Alors cette fois c'est à mon tour de faire le pinailleur, mais ce film m'a profondément énervé.
Que le réalisateur reprenne tous les clichés contre les russes, bon ok, pas de problème, mais à partir du moment où ils arrivent en France, ça va tellement loin que c'est quasiment du racisme.
Au début, je pensais que ça allait être un film dans la lignée de ce que les anglais faisaient dans la lignée de the full monty ou de Brassed off : une équipe de bras cassés qui se rassemblent autour d'un événement et grâce à leur amitié, vont se dépasser et surmonter les coups durs éventuels. Classique mais efficace.
Là, le problème n'est pas que ce sont de mauvais musiciens, ce sont tous des virtuoses où je sais pas quoi. Le problème c'est qu'ils sont tous tellement cons que même des élèves de Segpa sont plus dégourdis.
Je sais bien que la vie les a maltraités, mais enfin, quand on a une chance unique dans sa vie de jouer devant un grand public, on devient pas taxi ou déménageur DANS LA SECONDE MEME OU ON EST SORTI DE L'AVION. Qu'est-ce que c'est que ces conneries ?
Plus le gag sur les juifs bons en affaire, qui vendent des portables et du caviar : dans rien que pour vos cheveux ça me choque pas, parce que tout le film est débile, et puis il y a une sorte de malédiction derrière (the hi-fi store is a dream breaker), mais là ça passe pas du tout, surtout quand après les mecs montent sur scène en sape de ville.
Si encore, c'était un élément d'arrière-plan, bon voilà, mais c'est pratiquement le seul ressort dramatique du film, puisque toutes les galères une fois sur Paris sont provoquées par le fait que ces abrutis préfèrent faire la manche dans le métro que de répéter. C'est grave à ce niveau.
Je trouve que ça brise toute l'émotion du film. On dirait des gamins en colonie de vacances, complètement inconscients de l'enjeu. Heureusement que quelqu'un leur envoie un texto pour qu'ils comprennent enfin, mais faut voir comment c'est amené.
Le concert en lui-même est pas mal, mais là encore y a des trucs que j'aime pas : 1 - le début : ils jouent comme des nuls, normal, ils n'ont pas répété. 2 - La française joue (ok, il y a son origine mais comme elle le sait sans le savoir d'ailleurs j'ai pas compris comment elle le sait, c'est dans la lettre ?) super bien (c'est une vraie pro) 3 - Tout le monde se met à jouer super bien.
Je peux comprendre l'intérêt dramatique de ce procédé (l'esprit de leurs anciens camarades morts fait que tout le monde se concentre), mais l'exécution donne à penser : heureusement que les français sont là pour montrer comment on joue, sinon ils n'y arriveraient jamais.
Ca, plus les clichés sur les tziganes. Plus l'image du PC français figé dans le Brejnevisme en 2009 (je sais bien que la conférence qu'il est censé donner s'adresse plutôt aux durs du parti, mais le film ne fait aucune référence à la modernisation du parti, et c'est dommage, je pense que le décalage entre l'idée que le vieil apparatchik se fait du parti et ce qu'il voit aurait été une bonne source de gags)
Je vois très bien l'objection qui est de dire : oui, mais dans les films de Kusturica ou de Lounguine, tu vas aussi avoir ce genre de folklore, et ça passe très bien : j'ai envie de dire pas faux, mais en même temps, dans les films de Kustu, le côté bordélique n'est jamais la cause de leur éventuel échec : dans Underground la cérémonie du mariage est incroyable, dans promets-moi, il y a une bande de pieds-nickelés qui arrivent à leur objectif, et même dans chat noir chat blanc, il y a du bordel au mariage pour une question de guerre de clans. Là c'est vraiment : les russes ne savent pas se tenir plus de deux jours, comme des gamins de collège. Ca me tue.
C'est vraiment dommage, parce qu'en plus je crois que le vrai sujet du film, qui est celui des artistes privés de leur art par le régime soviétique, mais aussi celui de la famille dont on est séparé, et de l'acculturation (qui était je crois au centre du film précédent de Radu Mihaileanu : va, vis et deviens), sont très peu traités finalement : Mélanie Laurent n'apprend son origine que durant le concert, et il n'y a aucune scène après cela, ce qui fait qu'on ne sait pas vraiment ce qu'elle va faire de cela. C'est quand même le genre de nouvelle qui vous change, non ? Surtout dans sa relation avec sa mère adoptive, non ?
De même, le concert est censé être le point culminant, mais il ne peut pas s'empêcher de l'interrompre : il y a la lettre en voix off, le mec dans son placard (qui d'ailleurs fait partie de la retransmission, on sait pas pourquoi), puis des images de la tournée qui vient après. Je sais que c'est pour donner du rythme au film (d'ailleurs le film n'a pas de défaut de ce point de vue là, techniquement, c'est correct, un peu téléfilm, un peu photographie dégueulasse, mais ça passe), mais d'un point de vue narratif, je trouve un peu limite de mélanger comme ça élément de résolution et situation finale.
Bref je comprends qu'on aime, mais ce film m'a laissé un goût amer, quand même.
_________________ "But you say : Oh, when love is gone, where does it go ? And where do we go ?" (Arcade Fire - Afterlife)
Je n'aime pas Scorsese (c'est la raison pour laquelle je n'ai jamais vu aucun de ses films). (Elessar - sujet Le loup de wall street)
|