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MessagePublié: 07 Oct 2009 14:06 
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Donc, ce serait plutôt une production Asylum avant l'heure. Si Nation est le premier vrai blockbuster, peut-on considérer Race comme le tout premier mockbuster?


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 Sujet du message: Re:
MessagePublié: 15 Oct 2025 2:22 
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Alcatel a écrit:
En réponse, l'année suivante, Griffith réalise "Intolérance", qui dénonce la haine humaine... et notamment celle des prêtres juifs envers Jesus de Nazareth... :?

Ca c'est normal de la part d'un pro-KKK comme Griffith. Le Ku Klux Klan n'est pas seulement raciste envers les Noirs, il est aussi violemment antisémite (et anticatholique). En plus d'avoir "tué le Christ", les Juifs sont à la tête du complot visant à remplacer les Blancs par les Noirs (ZOG).

A noter que Griffith a fait Intolérance parce qu'il s'estimait victime de la haine des détracteurs de Naissance d'une Nation !!

Cela dit, Intolérance est un très grand film, infiniment moins nauséabond que Naissance d'une Nation.

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Birth of a Nation est certes la première fresque épique hollywoodienne, mais n'est pas le premier long-métrage de fiction moderne (Louis Feuillade avait déjà fait tout ce qu'a fait Griffith, et en mieux). C'est cependant Griffith qui a montré qu'on pouvait faire des films très longs sans les diviser en serial et sans lasser le spectateur. Marvel et DC Comics lui doivent tout.

Visionnaire sur le plan formel, le film est techniquement très bien construit pour l'époque, on ne peut pas dire. Les plans de batailles témoignent du gros budget dont a disposé Griffith et le montage est très novateur pour l'époque. On savoure la technique irréprochable de ce film, qui n'invente pas tout (contrairement à ce qu'affirment certains), mais qui contribue grandement à créer un langage cinématographique universel. C'est typiquement un film pour cinéphiles.

Maintenant, je dois dire qu'on a ri à de nombreuses reprises en le revoyant avec un ami cinéphile, tellement c'est fait avec de gros sabots. Tout d'abord, ce n'est pas un film de divertissement, soyons clair, c'est un pamphlet politique de 3 heures. La propagande passe toujours mieux si elle est enrobée dans le grand spectacle et les émotions, c'est tout. Griffith était certes un grand artiste, mais a fait le film parce qu'il avait des choses à dire, et s'il révolutionne le cinéma, c'est pour le mettre au service de son idéologie. Point. Et difficile, voire impossible, de faire abstraction des délires révisionnistes du vieux Griffith pendant le visionnage. Le film est un chef-d'œuvre uniquement parce qu'il date de 1915. S'il était sorti en même temps que La Chute de Berlin, il cocherait toutes les cases du nanar.

Concernant l'aspect révisionniste délirant, Griffith nous explique que le Ku Klux Klan est une sorte de Fantastic League ou d'Avengers avant l'heure, créé vers 1872 en réaction à la prise de pouvoir des Noirs dans les états du Sud (et aux Etats-Unis en général) et à la tyrannie que les "gens de couleur" avaient instauré, poussant l'ignominie jusqu'à autoriser les unions entre Blancs et Noirs, obligeant les pures jeunes filles blanches du Sud à se suicider pour échapper au déshonneur d'être touchées par des Noirs lubriques devenus tout puissants. Rappelons qu'en vrai, le Klan a été fondé dès le lendemain de la guerre civile, en décembre 1865, et était une organisation paramilitaire terroriste qui commit d'emblée des milliers d'assassinats et/ou de viols particulièrement atroces contre des Noirs et des abolitionnistes blancs, dans le seul but d'empêcher les Noirs d'aller voter et d'instaurer la ségrégation raciale de facto, et que les troupes fédérales étaient assez démunies face à cette terreur aveugle. La campagne du KKK a été tellement sanglante et efficace que le mouvement s'est progressivement dissout de lui-même durant les années 1870, victorieux. Les Noirs, tout juste libérés de l'esclavage, n'ont pas eu le temps de prendre part à la vie politique, et c'est pour eux que la "Reconstruction" du Sud fut une période de terreur, pas pour les bourgeois WASP rastons comme Griffith. Les Codes Noirs instaurés par les Blancs les contraignaient en outre à travailler pour leurs anciens maîtres, ceux qui tentaient de s'enfuir du Sud étaient traqués, et ils restèrent dans la misère.

