Udo Kier jeune maigrichon aux grands yeux à fleur de tête interprète le comte de Dracula, qui se voit conseillé par son majordome de quitter sa Roumanie pour aller en Italie chercher des vierges dont il pourrait pomper le sang, seul médecine valable pour sa santé défaillante ; l'Italie est un pays très religieux, selon le majordome, et c'est pourquoi les vierges devraient y être nombreuses.
Dracula embrasse sa petite soeur qui n'est pas du voyage, referme le cercueil sur elle, et monte à l'arrière de l'auto tout en prenant grand soin de se protéger du soleil avec sa manche lorsqu'il doit se déplacer dehors. Nous sommes au début du vingtième siècle.
Il arrive en Italie, descend à une auberge où l'on voit Roman Polanski affublé d'une moustache parmi les figurants, se renseigne sur les familles ayant des vierges à caser, et se voit indiquer la famille Di Fiore, dont sur les quatre filles deux furent déflorées par le domestique qui, aux antipodes du comte de Dracula, est un blond athlétique communiste révolutionnaire qui tous les soirs couche avec les deux soeurs en cachette.
Dracula est de mal en pis, il a des crises qui pourraient s'appeller d'hypohématie, il est pris de convulsions, on a envie de le voir boire. Malheureusement pour lui il aura d'abord l'occasion de mordre les soeurs non vierges, et leur sangs impurs lui causeront de pathétiques vomissements.
J'arrête là ma narration et je passe à l'analyse. C'est du Dracula original, le monstre est une petite chose faible, pitoyable, attachante ; son adversaire, le blond athlétique communiste, en devient le véritable méchant du film et la fin confortera le spectateur dans cette opinion. Udo Kier est un fantastique acteur, on meurt de soif avec lui, on ressent sa frustration lorsqu'il est privé de ce qu'il recherche. D'ailleurs tous les acteurs sont bons.
L'atmosphère est assez pesante ; la mise en scène reste très concentrée, elle ne s'égare pas, elle ne lâche pas le spectateur. L'humour est noir comme il se doit.