Gloire au grand Lee Frost ! Aussi à l'aise dans le gestaporn (Love Camp 7) que dans le blacknazisploitation (Black gestapo), il a essayé semble-t-il tous les genres (chouette il m'en reste plein à voir !), et nous allons étudier ce soir un bel exemple de marquisdesadesploitation :
Poor Cecily commis sous le pseudonyme de F.C. Perl.

Lee Frost
Le titre en français, que j'ai choisi pour le titre du post afin de faire de l'audimat, correspond à une VHS de chez Blue One. Je ne l'ai pas vue, elle a l'air assez rare, je suppose qu'elle contient une VF qui déchire tout, je n'ai vu que la VO extended cut avec la scène du donjon en plus.

Désolé je n'ai pas trouvé d'image plus grande.

L'affiche originale
Nous sommes en présence d'une mouture minimaliste de
Justine ou les infortunes de la vertu du divin marquis de Sade. D'après ma médiocre compréhension de l'anglais, Cecily, orpheline, pucelle et prude, donc ultime objet de convoitise pour les prédateurs charnels du Sud de la France, se voit contrainte de quitter l'Angleterre pour venir travailler chez un couple lubrique du Sud de la France. La maîtresse de maison tentera une première approche dans la baignoire, sous l'oeil discret de son époux coquin qui, lors de la poursuite dans les champs de la belle enfant farouche, mourra d'un infarctus, puis la belle innocente, au terme de sa fuite éperdue, se trouvera entrée à son insu sur les terres d'une comtesse, qui serait en droit de lui faire payer de sa vie cette intrusion, d'autant que la petite aura été témoin oculaire d'une bucolique partie fine qui aurait pu être peinte par un Watteau dégénéré. La malheureuse, depuis le début du film, est contrainte par le réalisateur à porter une épaisse perruque blanche, qui a tendance à tomber lorsque la tête est inclinée, tout en écoutant des airs de clavecin et des concerti pour piano, sauf pendant les scènes de poursuite où la musique est très 70s.
Je ne vais pas tout raconter, juste vous dire qu'il y aura une scène de torture en donjon riche en plans nichons, une scène carrément Elvifrance, avec un inquisiteur qui, en plein 18ème siècle dit "des Lumières", ne prend son pied qu'en parvenant à faire avouer, au moyen des frénétiques coups de fouet de son acolyte tortionnaire, aux femmes dénudées et éplorées qu'elle sont bien des sorcières. Sachez au passage que l'excitation de l'actionnaire lorsqu'il perçoit les dividendes n'est rien par rapport à celle du tortionnaire qui aperçoit les divines fentes. Ce type a une machoire carrée, un bandeau de borgne, on dirait un peu le Superman de la BD, il faut le voir fouetter comme un possédé, ça vaut son pesant d'or ! Entre ses mains infectes Cecily acceptera de retourner chez la comtesse et d'obéir à toutes ses injonctions, et peu à peu elle prendra goût à la débauche.
C'est donc vous l'aurez compris un vibrant plaidoyer pour l'amélioration de la condition féminine au 18ème siècle que porte à l'écran Lee Frost, en effet il est impossible de ne pas s'apitoyer sur le sort de la malheureuse Cecily, et quel dommage que ce film soit sorti si tôt, il a raté le festival du film romantique de Cabourg ! Trève de plaisanteries, le film n'a pas la profondeur philosophico-religieuse du livre de Sade, il reste bien plus à la surface des choses, ce n'est pas un bon film, mais il a quand même de beaux passages, ces emperruqués s'ébattant dans l'arrière-boutique d'un antiquaire, par la magie du cinéma, nous bercent avec sophistication, et l'arrière-plan très sombre (pour cacher l'absence de décor ?) est propice à la rêverie.