Outre le racisme omniprésent, obsessionnel, avec ses Noirs joués par des Blancs grossièrement passés au cirage qui sont tous des violeurs, des pillards et des ivrognes (sauf le vieux couple de vieux esclaves fidèles, soumis et satisfaits de leur sort, la grosse mama et le vieux simplet, cliché que l'on retrouvera dans Autant en emporte le vent) et qui obligent les anciens soldats nordistes et sudistes à s'unir dans, je cite les intertitres, "la défense de leurs droits aryens fondamentaux" face à "l'anarchie et au règne de terreur des nègres", le film est un long catalogue de clichés en tous genres : romantisme cucul, héroïsme de pacotille, humour d'un autre temps, manichéisme primaire avec méchants grimaçants et gentils avec un manche à balai dans le fondement, imagerie chevaleresque ultra-machiste, etc. Le plus navrant est de voir quelques véritables acteurs noirs participer à ça, au milieu de figurants maquillés comme dans Le Chanteur de Jazz qui en font trois tonnes dans leurs rôles de sous-hommes simiesques et cruels. Sans oublier les mulâtres, sortes d'aberrations contre-nature, dotés de la fourberie du Noir et de l'intelligence du Blanc, ce qui les rend redoutables.

Ce n'est pas du tout subtil, le registre joue sur des émotions primaires, mais ça passait super bien aux yeux émerveillés du public de 1915, public acquis d'avance au discours haineux du film. C'est un long dégueulis de haine, que Griffith a le culot de présenter comme un film pacifiste, et qui n'a pour seul but que de stimuler les pires instincts des spectateurs. C'est un film fait dans le but de donner aux gens qui sortent de la salle de cinéma l'envie de tuer quelqu'un, de préférence un Noir ou un "socialiste" bien sûr. Toi aussi, deviens un super justicier masqué défenseur de la veuve et de l'orphelin aryens, comme les héros du film !

A voir pour le contexte dans lequel a été produit le film : le président démocrate Woodrow Wilson venait d'instaurer la ségrégation raciale au niveau fédéral (la ségrégation était officielle, institutionnalisée et reconnue par la Maison-Blanche dans les ex-états confédérés depuis 1896, elle s'étend désormais à tout le territoire américain), et Birth of a Nation, initiative privée comme quasi toute la propagande américaine, était un blockbuster pro-Wilson, visant à pousser le président suprémaciste blanc et nostalgique de l'esclavage à aller beaucoup plus loin dans la ségrégation. La réunification entre Nord et Sud, entre Républicains et Démocrates, grâce à la ségrégation raciale est la véritable "naissance d'une nation" du titre. C'est glaçant.

Wilson a fait projeter le film dans la Maison-Blanche, a fait l'éloge du film et de son message ("C'est comme de l'Histoire écrite en lettres de feu. Mon seul regret est que tout ce qu'il raconte est terriblement réel."), et le film de Griffith a ressuscité le Ku Klux Klan de ses cendres. Le KKK est aussitôt devenu une organisation officielle très en vue, comptant 20 millions de membres dans les années 20 (dont le futur président démocrate Harry Truman). Pour être dans le coup, il fallait être membre du club. L'organisation a alors déclenché une nouvelle vague de terreur, plus terrible encore que la précédente, avec le feu vert du gouvernement. Birth of a Nation, officiellement "le plus grand film de l'Histoire du cinéma", a directement engendré des milliers de morts aux Etats-Unis. Ne serait-ce que pour cet aspect, c'est un film historiquement important.

