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 Sujet du message: The substance - ou comment se prendre une grosse claque
MessagePublié: 10 Juil 2025 0:26 
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Nanardeur + que respectable
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Inscrit le: 03 Oct 2022 17:45
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C'était il y a quelques mois.
Rico disait, à propos d'un quelconque dessin animé plein de souris, de bateau qui coule et de mariage avorté avec des dauphin épaulards volants, "si the substance a réussi à avoir le prix du meilleur scénario, je vois pas pourquoi celui là ne l'aurait pas... Cela dit j'aime beaucoup le scénario de The substance".
C'est donc avec cette seule critique sur le niveau de ce film que je me suis procuré le dvd au cours de mes emplettes hebdomadaires, profitant de soldes au supermarché du coin.

Let's go.
...
Woh...
Ok

Ça faisait longtemps que je ne m'étais pas pris un coup pareil.

J'ai pas aimé ce film.

Il m'a foutu mal à l'aise.

J'ai éprouvé trop de dégout, trop de pitié. Mon curseur d'empathie a fait de saltos sur lui même pendant une bonne partie du metrage.

Alors certes, il y a des gros sabots. Des sacrément gros sabots. Tous les hommes sont des connards. On a compris. C'est pas finaud. Mais dans la vraie vie non plus c'est pas finaud, hein, pas vrai Harvey?
C'est un lieu commun de dire que ce film dénonce les injonctions de beauté qui pressurisent les femmes. Pourtant, ça fonctionne. On comprend l'héroïne (les héroïnes ?) qui choisit ce biais, on ressent sa souffrance, sa vie ramenée à sa plastique, son univers qui ne tourne qu'autour de son corps, et son aura qui s'efface au rythme d'une horloge biologique fatale.
Le choix des plans est audacieux, bien sûr pour beaucoup c'est déjà vu, le choix d'objectif grand angle en gros plan déformant, c'est du terrain connu quand vous êtes fan de Jeunet de la belle époque, mais là encore, dans du cinoche (franco)-américain, c'est rafraîchissant. On a droit à pas mal de plans plutôt cool, notamment dans les scenes où apparaît Demi Moore, pour appuyer le lent décrochage du personnage, puis le dévissage total et non chorégraphié de sa descente aux enfers.

Dennis Quaid a beau avoir un petit rôle, il incarne ici le Male Gaze à lui tout seul (enfin pas tout seul quand même, mais une grosse partie). Le voir incarner le Mal m'a pris en contre-pied, moi qui l'ai découvert enfant dans l'Aventure Intérieure, et dans l'Etoffe des Heros. Faut dire que le voir décortiquer et bouffer des crevettes de manière plus crade que la scene du repas de Denethor dans le Retour du Roi pose le personnage.

Le scénario est un peu cousu de fils blancs, du moins jusqu'au dernier acte. Quiconque aura vu La mort vous va si bien connaitra la fin du film, ou du moins le déroulé de ce film qui ne fait que pointer du doigt la vanité de l'existence. C'est dommage, on perçoit à l'avance là où nous amène l'autrice, alors il y a peu de surprise. On sait que l'équilibre va etre rompu, on sait que le pacte va etre violé. Et on attend, avec la délectation d'un lecteur de Closer, que le scénario valide nos extrapolations. Il y a un peu ici de l'esprit Torture Porn que je n'ai pas l'habitude de regarder, mais qui, réparti dans une histoire plus habile, reste acceptable.

Margaret Qualley est belle. Trop. Sexualisée. Oversexualisée. Overthetopsexualisée. Elle remue du cul, balance des coups de pelvis, se cambre beaucoup trop, bref son corps est mis en relief, et elle prononce son propre nom avec autant d'érotisme qu'un effeuillage de Dita von Teese. Sue (son personnage) prend une place de plus en plus envahissante au point de devenir insupportable à la vue de son alter ego (Demi Moore). D'ailleurs, si l'on ecarte sa plastique, son personnage est inintéressant, potiche et dénué de la moindre subtilité. Ou comment devenir une bimbo cruche. Pas subtil, c'est vrai. Mais est ce que c'est de la subtilité qu'on demande à Miss Univers?

Demi est juste sublime dans son rôle de femme qui ne se reconnait plus, et dont sa propre vie lui échappe. A mi parcours, un évènement nous fait comprendre que le film ne faisait que s'échauffer, et que Demi ne faisait que commencer sa descente aux enfers.

Une chose également remarquable. Il est rare de voir des corps nus dans le hollywood moderne. Du moins pas des corps nus qui ont vécu. Et c'est assez rare pour s'arrêter dessus. On filme Demi sans filtre. Dans les premiers plans, surement avec peu de maquillage (et quelle belle femme), et je pense que cela est fait pour souligner l'ambivalence du propos : quelle belle femme / plus assez pour ce milieu.

The substance pioche dans l'imaginaire de beaucoup d'oeuvres : le portrait de Dorian Gray, Dr Jekyll et Mr Hyde, la Mort vous va si bien, la filmo de Cronenberg (ou de Verhauven ?) avec un appétence certaine pour la transformation et la mutilation.

J'en suis ressorti vidé, triste, un peu dégouté. Le dernier segment n'était pas utile, le film aurait pu s'arrêter 20 minutes avant la fin, lorsque Sue part à la recherche d'une échappatoire que l'on sait inexistante (sa solution violant la première règle). Meme sans cette fin, le mal (vraiment?) est fait. Devant cet enorme constat d'un gâchis sanglant qui n'aura mené qu'à une perte seche, d'une souffrance lancée en cercle vicieux, d'une beauté fanée passée au lance flamme par un scénario exempt de tendresse, on se sent soulagé de voir le générique arriver.

Et pourtant... Quelle claque...

Il y a peu, je discutais sur l'absence de subtilité avec laquelle les idées progressistes étaient distillées dans les scénarios actuels. The substance m'a prouvé le contraire. C'est beau, c'st osé, c'est subtil tout en y allant en sabots taille 75, c'est graphique, inventif et inattendu.

Certes c'est pas parfait, mais quand même. Je recommande. Au moins une fois.

Une dernière pensée pour le personnage de Fred, le gentil couillon, que j'ai pensé au départ être le rattachement à la réalité du personnage d'Elisabeth, mais, avec le recul, que je suppose finalement etre un piège qui ramène à tous les hommes qui pensent en voyant Elisabeth (Demi Moore) se morfondre et paniquer devant le constat de sa vieillesse "mais non Demi, t'es tres bien comme ça, et moi je saurai te faire oublier tout ça".

Je ne suis pas sorti indemne de The Substance. Dans un autre post, j'avais avoué avoir vécu une petit Epiphanie en lisant Pique Nique au bord du chemin (des Strougatski). The substance m'a foutu un coup dans la tête. Un gros. Avec une semelle coquée. Il m'a fait m'interroger sur le rapport au corps, à la sexualité, à la vanité, à l'image injonctive qu'Hollywood met en avant, à ce que nous sommes, devenons, et sur les choix que nous pouvons faire sur le peu de temps qui nous est compté. Peut etre ces questions étaient elles coincées au fond du bocal, et que ce film a été le coup de pied necessaire pour les faire remonter à la surface.

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Festival de la tarte à la va... Mais qu'est-ce que c'est que cette connerie? Il est où, mon "che" ?


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