
Vincere
Film de Mario Bellocchio
Avec : Giovanna Mezzogiorno Filippo Timi
2h
L'apparition et la montée du fascisme en Italie à travers la vie de la première maîtresse de Mussolini, Ida Dalser, et de son fils, Benito Albino, tous deux niés et enfermés dans des hôpitaux psychiatriques jusqu'à leurs mort.
Là aussi, un film sur lequel j'aurais besoin d'aide, et d'avis.
L'image est travaillée et est réellement splendide. Le film fourmille d'idées, d'une utilisation très fine du cinéma avec des films dans le film, des références au futurisme, d'extraits d'actualités de l'époque, etc... Les comédiens sont portés par leurs rôles, et se sont réellement identifiés aux personnages, au point que Timi parvient à jouer Mussolini jeune et son fils avec le même talent et la même conviction (Mezzogiorno m'ayant moins convaincu, relativement)
Là où je bute, c'est sur la réflexion qui sous-tend le film. Présenté comme une métaphore de la façon dont l'individu est écrasé par le fascisme, et loué pour cet aspect par la critique, j'ai eu le sentiment qu'on peinait, en dépit de tout le talent déployé, à dépasser la petite histoire, qui pourrait tout aussi bien être celle d'une groupie séduite et abandonnée, que celle de la maîtresse de jeunesse d'un dictateur. Si Mezzogiorno est habitée par son identification avec Ida, elle nous présente aussi un portrait de femme désespérée d'amour, en pleine dépression, avant même d'être, donc, broyée par le régime, tout comme Benito Albino, en quête perpétuelle d'identité, ne me semble justement pas être très représentatif de "l'individu écrasé par le régime", fils du chef qu'il est et veut être.
Au final, j'étais en train de me demander pourquoi ne pas avoir plutôt choisi d'illustrer une telle histoire par l'autre maîtresse du Duce, Clara Petacci, qui l'a accompagné beaucoup plus longtemps et a été exécutée avec lui. J'avais presque le sentiment de comprendre Mussolini, poursuivi par un ancien amour déjanté, qui pourrait ruiner ce qu'il construit, politiquement à peine, mais familialement, surtout.
D'où, là aussi, l'impression d'être passé certainement à côté de quelque chose. Avis, idée, quelqu'un ?