L'influence du film sur le cinéma de propagande des régimes totalitaires est évidente, que ce soit des films fascistes, nazis (Le Juif Süss et Le Président Kruger notamment) ou soviétiques (par exemple l'ultranationaliste Alexandre Nevski ou encore... ben oui, La Chute de Berlin doit tout à Griffith). Et surtout, son influence sur tout un pan du cinéma hollywoodien est énorme. Avec le carton du blockbuster de Griffith, les distributeurs et les producteurs ont pris conscience que le racisme était vendeur. Et se sont mis à produire tout plein de films nostalgiques du vieux Sud, reprenant les poncifs du film de Griffith pour nous expliquer que l'esclavage, ce n'était pas si terrible, et que les vrais racistes étaient les Nordistes : Autant en emporte le vent, Je n'ai pas tué Lincoln, Mélodie du Sud, L'esclave libre... Des classiques et des bons films pour la plupart, qui sont à revoir sous le prisme de cette mode pro-sudiste dominante à Hollywood jusqu'au mouvement pour les droits civiques dans les années 60. 50 ans de stéréotypes hollywoodiens WASP sont nés avec ce film.

On prétend que l'Histoire est écrite par les vainqueurs, mais force est de constater que ce sont plutôt les vaincus de la guerre de Sécession qui l'ont raconté et imprimé dans l'imaginaire collectif.

A noter que c'est cette œuvre qui a aussi créé et popularisé le costume officiel des membres du Klan (le Klan original des années 1860 portait juste des cagoules lambda).

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 Sujet du message: Re: Birth Of A Nation - DW Griffith - 1915
MessagePublié: 15 Oct 2025 17:46 
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A cet excellent exposé, il me faut ajouter une nuance, qui loin de te contredire, apporte de l'eau à ton moulin, cher Tillman.

Tu dits que ce film, et toute la sordide Histoire dont il est le tributaire et le fer-de-lance, est un contre-exemple de la maxime sur "L'Histoire est écrite par les vainqueurs". Mais le Sud n'a PAS été vaincu. Pas dans les formes. L'assassinat de Lincoln a eu comme conséquence de permettre aux Sudistes des largesses que le président, même s'il était en définitive un modéré, n'aurait jamais laissé passé s'il avait vécu.

Le premier assassinat présidentiel de l'Histoire a permis le maintien de bien des institutions et lois racistes sur le continent américain.
Birth of a Nation en est hélas l'exemple culturel le plus parlant.

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"si les nuages portaient des jupes, tu présenterais la météo !"
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 Sujet du message: Re: Birth Of A Nation - DW Griffith - 1915
MessagePublié: 16 Oct 2025 0:03 
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Merci, mon bon Red Dear, tu fais bien d'insister sur ce point.

Le film pose aussi les bases du mensonge révisionniste selon lequel Lincoln était un allié du Sud, et que c'est son assassinat qui aurait permis que les ex-états confédérés soient saignés à blanc et opprimés par le Nord. Griffith a aussi réalisé un biopic sur Abraham Lincoln, que je n'ai pas vu, mais ça doit aussi délirer pas mal. Globalement, la haine de l'autre reste une constante dans son œuvre. Dans Martyrs of the Alamo, le racisme anti-Noirs est apparemment lourdement présent et Griffith n'a là non plus aucun complexe à affirmer que la cause des républicains texans, à savoir l'esclavage, était une noble cause. John Wayne s'est bien abstenu d'insister sur ce point dans son Alamo, mais entre les années 1910 et 1960, il y avait quand même certaines choses qui ne passaient plus. Dans Cœurs du Monde, le wilsonien Griffith, après une intro "pacifiste" nous expliquant que la guerre entre Nord et Sud n'a servi à rien, nous sert une heure trente de propagande guerrière belliqueuse dénonçant les exactions des Boches en Belgique. Encore de la haine va-t-en-guerre sous couvert de pacifisme.

Avec Birth of a Nation, on explore vraiment la face la plus sombre du cinéma, car non seulement le fond est abject, mais en plus, les conséquences du film furent terribles dans la réalité. A l'époque actuelle, revoir le film fait un peu froid dans le dos, malgré ses aspects kitchs.

