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Le grand retour de De Palma après la deception du Dahlia Noir.
Tourné en 18 jours en Jordanie pour 5 millions de dollars ( et distribué sur un nombre ridicule de salles aux Etats Unis), Redacted démontre avec brio de quoi est encore capable son auteur quand il trouve un sujet qui l'inspire.
Sorte de relecture de son film de 1989 Outrages qui parlait d'une histoire assez semblable tirée de faits réels , Redacted navigue entre fiction et réalité pour parler des horreurs de la guerre . Le film est explicitement présenté comme une fiction , mais se base sur un carnage bien réél et , histoire de mieux encore brouiller les pistes, mélange faux documentaire français, reportages fictifs de la télé Irakienne, faux blogs, vidéos diffusées sur le net par des " terroristes proches d'Al Qaïda", enregistrements de caméras de sécurité et témoignage vidéo à la première personne d'un soldat apprenti réalisateur.
Dès la première scène le débat est ouvert sur le rôle de la presse et la véracité des images filmées. De Palma multiplie ensuite les points de vue, mettant en évidence la manière dont les actions des uns et des autres sont ressenties et surtout présentées aux différents publics auxquels ils s'adressent.
Un film militant et très dur en même temps qu'une sacrée leçon de cinéma.

J'ai hâte de le voir et il créé déjà la polémique chez les critiques. Pour certains, c'est un des films les plus importants de ces dernières années et une véritable leçon de cinéma, pour les autres Brian de Palma se concentre trop sur la forme et néglige le fond (personnages caricaturaux, histoire pas assez creusée). Qu'en est-il vraiment? Quelles sont les limites du concept? le film n'est-il pas trop manipulateur dans son approche de l'image?

Dans la mesure où c'est la critique-cliché dès l'instant qu'on parle de DePalma, ça ne va pas a priori me dissuader d'y jeter un oeil... Ca a l'air très intéressant, tout ça !

De Palma a toujours été un formaliste mais sur un tel sujet à thèse, il est bien obligé de se soucier un peu plus du fond que dans un Body double ou un Pulsions. Je suis curieux de voir le résultat qu'il soit positif ou négatif. D'ailleurs, j'y vais dès demain. Et puis personnellement, j'avais trouvé son Dahlia noirassez séduisant.

Je viens de le voir et je suis plutôt déçu. Je vous livre ci-dessous une petite critique :


Le gros point fort de Redacted est de nous faire réfléchir tout le long sur les images de la guerre d'Irak dont nous abreuvent quotidiennement les différents médias (internet compris) et de les interpréter avec des pincettes. L'idée de départ du nouveau De Palma est géniale et à la fois très simple : réaliser un film de guerre sur le conflit en Irak en juxtaposant des images venant du net, de caméras numériques, de téléphones portables, d'appareils photos,...


Outre les réflexions sur l'image et sa représentation, le concept est stimulant parce que dans le cadre du film de guerre on peut imaginer une plus grande immersion du spectateur et un sentiment de réalité accrue. A ce titre, la meilleure scène du film est celle de la sanglante découverte de la mine explosive. Pour le reste, c'est échec sur toute la ligne du concept filmique expérimenté par De Palma. Par rapport à Outrages ou le récent Battle for Haditha, qui sur un fait similaire, bavures des GIs sur la population irakienne, ce Detracted atténue étrangement les sensations et émotions.

Outrages, qui devrait être à présent reconsidéré, réussissait à créer un malaise et le film de Nick Broomfield un dégoût et une révolte grâce à son approche documentariste (même si il s'agit d'une fiction) qui nous faisait croire à la réalité de ce massacre. Pour le De Palma sur la guerre en Irak, rien de tout ça. Il suffit de voir la scène de viol mais surtout la scène de décapitation qui laisse de marbre. On devrait être choqué et avoir du malaise. Cette scène est sensée faire "réel" dans le cadre du film mais étrangement son effet est minime. Pourtant, il s'agit d'un homme qui meurt de manière horrible. Pourquoi cette sensation d'indifférence?

Le concept théorique du cinéaste a beau être séduisant sur le papier, il ne sert jamais vraiment son film. Les scènes devant choquer n'ont jamais l'impact voulu, à quelques rares exceptions. On voudrait avoir l'estomac retourné, la boule à la gorge mais on n'y arrive pas. La forme adoptée dans Redacted que je qualifierais en simplifiant volontairement de docu-fiction est finalement assez bâtarde. Par sa forme, le film lorgne à la fois vers une veine documentariste mais aussi une veine fictionnelle. Il navigue constamment entre ces deux eaux et c'est à mon sens la faiblesse de son dispositif théorique. Outrages tirait en partie sa force parce qu'il assumait totalement son statut de fiction et Battle for Haditha sa forme quasi-documentariste. Je sais que le dernier film cité est une fiction mais Nick Broomfield venant du documentaire en appliquait les recettes dans sa mise en scène et réussissait à créer une sensation de réalité troublante, malgré les acteurs. Après le film était finalement plus que moyen cumulant les facilités morales et quelques gros clichés mais il faisait son effet.

En dehors de ces remarques, le père De Palma est tout de même super léger sur le fond. Son histoire est plate et banale, il n'a rien à dire de transcendant sur la guerre d'Irak en elle-même et il n'évite pas les clichés sur ces différents GIs. Ces personnages manquent réellement d'épaisseur. Il n'est pas aidé en cela par des acteurs transparents qui ne jouent pas en faveur du film.


En dehors de son dispositif formel, Redacted manque de matière et d'originalité pour réellement convaincre. On a l'impression d'avoir vu les mêmes scènes de guerre en mille fois plus puissant dans d'autres films (Outrages par exemple). Certains me rétorqueront que De Palma n'a pas voulu faire un film sur la guerre mais sur sa représentation et sur les médias modernes de plus en plus envahissants. Je leur donnerai raison mais ça me parait un peu court pour remplir un seul film de 90 minutes qui tourne vite en rond. En pensant à l'allusion de Vincent à Beaubourg, je verrais alors bien plus ce genre de concept théorique dans le cadre d'un exposition que dans une salle de cinéma.

Vu hier soir, et je rejoins Gallo31 quand il parle de déception. Pour moi la forme (qui présente soit disant différents points de vue) n'apporte rien au film, et la démonstration de l'horreur de la guerre est non seulement sans originalité mais surtout assez voyeuriste dans les scènes "hard". En plus les acteurs jouent mal. A ne recommander qu'aux beaufs qui hurlent que la guerre c'est trop cool (ça devrait les calmer), les autres n'apprendront rien.

Redacted n'est qu'un concept théorique. Brian De Palma ne va plus loin et c'est ça le problème. Sinon, j'aime bien cette phrase d'un critique (auteur oublié) que je trouve très juste : "De Palme pense en termes de cinéma mais oublie d'en faire dans son dernier film".


Comme les critiques soi-disant intellectuels se branlent sur ce film, j'hallucine

Un peu déçu aussi. Mais de très bons moments. On retrouve son goût pour les plans complexes, maitrisés à un point que c'en est bluffant (la scène du fauteuil).

Le concept est simple, plutôt bien exploité (j'ai parfois douté de l'origine des documents : vrai ou faux) même si il aurait pu trouver plus de médias différents au lieu de faire sans cesse l'aller-retour caméra amateur-reportage-caméra de sécurité.

La dernière scène est géniale.