
Et voici donc le premier vrai film non-smithien de Kevin Smith. Le résultat est un peu bizarre du fait d'un mélange disparate de différents genres. On retrouve bien la patte de Kevin dans les scènes de dialogue (parfois un peu longuettes), avec un style de réalisation plus pêchu, une photo pas dégueulasse et une ambiance horrifique bien foutue. Les fondamentalistes sont tarés à souhait, la tension lors des séquences de poursuite fait vibrer le spectateur, l'assaut de l'ATF est trippant, le script parvient à surprendre quant au traitement des personnages et les acteurs assurent. Tout est bon alors ? Pas totalement en fait : la rupture de ton lors de la conclusion peine à s'accorder au reste du film et en devient même frustrante, ce qui termine donc Red State sur un sentiment mitigé. De plus, cela dilue le propos anti-fondamentaliste (pas non plus hyper subtile, il faut bien le reconnaitre) en montrant que les G-Men ne sont pas beaucoup mieux que leurs détracteurs, ce qui leur donne donc un peu raison.
Malgré tout, le film vaut clairement le coup d’œil, ne serait-ce que pour voir ce dont Kevin Smith est capable lorsqu'il sort du sentier de la geekploitation.
Par ailleurs, les bonus comprennent un discours intéressant de Smith à Sundance où il parle de la quasi-impossibilité de faire désormais un film indépendant, chiffres à l'appui pour expliquer le système de financement démesuré de la promotion. Red State a ainsi coûté 4 millions de $ (à comparer avec le coût des films français évoqué dans le fameux article du Monde) mais un studio distributeur mettrait probablement 20 millions dans la promo, ce qui augmente énormément les recettes nécessaires pour rentrer dans les frais. Smith prend donc le pari de distribuer lui-même le film en lorgnant vers le 0 $ de promo, organisant une tournée américaine de ville en ville de la bobine, à l'ancienne.
Le BR propose également un making-of, pas tip top dans l'ensemble, mais qui contient des extraits de manifestations des fondamentalistes de la famille Phelps (inspirant à 100 % les personnages de Red State) devant les cinés où le film est diffusé, avec leurs pancartes démentes qui vouent tout le monde à l'enfer (Juifs, homosexuels, Obama, militaires américains...). Kevin Smith explique même qu'il est parvenu à en convaincre de venir assister à une séance (dont il sont partis après 7 minutes). Ce genre d'images rappelle bien que la réalité est vraiment à 100 lieues de la fiction.