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 Sujet du message: Re: Birth Of A Nation - DW Griffith - 1915
MessagePublié: 16 Oct 2025 9:52 
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Merci pour ces explications de contexte très détaillées, Jack :)

Je me demande si le public américain actuel a conscience que de tels films existent. Et quel accueil il pourrait lui réserver. Sans doute quelque chose de très contrasté, entre les progressistes qui seraient logiquement scandalisés par le traitement de l'Histoire effectué dans le film, de même que tous les clichés racistes véhiculés, et les pro-Trump et compagnie qui seraient ravis de voir que la Grande Amérique a toujours été comme ça (les natifs n'ont jamais existé, chut) et que ce serait vraiment trop bien de revenir au bon vieux temps.

La guerre civile n'est pas loin, outre-Atlantique.


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 Sujet du message: Re: Birth Of A Nation - DW Griffith - 1915
MessagePublié: 16 Oct 2025 10:47 
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Merci pour ton retour, Mornagest. :)

Mornagest a écrit:
La guerre civile n'est pas loin, outre-Atlantique.

Tout à fait, c'est vraiment de plus en plus inquiétant. La polarisation actuelle de la société américaine, la militarisation de l'appareil fédéral par Trump, et les menées sécessionnistes des Républicains, notamment au Texas, en Oregon et en Illinois, font craindre le pire. Les seules différences avec le milieu du XIXème siècle, c'est qu'aujourd'hui le parti républicain est devenu le camp du suprémacisme blanc et que le progressisme se rassemble chez les démocrates (ancien parti esclavagiste puis ségrégationniste devenu fer de lance de la lutte pour les droits civiques). Et qu'aujourd'hui, le président républicain favorise la sécession et pousse vers la guerre civile. Le pauvre Lincoln doit faire des loopings dans sa tombe en voyant ce que son parti abolitionniste est devenu. Quant au parti démocrate, c'est un parti de centre droit qualifié de communiste par les Trumpistes.

Comme l'a montré Spike Lee dans BlacKkKlansman, Birth of a Nation est un film culte pour le Ku Klux Klan et les racistes en général. Des gens pas forcément cinéphiles, pas forcément emballés par les films muets, mais le mot d'ordre au sein de l'extrême droite aux USA et ailleurs est de dire que Birth of a Nation est un film super, un peu comme Sound of Freedom et Vaincre ou Mourir des studios Bolloré. La qualité cinématographique (réelle) passe au second plan, ce qui prime est le discours.

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 Sujet du message: Re: Birth Of A Nation - DW Griffith - 1915
MessagePublié: 16 Oct 2025 13:23 
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JACK TILLMAN a écrit:
Comme l'a montré Spike Lee dans BlacKkKlansman, Birth of a Nation est un film culte pour le Ku Klux Klan et les racistes en général. Des gens pas forcément cinéphiles, pas forcément emballés par les films muets, mais le mot d'ordre au sein de l'extrême droite aux USA et ailleurs est de dire que Birth of a Nation est un film super, un peu comme Sound of Freedom et Vaincre ou Mourir des studios Bolloré. La qualité cinématographique (réelle) passe au second plan, ce qui prime est le discours.

C'est assez typique des films de propagande, finalement, sauf que celui-ci est (apparemment) bien léché, par rapport à d'autres (If footmen tire you, what will horses do?). Mais ce qui compte, je pense, c'est de confirmer à un public déjà conquis que ses idées sont légitimes.

Si un spectateur objectif tombe sur un film de ce genre, il risque à tout le moins de se poser des questions quant aux faits exposés, sans même parler du traitement caricatural à l'extrême qui est fait des Noirs. Tandis que si c'est un suprémaciste (par exemple), son opinion se confortera grâce à ce qu'il voit à l'écran.

C'est à se demander si les films de propagande ont une réelle utilité quant à convaincre les gens. Mon hypothèse serait que les gens déjà convaincus n'ont plus besoin de l'être, et que les seuls qui pourraient être influencés dans le mauvais sens le seraient plus pour s'accorder à l'air du temps que par réelle affinité avec le discours proposé. L'effet de masse, finalement...

