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Capitaine d’un bateau de pêche menacé d’être vendu par son propriétaire, Kang décide de racheter lui-même le navire pour sauvegarder son poste et son équipage. Mais la pêche est insuffisante, et l’argent vient à manquer. En désespoir de cause, il accepte de transporter des clandestins venus de Chine. Lors d’une nuit de tempête, tout va basculer et la traversée se transformer en véritable cauchemar…
Plus de quinze ans après sa brusque avancée économique et artistique, le cinéma coréen continue de surprendre et d'enthousiasmer, notamment par sa capacité à ancrer ses meilleurs films dans la réalité du Monde moderne tout en restant de solides divertissements qui tiennent en haleine d'un bout à l'autre du métrage par leur ambiance craspec et leur application des codes du cinéma hollywoodien à la fois respectés et adaptés à la société locale (certaines scènes n'auraient jamais pu trouver une place dans un film de studio américain).
Produit par Bong Joon-ho, ce premier film réalisé par son ancien assistant réalisateur et coscénariste sur Memories of Murder, est une belle réussite qui renvoie autant aux films de son producteur qu'aux polars de Kim Jee-woon et aux thrillers haletants de Na Hong-jin. Et on retrouve cette tendance du ciné coréen de refuser de jouer la carte du manichéisme, proposant des personnages nuancés même si on ne parle pas de haute psychologie, d'autant plus que certains persos secondaires sont peut-être quand même un peu caricaturaux.
Sea Fog est typiquement le genre de films qui me confortent dans mon choix d'essayer d'en savoir le moins possible sur une oeuvre avant de la voir. Focalisée sur les personnages, leurs quotidiens et l'impact qu'auront leurs problèmes et situations personnels dans les choix qu'ils feront, l'intrigue prend le temps de se poser avant l'élément déclencheur qui va tout faire basculer dans le thriller, sans excès de violence graphique mais avec une bonne dose d'humour noir.
Bref, à l'inverse d'un Une nuit en enfer qui la joue Thriller classique avant de basculer presque sans prévenir dans le fantastique, quand on ne sait rien du film, il y a tout tout de même des parti-pris de mise en scène promettant que l'intrigue ne va pas se limiter à la simple traversée des clandestins mais quand le basculement s'opère, on est tout de même surpris et on reste accroché à son fauteuil jusqu'au bout. De plus, le film relève haut la main le parti-pris du huis clos maritime, exploitant par ailleurs parfaitement la fameuse brume maritime comme vecteur d'ambiance quasi-surréaliste lorsque le film bascule.
https://www.youtube.com/watch?v=jhCjQSSKKM8