Archétype d'un certain genre du film de sport, de ceux mettant en scène une équipe de bras cassés qui tente un dernier baroud d'honneur sous la supervision d'un coach minable. Par le passé, Hill (un réalisateur que j'apprécie beaucoup) a souvent fait preuve d'une certaine tendresse pour ces personnages de perdants magnifiques (Butch Cassidy et le Kid, Waldo Pepper). Ici il préfère plutôt se marrer et ne pas trop se préoccuper de finesse. Il met en scène des hockeyeurs bien bourrins, paillards et un peu demeurés aussi, facilement manipulés par un Paul Newman prêt à tous les coups bas pour maintenir son équipe dans le championnat et éviter sa dissolution (l'arrière-plan social à base de fermeture d'usine est juste effleuré). Sa tactique va consister à diffuser de fausses rumeurs et surtout à tabasser sans pitié l'adversaire, créant un show complétement bordélique qui va les rendre ultra-populaires auprès du public, et donc de possibles investisseurs.
Grâce à la présence de vrais hockeyeurs (notamment les impayables frères Hanson), les scènes sur la glace sont bien efficaces, qu'il s'agisse des moments de vrai sport (tout de même présents) ou des bastons successives, toutes franchement délirantes et qui surviennent de plus en plus tôt. Pas besoin de connaître les règles puisqu'elles sont de toutes façons violées.
Hill enchaîne ça presque comme une série de petits sketches et certains sont vraiment hilarants. Malgré son caractère excessif, presque cartoonesque, cette violence n'est cependant pas toujours plaisante. Newman encourage ses troupes à se montrer les plus agressifs et irrespectueux des règles, et en tant que spectateur on n'approuve pas toujours ce manque de fair-play (position heureusement également tenue par un des personnages du film). Newman apparaît un peu comme un vrai salaud, même si on comprend ses intentions. Celà dit, Hill ne semble pas chercher plus que ça à dramatiser son récit ou a imposer un point de vue critique.
À côté de ces aspects peu subtils, le film est intéressant parce qu'il est encore ancré dans ce registre intimiste et existentiel typiquement 70's, avec notamment des beaux et touchants portraits de quelques femmes de hockeyeurs délaissées.