(c'est peut-être pas très clair, désolé :oops: )


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 Sujet du message: Re: Birth Of A Nation - DW Griffith - 1915
MessagePublié: 16 Oct 2025 14:30 
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Hélas, si seulement cela pouvait être le cas...

Malheureusement, la propagande est efficace et l'adage de Goebbels "Plus le mensonge est gros, plus il a de chances d'être crû." se vérifie chaque jour. On pourrait ajouter que plus c'est con, plus ça passe. Un seul film ne va pas laver le cerveau de quelqu'un (et surtout pas un film aussi risible que If Footmen Tire You, What Will Horses Do?, qui ne prêchera que les convaincus). Pour convaincre, il faut matraquer sans cesse. La Russie a ainsi produit des centaines de films ultranationalistes et va-t-en-guerre depuis vingt ans, pour formater la population, lui donner envie d'en découdre. Et ça fonctionne.

Mais un film de propagande peut effectivement éveiller la curiosité d'une personne ignorante sur le sujet traité. Perso, il y a des années, le visionnage de Police Connection, un film des 70's avec Robert Duvall, passablement raciste envers les Porto-Ricains, m'avait incité à me renseigner sur le sujet pour comprendre ce qui pouvait pousser Hollywood à stigmatiser ainsi toute une population ayant pourtant la citoyenneté américaine.

Mais tu as également raison de dire que souvent, les films de propagande sont aussi faits pour conforter un public bien ciblé dans ses opinions (on le voit avec la chritiansploitation évangélique).

Je ne pense pas que la simple vision de Birth of a Nation puisse rendre quiconque raciste. Par contre, si on baigne déjà dedans...

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Dernière édition par JACK TILLMAN le 16 Oct 2025 19:33, édité 2 fois au total.

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 Sujet du message: Re: Birth Of A Nation - DW Griffith - 1915
MessagePublié: 16 Oct 2025 17:20 
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J'ai édité mon post précédent car j'ai dû l'écrire vite fait parce qu'on sonnait à la porte. Désolé si le message n'était pas hyper cohérent pour ceux qui l'ont lu entretemps. :oops:

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 Sujet du message: Re: Birth Of A Nation - DW Griffith - 1915
MessagePublié: 22 Oct 2025 17:01 
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Juste une précision sur le film.
Il est en deux parties. Si dans la première partie, le racisme est là, mais plus insidieux, à la Autant en emporte le Vent, dans la seconde il est complètement déchaîné.
Notamment sur les métis, interprétés par des acteurs plus ou moins grimés, encore plus que sur les Noirs, qui ont quelques personnages vaguement positifs. Les métis aucun.

Sinon, on est d'accord sur le reste. Dernière chose, l'emploi d'un célèbre morceau wagnérien dans la seconde partie inspira nombre de cinéastes. Quand on le découvre, ça remet les choses en perspective.


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 Sujet du message: Re: Birth Of A Nation - DW Griffith - 1915
MessagePublié: 22 Oct 2025 18:45 
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Karate Ninja a écrit:
Juste une précision sur le film.
Il est en deux parties. Si dans la première partie, le racisme est là, mais plus insidieux, à la Autant en emporte le Vent, dans la seconde il est complètement déchaîné.
Notamment sur les métis, interprétés par des acteurs plus ou moins grimés, encore plus que sur les Noirs, qui ont quelques personnages vaguement positifs. Les métis aucun.

Sinon, on est d'accord sur le reste. Dernière chose, l'emploi d'un célèbre morceau wagnérien dans la seconde partie inspira nombre de cinéastes. Quand on le découvre, ça remet les choses en perspective.

Merci beaucoup pour ce retour très pertinent, Karate Ninja. Tu as tout à fait raison à propos du double niveau de racisme du film entre la première moitié soft et la seconde moitié hard, ainsi que pour les métis qui sont montrés comme l'incarnation du mal. Parce que pour Griffith, ils sont une offense aux lois divines et une menace pour la pureté raciale (même si le droit de cuissage des planteurs blancs leur permettait de tromper leur épouse blanche en violant leurs esclaves noires et chaque esclavagiste avait ses "bâtards" métis, une normalité du Vieux Sud qui ne devait pas du tout choquer le père Griffith).

