
Je veux voir
Film de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige
1h15
Avec Catherine Deneuve et Rabih Mroué (et plein de gens inconnus filmés à hauteur de la taille)
2006, une nouvelle guerre éclate entre Israël et le Hezbollah. Après un mois de combats, le bilan s'établit à une centaine de morts côté israélien, environ 1300 au Liban. Le pays a été bombardé lourdement dans les zones contrôlées par le Hezbollah, soit la banlieue sud de Beyrouth (la dahyia) et au sud du pays.
Et là intervient ce film. No polémique intended, neither politics. J'aurais juste besoin d'avis parce qu'il m'a laissé une impression vraiment étrange.
Catherine Deneuve, de passage à Beyrouth pour un gala, déclare : "je veux voir". Et elle part, avec un jeune acteur libanais sur les routes du pays encore marqué par les destructions (le film est produit en 2008, alors que la reconstruction est déjà commencée).
Hormis le gag involontaire d'entendre la grande Catherine appelée tout au long du film "mademoiselle Deneuve", alors qu'elle fait quand même ici assez mémère riche dans son allure, le film prend la forme d'un road-movie d'une icône du cinéma, filmée alors qu'elle regarde, et qu'elle discute avec son guide des problèmes de sécurité routière sur l'autoroute de la côte du pays.
On voit ainsi que les chebab du Hezbollah ne respectent même pas Catherine Deneuve, puisqu'elle est priée de filer en vitesse quand elle visite la banlieue sud. Catherine Deneuve se perd dans un village détruit. Catherine Deneuve hurle de trouille en entendant une attaque fantôme des Israéliens (des avions qui passent le mur du son à basse altitude juste à côté). Elle pose avec des soldats français de la Finul et voit les Israéliens entretenir la clôture qui marque la frontière. Catherine Deneuve s'entend aussi réciter (en arabe) par son guide un de ses monologues dans "Belles de jour", le tout mélangé avec son retour final le soir, pour assister au gala.
Un film assez curieux, donc. L'image est belle, l'ambiance poétisée, si elle peut paraître artificielle, est assez prenante. Et si on veux voir, on ne voit rien. Pas de mise en perspective, peu de vision, au fond, de ces destructions, et des gens, qu'il est interdit de filmer. Une heure quinze sur un regard qui ne dit rien ou presque.
On sort de là en se demandant ce qu'on a bien pu faire depuis une heure, avec l'impression d'être passé à côté de quelque chose, mais quoi ?