Un film aussi prétentieux se doit de recevoir une critique toute aussi prétentieuse. Here goes (
ACHTUNG! Gross Spoiler!) :
OK... J'avais fait ce commentaire :
Citer:
Plus sérieusement, quand le DVD sortira, un petit jeu pour que ça passe plus vite (est-ce que j'ai dit que c'était interminable? 2h10 bordel de merde) : prenez un shot de whisky (ou rye) à chaque fois qu'Amalric prend un verre, et un à chaque fois où un personnage veut coucher avec lui, et un à chaque fois qu'un acteur est présenté en full frontal (double shot dans le cas où les deux se passent dans le même moment).
Commentaire que je retire car vous seriez obligé de prendre le premier verre 20 secondes dans le film, et dans les 30 dernières minutes de boire directement au goulot pour suivre le rythme. C'est là toute la monotonie. Ce qui serait acceptable si les frères Larrieu ne se sentait pas obliger d'insulter l'intelligence du public avec un humour que l'on peut au mieux qualifier de douteux. La part comique du film est en réalité résumée par le gag de la chronologie de l'histoire. Réfléchissons, s'il s'agit des dernier jours
du Monde, quel intérêt y a-t-il à donner la date? Surtout en se basant sur une tranche horaire arbitraire? La raison en est simple : notre héros, et on peut supposer le reste de la planète se trouve annihilé... un 14 Juillet. Par une bombe atomique. Feux d'artifice. Hardy Har Har, je me roule par terre.
Mais peut-être finalement que ce ne sont pas les derniers jours du Monde, plutôt que les derniers jours du Héros, interprété par Mathieu Amalric comme une coquille vide d'être humain. Notre âme en peine n'a qu'une vision extrêmement restreinte de ce qui l'entoure, ne voyant apparemment que ses semblables -et c'est d'ailleurs les seules personnes qu'il rencontre, sempiternellement, comme une libraire puérile (Catherine Frot), son ex-femme (Karin Viard), un ami ténor (Sergi Lopez) et la jeune femme qui pourrait être la fille de ce dernier (Clotilde Hesme). Mais aucune de ces personnes, bien qu'elles se proposent toutes à lui à un moment ou à un autre du film, n'est celle qu'il cherche... Il est désespérément à la poursuite de Lætitia (Omahyra Mota) -ou Laé inverse de Léa, son amour perdu, une femme dont il est éperdument épris, et à laquelle il est tellement compatible, que sans lui avoir parlé, il se sent déjà de... euh... présenter une offrande à son autel (NOTA : je vais arriver à court de périphrase avant la fin de cette critique). On notera que de toutes les personnes citées précédemment seule Catherine Frot n'est pas visible en nu. Je suis reconnaissant.
Revenons sur l'histoire voulez-vous? Un homme dans la force de l'âge, déprimé, alcoolique et divorcé, se remémore son histoire d'amour avec une jeune femme qui a été l'amour de sa vie, et ce alors que le monde est en train de sérieusement partir en vrille (on parle non pas d'un mais 2 virus messieurs dames! Et de missiles! Et l'Ukraine!). Mlle Mota qui joue l'objet de l'obsession (pas affection, j'y reviens dans une minute) est une actrice fondamentalement inadéquate, et qui a la distinction (ahem...) de se retrouver dans les pires scènes du film (pour être honnête, elle n'est visible que sur un écran dans le pire moment du film). Je pense ainsi à un souvenir de Robinson (puisque c'est le nom du héros) à Taïwan qui donne lieu à un échange sur les toilettes qui était certainement très drôle, j'ai simplement dû oublier de rire. Au cours du film notre quarantenaire prototypique de film français va donc fuir Biarritz où un virus a frappé, descendre en Espagne (la descente du monde dans le chaos n'ayant pas entamé l'envie de nos amis au sud des Pyrénées de se faire une petite Feria) en recherche encore et toujours de Laé, puis revenir sur Toulouse quand ça devient la merde. Dans ses périples il est toujours accompagné d'Ombeline (Frot), une femme qui redécouvre une liberté sexuelle après avoir été larguée par son mari. Elle redécouvre ça, mais Frot elle ne trouve rien de spéciale à amener ici, c'est une performance standard de Catherine Frot, ce qui est particulièrement étrange vu ce qu'on lui donne à déclamer, et les circonstances dans lequel elle le fait. En arrivant à Toulouse il retrouve son ex-femme, juste le temps de scander l'évangile de la chair dans la chapelle de celle-ci. On note un schéma récurrent : héros arrive en ville, se remémore son amour, saute quelqu'un, et on répète encore une fois.