C'est quand même triste que toutes les fresques épiques découlent d'un film à l'idéologie aussi dégueulasse.

Naissance d'une Nation et Autant en Emporte le Vent, ce sont deux époques et deux racismes différents. Dans le second, c'est du paternalisme (un peu à la Tintin au Congo), alors que dans le premier, le paternalisme du début s'efface vite et à la fin, il n'y a plus que de la haine. Un peu comme la différence entre les premiers MSG et MSG 4.

Woodrow Wilson et Franklin Roosevelt était deux présidents démocrates très dissemblables. Bien qu'il ne se soit jamais opposé à la ségrégation (il avait trop besoin des voix des gouverneurs démocrates du Sud, et les Afro-Américains furent exclus du New Deal et furent la population la plus durement touchée par la Grande Dépression), Roosevelt était en privé favorable aux droits civiques pour les minorités. Le parti démocrate avait rompu les liens qui l'unissaient au Ku Klux Klan au milieu des années 20, suite à plusieurs scandales (le Klan étant une organisation ultra corrompue en plus du reste), et la proximité du Klan avec les Nazis, son alliance avec le Bund germano-américain et d'autres organisations fascistes aux USA, l'avaient rendu infréquentable.

On peut le mesurer à la manière dont David O. Selznick a insisté pour fortement édulcorer le roman (qui était aussi une glorification du KKK) en effaçant toute mention du Klan dans le film (il ne reste qu'une scène vers la fin où on voit Rhett Butler et Ashley prendre le maquis la nuit, mais sans jamais évoquer l'organisation ni montrer une seule cagoule). Le producteur ne voulait pas faire de la pub pour ce qu'il qualifiait lui-même d'organisation terroriste. Avec ces aménagements, le classique de Selznick est effectivement beaucoup plus insidieux que le très rentre dedans Birth of a Nation. Quand on était gamins, ma petite sœur m'a demandé si les Sudistes étaient les gentils et j'ai dû lui expliquer qu'ils se battaient pour l'esclavage. Nouvelle preuve que la propagande marche, en particulier sur l'esprit malléable des enfants.

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 Sujet du message: Re: Birth Of A Nation - DW Griffith - 1915
MessagePublié: 23 Oct 2025 8:29 
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JACK TILLMAN a écrit:
Woodrow Wilson et Franklin Roosevelt était deux présidents démocrates très dissemblables. Bien qu'il ne se soit jamais opposé à la ségrégation (il avait trop besoin des voix des gouverneurs démocrates du Sud, et les Afro-Américains furent exclus du New Deal et furent la population la plus durement touchée par la Grande Dépression), Roosevelt était en privé favorable aux droits civiques pour les minorités. Le parti démocrate avait rompu les liens qui l'unissaient au Ku Klux Klan au milieu des années 20, suite à plusieurs scandales (le Klan étant une organisation ultra corrompue en plus du reste), et la proximité du Klan avec les Nazis, son alliance avec le Bund germano-américain et d'autres organisations fascistes aux USA, l'avaient rendu infréquentable.


Il est vrai que les Afro-Américains furent la population la plus durement touchée par la Grande Dépression, en revanche ils ont quand même bénéficié du New Deal, fût-ce de façon beaucoup moins directe que d'autres populations. Suffisamment en tout cas pour voter Roosevelt à 66 % en 1936, ce qui était non seulement du jamais vu à l'époque mais supérieur à la moyenne nationale (60 %). À l'époque, personne ne pensait que cette situation allait durer pendant au moins plusieurs décennies.

Pour le Klan, c'est surtout le fait que son tournant nativiste, anti-catholique et antisémite, beaucoup plus opportuniste et transpartisan que son prédécesseur, selon les régions et les boucs-émissaires locaux à abattre (le Klan des années 1860 était surtout monomaniaque anti-noir) commençait à mettre sérieusement mal à l'aise les démocrates du Nord, qui certes n'étaient pas encore très "pro-Noirs" mais dont la base électorale était beaucoup plus populaire et ethniquement diversifiée que dans le Sud, et souvent hostile à la Prohibition.

