salle était au deux tiers pleine). Je trouve que c'est en tout cas une jolie carte de visite pour un cinéaste autodidacte très talentueux à mon avis.

Auteur:  tagolo [ 29 Jan 2008 14:22 ]
Sujet du message: 

Disons qu'il a disparu du réseau MK2. Mais c'est vrai que des cinés indépendants prennent le relais à Paris.
Et le réseau Utopia s'y met également (dont une copie VF :roll: )
Ma salle était aussi au deux tiers pleine, on était 25 :D

Auteur:  Greyhunter [ 29 Jan 2008 16:28 ]
Sujet du message: 

Question technique:

Si j'ai bien compris, le cinémascope c'est quand l'image est comprimée horizontalement pendant le tournage, et remise à taille normale pendant la projection.

Quel est l'avantage de cette technique sur des images tournées de façon classique?

Auteur:  gallo31 [ 29 Jan 2008 17:28 ]
Sujet du message: 

Greyhunter a écrit:
Question technique:

Si j'ai bien compris, le cinémascope c'est quand l'image est comprimée horizontalement pendant le tournage, et remise à taille normale pendant la projection.

Quel est l'avantage de cette technique sur des images tournées de façon classique?


Je te laisse la définition :

Citer:
Le Cinémascope est un procédé de prise de vues et de projection qui consiste à anamorphoser (comprimer) l'image à la prise de vue, pour la désanamorphoser à la projection. Ce rapport de compression est de 2. Le cinémascope ne désigne pas directement de format d'image, mais un procédé d'anamorphose de l'image, qui peut être utilisé en 35mm comme en 16mm, avec des ratios d'image différents. C'est la SMPTE qui définit les normes de la fenêtre de projection de ce qu'on appelle le SCOPE : cinémascope 35mm avec son optique. Le SCOPE a aujourd'hui un ratio de 2,39:1.



L'avantage de cette technique en images :

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Pour les westerns, l'utilité est évidente. Dans Shotgun Stories, ça te donne un superbe rendu des paysages.

Auteur:  Greyhunter [ 30 Jan 2008 9:51 ]
Sujet du message: 

Donc ça permet de faire des plans très larges de paysages en filmant deux fois plus large sans devoir faire de travelling?
Yabon, j'ai compris?

Auteur:  Mike Hunter [ 09 Mai 2015 9:55 ]
Sujet du message:  Re: Shotgun stories - Jeff Nichols (2007)

Dès les premières minutes, on sent une atmosphère réellement lourde et pesante. Visuellement, le film impressionne avec un cadre en cinémascope qui permet de situer les personnages dans un univers triste et sans grandes perspectives. Le spectateur sent que la vie est dure pour les protagonistes, avec des difficultés de logement et d'emploi. Les acteurs sont tous très bons, Michael SHANNON en tête.
Mais surtout, ce qui est appréciable avec NICHOLS, c'est qu'il ne porte pas de jugement sur ses héros. Il filme cette classe ouvrière américaine avec respect: chaque clan, chaque personnage porte sur lui les stigmates de son passé et doit composer avec. Il n'y a pas de bons ou de méchants, juste des gens qui ont leurs raisons et leurs points de vue. Un tâcheron aurait fait de cette histoire un simple vigilante movie avec des rednecks grimaçants et caricaturaux, NICHOLS cherche lui à montrer ce qui arrive quand on cherche à se venger. Dernier point positif, la musique est très belle et est l’œuvre de LUCERO, un groupe de rock sudiste où joue le frère du réalisateur, Ben NICHOLS.

Auteur:  Lawrence Woolsey [ 09 Mai 2015 11:36 ]
Sujet du message:  Re: Shotgun stories - Jeff Nichols (2007)

Un film découvert par hasard l'an dernier, et qui ne fait que confirmer tout le bien que je pensais de Jeff Nichols après avoir vu Take Shelter et Mud. Pile quand on croyait avoir soupé des films épurés où les scènes de calme oppressant alternent avec des séquences de violence froide, tant ce système vire aujourd'hui au procédé, arrive un cinéaste imposant un style à la fois personnel et bien implanté dans son époque.

Pareil pour sa collaboration avec Michael Shannon. On nous rebat les oreilles à longueur de critique ciné avec les fameux "Untel nous offre un beau moment de cinéma, soutenu par son acteur/actrice fétiche" mais là, leur travail commun est vraiment un bel exemple de véritable rencontre artistique, chacun des deux voyant son travail mis en valeur par l'autre.

C'est aujourd'hui marrant de voir tous ces films où Michael Shannon jouait (brillamment) les seconds rôles sans qu'on se dise vraiment "lui, il fera une grande carrière !" (Shannon jouait notamment le petit ami de Kim Basinger dans 8 Mile, que j'ai vu un nombre incalculable de fois sans le reconnaître quand j'ai découvert Take Shelter) et puis arrive Jeff Nichols et on se demande où il a été chercher un acteur si intense, peut-être le plus doué de sa génération (rien que The Iceman...).

Bref, si vous avez aimé Take Shelter et Mud, il faut absolument voir Shotgun stories !

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