Perdu dans tout ceci est un photographie qui est elle merveilleuse. Je pense au plan suivant une route, passant à travers un tunnel enfumé. Ou la scène à l'opéra, qui en deux minutes arrive à donner une allégorie plus puissante des travers amoureux d'Amalric, que tout le film qui l'entoure. Le directeur de la photo ici est Thierry Arbogast. Je me demandais pourquoi je ne connaissais pas mieux le travail de ce monsieur et je suis allé sur sa page imdb,
jugez plutôt.
Mais considérant le côté pré-apo, ces parties de jambes en l'air sont étranges. On s'attendrait à des tentatives de survies, mais cela n'arrive que trop tard, et ne concerne pas notre protagoniste. Il est possible que tout cela ne soit vu comme une satire de ce mode de pensée égocentrique illustré dans un nombre incalculable de film français de bobo-sploitation ; après tout dans les dernières scènes dans un Paris plongé dans l'obscurité, la seule source de lumière et centrée sur Amalric, Robinson sur son île. Quand Viard lui dit "J'ai envie de toi", éternel nombriliste il répond "Moi aussi". Et plusieurs choix de montage (comme un
jump-cut au début, durant une discussion avec sa fille) font qu'Amalric sorte et rentre du cadre dans la même seconde. En fait, les plans où celui-ci n'est pas sont rares, et signal que quelque chose d'important, qui n'implique pas simplement notre héros s'est produit (INCONCEIVABLE!!). Mais alors, on doit quand même croire qu'il puissefaire tout ce qu'il par amour? Donc ça n'est pas une satire? Mais alors dans son dernier tiers, alors qu'on commence à sentir quelque signe de panique réel, des pillages, des meurtres et des mort à la douzaine (hey, c'est pas obligé de nous montrer tous les cadavres individuellement, on comprend qu'il y en a plein qui sont mort), et que coincidentalement le film commence à taper sur le système, notre héros arrive, grâce à un tuyau, à un château qui servira de bunker pour une élite aristocratique. Cette scène oblitère tout motif du film : on nous demande de rire face à toute la décadence des riches qui est présenté à l'écran. 1 minute, c'est tout ce qu'il faut pour que l'excentrique propriétaire du château/bunker s'impose comme l'acteur le plus irritant du métrage (et faisant face à une compétition assez forte). Mais, sadiquement, les Larrieu font durer la scène, encore et encore. Quand finalement tout se termine, c'est parce que les pauvres serviteurs ont assassiné leurs maîtres, pouvant ainsi profiter du bunker tous ensemble, et survivre le plus longtemps.
L'affiche devrait porter la mention : Avec la gracieuse participation de pauvres. Et pourtant, leur plan pour durer le plus longtemps s'inscrit au moins dans une logique -bien plus que la fuite en avant des personnages misérables qui sont le point focal du film. La malhonnêteté qui consiste à se moquer du point de vue que l'on privilégie est ce qui tue le film. Mais on reste toutefois à regarder un corps pourrissant pour les minutes qui restent, et qui s'étirent. Le finish à Paris se termine avec l'explosion nucléaire FIN?... Non, car suit un montage musical de Robison et Laé courant à poil main dans la main dans Paris la nuit. FIN.
I shit you not.
Alors voilà, on a ce que Paul Schrader aurait appelé une pataugeoire : c'est pas parce que c'est long que c'est profond. J'ai dit que c'était un film qui insultait l'intelligence de son public? Oui. Et c'est aussi un film qui essaye le plus possible d'avoir quelque chose à dire, et d'être intelligent. Essaye encore. C'est un exemple d'une certaine classe de cinéma français qui dans son effort pour s'auto-sucer va trop loin et se met la tête dans le cul.
Wala, maintenant j'espère que quelqu'un chez Telerama m'aura lu et souhaitera m'engager.