Si, au milieu des années 1920, le parti démocrate était encore très divisé et n'arrivait pas à se mettre d'accord pour le condamner clairement (ses divisions incessantes étant une des raisons pour lesquelles il n'a pas pu gagner une seule élection présidentielle au cours de cette décennie), au cours des années 1930, il devenait clair qu'il n'avait pas besoin de son soutien pour l'emporter et qu'il était devenu un fardeau plus qu'autre chose. Le coup de grâce étant probablement venu au cours de la décennie suivante, en partie grâce à Superman (à la radio), qui a fait qu'il n'était plus vraiment possible de le prendre encore au sérieux.


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 Sujet du message: Re: Birth Of A Nation - DW Griffith - 1915
MessagePublié: 23 Oct 2025 18:53 
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Merci, ant28, tu fais bien de rappeler que le soutien du Klan à la Prohibition est aussi une des raisons de sa baisse de popularité (sans oublier les frais d'inscription exorbitants pour être membre du KKK, qui devenaient inabordables après le crash de 29). Et aussi merci à ce bon Superman de les avoir ringardisé ! :puma:

Mais en 1928, le Klan défilait encore en grandes pompes à Washington, et la politique de Roosevelt épouvantait pas mal de monde au Parti démocrate, qui voyaient en lui un "rouge" (alors que Roosevelt ironisait en disant : "Mais bon sang, je m'échine au contraire à sauver le capitalisme !"). Le Parti démocrate des années 30, c'était aussi des figures sulfureuses, comme le gouverneur et sénateur de Louisiane Huey Long, un quasi-dictateur surnommé "le Hitler américain" et "le Mussolini des bayous", rival de Roosevelt, et héros de l'extrême droite sudiste raciste et antisémite. Et l'eugénisme était encore une doctrine d'état, dont s'inspirèrent les Nazis.

L'histoire de ce régime bipartite qui gouverne les USA depuis un siècle et demi est complexe et fascinante. Le Parti républicain était historiquement le parti le plus progressiste des Etats-Unis, et a peu à peu dérivé de plus en plus vers la droite au fil du 20ème siècle, jusqu'à devenir aujourd'hui un équivalent opportuniste du parti fasciste. Démocrate il y a un siècle, le KKK est devenu 100% républicain. Mais ce n'est plus qu'une organisation paramilitaire parmi d'autres.

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MessagePublié: 24 Oct 2025 10:01 
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Roosevelt ne fut président qu'à partir de 1932. Sinon, effectivement, comme tu dis, la politique de Roosevelt épouvantait pas mal de monde au Parti démocrate, y compris Al Smith qui fut le candidat officiel du parti en 1928, qui avait fait campagne sur la fin de la Prohibition et qui fut le premier candidat présidentiel catholique de l'histoire du pays.

L'histoire politique des États-Unis est en effet un cas assez unique dans le monde occidental, mais c'est plus compliqué que de dire qu'autrefois le parti républicain était "progressiste" et le parti démocrate "réactionnaire". Disons que le virage à droite du parti républicain au cours du 20ne vient pas de nulle part.

En fait, pendant tout le 19ème siècle, les deux partis n'étaient pas séparés par un clivage gauche-droite à l'européenne mais par une opposition entre d'un côté un parti pro-industriel, protectionniste et soutenu par les classes supérieures (souvent qualifié de "conservateur" à l'époque, même si, tant d'un point de vue européen qu'américain moderne, cette appellation peut sembler contre-intuitive dans la mesure où c'était le parti qui avait le rapport le plus "pro-actif" à la politique en général, étant souvent favorable à un État fédéral fort et à une modernisation des infrastructures du pays) et un parti à base plus populaire ou rurale et favorable au libre-échange (souvent qualifié de "libéral" mais davantage au sens européen du terme pour le coup, et même avec une interprétation assez réactionnaire en pratique).

