John Rambo s'est reconverti en Mac Gyver, capable de forger à la main une hélice de bateau parfaite, de temps en temps il va dans son jardin attraper un serpent venimeux pour se faire de l'agent de poche, ou bien il transporte du touriste sur le fleuve. Que fait-il de son argent ? Au lieu de le claquer entre les cuisses des Thaïlandaises, il s'en sert pour acheter des bouts de métal sur lesquels, tel un Cimmérien introverti, il tape du marteau à longueur de journée, en montrant bien les veines sur ses avants-bras aux blondes prosélytes de passage. Il marche d'un pas lourd, on dirait qu'il a des semelles de plomb de scaphandrier et qu'il s'emmerde grave. Il a appris à parler le thaï, il a un bandana ethnique, il est un citoyen du monde exemplaire, si l'on excepte sa parole "I fuck the world".
Mais en lui ça bouillonne. Quand on a goûté au meurtres en série impunis dans la jungle, on sait que ça fait vachement du bien de se vider les douilles. S'il n'y a pas de sexe dans
John Rambo, c'est parce que la guerre y fait office de coït. Ce n'est que lorsque le dernier militaire birman du régiment aura été éliminé que, tel un amant rassasié, Rambo connaîtra la plénitude.
Il y a une telle accumulation de sévices et de morts en tous genres, un tel déferlement d'armes diverses, que la violence figurée ne m'a pas ému. Les computer graphics font péter les humains comme des canettes de coca, ces geysers de sang m'ont fait sourire plutôt que hurler. Et ce boss des méchants, qui fume sa clope en contemplant le spectacle des villageois que l'on fait courir dans les rizières farcies de mines, spectacle qui se reflète dans ses grandes lunettes... mais quel cliché !
Je n'ai pas trouvé d'épaisseur dans les personnages, de profondeur dans le scénario, et cette superficialité a été encore accentuée par les images de synthèse qui m'ont donné l'impression d'être dans un jeu vidéo. La photographie est belle, notamment les très belles vues de paysages, la musique est grandiloquente
Alors en résumé : ce film m'a plu au second degré de par cette exagération de violence qui dégouline comme de la lave, mais je ne le reverrai pas une deuxième fois par peur de m'ennuyer sévèrement.