un putain de film que je me suis refais recemment
Los Angeles 1999. Lenny Nero, flic déchu, mi-dandy, mi-gangster, s'est reconverti dans le trafic de vidéos très perfectionnées qui permettent de revivre n'importe quelle situation par procuration. Un jour, il découvre une vidéo révélant l'identité des meurtriers d'un leader noir.
Gros plan sur un œil grand ouvert. Enchaînement sur un enclenchement de lecteur CD. Et go ! pour un casse hyper-violent qui combine plan-séquence et caméra subjective : pas de course hallucinants, image bleutée, panique, sirènes de police assourdissantes, poursuite sur les toits, musique survoltée… Ouf ! On reste littéralement scotché par la scène d'ouverture de ce techno-trip de science-fiction qu'est Strange Days. Après les surfers baba-grunge de Point Break, Kathryn Bigelow nous entraîne au bord du gouffre dans le Los Angeles orgiaque et futuriste du 30 décembre 1999 – le film date de 1996. Sur fond de chaos urbain, de gigantesque teuf fin de siècle, de violence policière, de racisme, de folie sexuelle et de télétrip, cette drogue d'un nouveau genre, l'action s'attache aux destins croisés de trois personnages : Lenny Nero, sorte d'ange à la beauté du diable, incarné avec sensualité par Ralph Fiennes (Le Patient anglais) ; Mace, à laquelle Angela Basset prête son physique avantageux ; enfin, Faith, mixte de Courtney Love et de PJ. Harvey, jouée par Juliette Lewis (Tueurs nés). Certes, devant une telle densité de thèmes potentiels, le scénario s'emmêle un peu les pinceaux. N'empêche : quelque part entre Orange mécanique et Blade Runner, ce fantastique techno-thriller – produit par M. Bigelow, James Cameron – fonctionne comme une ligne de coke ou un trip à l'ecstasy : énergique, paranoïaque, euphorique.
