J'ai testé pour vous American Nightmare 2, anarchy, en avant-première au Gaumont Parnasse la semaine dernière. Pour tout dire, j'ignorais jusqu'à l'existence de ce film, apparemment tourné directement après le 1, dans la mesure où celui-ci date d'il y a un an à peine. La présentation qui suit ne spoile pas le film, je suis resté volontairement vague sur l'intrigue en elle-même. Mais ce qu'il faut retenir du film, c'est qu'il a été tourné juste après le 1, dans l'urgence, et ça se voit...
L'intrigue est simple et s'impose d'elle-même pour tous ceux qui ont vu le 1. Le premier film se passant en huis-clos dans une maison "bien" isolée des folies meurtrières de la Purge, celui-ci se passera en grande partie en extérieur, où s'allieront pour survivre un homme voulant profiter de la Purge pour régler un compte personnel, un jeune couple en instance de séparation qu'une panne de voiture a tenu loin de leur logis et une jeune mère et sa fille agressées chez elles par une mystérieuse organisation lourdement armée.
Le point de départ était intéressant et nous promettait même un film aux allures de Warriors/guerriers de la nuit, sans doute son principal modèle étant donné le soin apporté aux looks des "purgeurs". Les premières minutes sont prometteuses, nous laissant espérer un film à la Hostel 2, qui conserve l'ambiance originale tout en approfondissant l'univers mis en place dans le premier film. Las ! (j'ai toujours rêvé d'écrire Las, surtout avec un point d'exclamation après...) Las ! donc, la suite n'est clairement pas au niveau car si la focalisation du récit sur divers personnages lâchés dans les rues en pleine purge laissait augurer une vision d'ensemble approfondie du fonctionnement de la purge et de ce qu'elle révèle de la société américaine et de ses dysfonctionnements, malheureusement, ça tourne très vite au survival basique et vaguement crétin, les personnages prenant des décisions incompréhensibles et ce malgré quelques bonnes idées disséminées ça et là et qui, mieux exploitées, auraient pu donner naissance à deux ou trois films différents.
Et c'est là le principal problème du film : il aurait pu compléter parfaitement le premier mais non seulement il n'y apporte finalement rien mais en plus, il ne parvient pas à en retrouver l'ambiance. Passées les premières minutes où notre couple d'automobiliste se retrouve en rade sur la route et où leur isolement fait frémir, on a juste droit à une promenade dans la ville où on assiste de temps en temps à une mise à mort de figurants tandis que nos héros échappent à leurs poursuivants avec une déconcertante facilité : ils sont poursuivis, tournent à l'angle d'une ruelle et c'est fini. D'où le sentiment de film puzzle regroupant différentes idées de scènes inachevées, comme s'il avait fallu lancer la production dans l'urgence pour capitaliser sur le petit succès du premier film au B.O.
Et je passe sur les séquences proprement idiotes comme notre héros qui flingue un allumé de la sulfateuse et qui, le voyant se relever lentement, difficilement, avant de mettre péniblement son arme en route, préfère faire monter tout le monde dans sa caisse customisée (ce qui prend déjà une plombe) et fuir en se faisant mitrailler aux balles perforantes (ce qui aura des conséquences fâcheuses) plutôt que d'achever son adversaire. Je ne parlerai pas de la séquence chez l'amie d'une de nos héroïnes, au dénouement totalement stupide et gratuit, le genre de scènes qui, mieux amenées, aurait amené une vraie réflexion sur le principe de la purge. Et que dire de cette séquence finale chez les riches, pourtant construite sur la durée du film et qui aurait pu faire un film entier à la Chasse du comte Zaroff et qui se plante à trop vouloir la jouer satire décalée. La scène du début avec le père malade suffisait amplement niveau cynisme...
Bref, American Nightmare 2, c'est ça : un catalogue de petites idées mal exploitées qui aurait pu donner un film vraiment riche et bien construit mais qui se limite à un survival de série B. Sympa pour une soirée entre potes ou pour une sortie ciné pas prise de tête mais ça aurait pu être tellement mieux... Surtout dans la mesure où une des bonnes idées du film (d'où la référence à Warriors), les looks des purgeurs est gâchée par la mise en scène qui, à force de gros plans au ralenti et s'étirant en longueur, les rend grotesques au lieu d'être terrifiants...
Si l'avant-première cherchait à générer un buzz à moindre coût en jouant la carte du bouche à oreille flatteur (le film sort le 23 juillet), c'est raté, parce que les réactions dans la salle durant la séance n'étaient pas spécialement flatteuses...
Bande annonce :
https://www.youtube.com/watch?v=V5P3Oymjz7M