Bien sûr, en 1860, il y avait bien des intellectuels progressistes (parfois même laïcards et socialistes) qui votaient républicain, mais ils ne représentaient pas grand chose dans l'électorat de ce parti (et en pratique, ils se sont souvent désintéressés de la politique au cours des années, voire des décennies qui ont suivi la Guerre de Sécession). En fait, la plupart des nordistes avaient voté Lincoln moins par conviction antiraciste qu'à cause de l'idée que l'esclavage représentait un modèle de société concurrent du leur et un frein à la modernisation du pays. D'un point de vue économique, l'abolitionnisme arrangeait particulièrement les patrons nordistes qui y voyaient une libération du marché du travail (inversement, les classes populaires urbaines nordistes, qui détestaient l'idée de se retrouver en concurrence avec des Noirs sur le marché du travail, y demeuraient très hostiles ; parmi elles, on trouvait beaucoup de populations catholiques issues de l'immigration).

Au cours des quelques années qui ont suivi la Guerre de Sécession, le parti républicain avait pleinement retrouvé le rôle de parti pro-industriel et protectionniste de son prédécesseur, et dans la mesure où l'électorat noir lui était acquis, il n'avait pas grand chose à faire pour avoir ses voix (en fait, on peut même considérer qu'il l'a discrètement trahi à partir de 1876). Si les démocrates pouvaient désormais compter sur le "Sud Solide", ils peinaient à gagner des États dans le Nord. Ils ne l'ont emporté pour la première fois qu'en 1884 (et de justesse), près de vingt ans après la fin de la guerre, à la fois en raison du rejet de la corruption représentée par un parti républicain endémique et du rejet de l'aile droite de ce parti par les populations d'origine étrangère et les catholiques (dans le Nord, le parti républicain était déjà par défaut le parti des nativistes et des prohibitionnistes). Mais mis à part qu'il était pour le libre-échange, Grover Cleveland était économiquement tout aussi à droite, si ce n'est plus, que ses prédécesseurs républicains. Les choses ont commencé à changer avec la campagne populiste de William Jennings Bryan en 1896, puis avec Wilson en 1912 (c'est d'ailleurs à ce moment-là que l'aile progressiste des républicains, réunie derrière Theodore Roosevelt, avait quitté le navire). Les démocrates avaient compris que pour gagner, il leur fallait élargir leur électorat vers les mouvements populistes et progressistes du Nord.

Le New Deal a encore davantage changé les choses. Pour la première fois de l'histoire du pays, grâce aux politiques sociales de Roosevelt, les Noirs votaient majoritairement démocrate. Une fois ce processus enclenché, les républicains ont eu énormément de mal à reconquérir cet électorat. Même un modéré comme Eisenhower, qu'on pouvait encore voir comme pro-actif sur le plan des droits civiques (davantage en tout cas que son rival démocrate de l'époque, Adlai Stevenson), n'avait pas réussi à retrouver de majorité absolue au sein de celui-ci.

Au début des années 1960, les deux partis jouaient encore sur les deux tableaux. Le coup de grâce est venu en 1964, lorsque, à rebours de l'héritage politique du GOP, Barry Goldwater est apparu comme le dernier rempart de la ségrégation face au mouvement des droits des civiques. Beaucoup de Noirs, même parmi ceux qui jusque là votaient encore républicain, l'ont vécu comme un traumatisme et ne l'ont jamais vraiment pardonné. Quand on combine ça à la "stratégie sudiste" des années d'après, on comprend mieux pourquoi encore aujourd'hui, le parti démocrate réalise des scores écrasants chez les Afro-Américains.

Le truc, c'est qu'avant le mouvement des droits des civiques, les "cons" étaient mieux répartis entre les deux partis. Après quoi, pour simplifier, les "cons" de chaque camp se tous retrouvés dans le même parti, et on en est actuellement au stade où le parti républicain s'est tellement "enrichi" en "connerie" qu'il s'est transformé en arme nucléaire.

Voilà, c'est un résumé très succinct de l'histoire politique américaine, fait de mémoire, mais quand on voit les choses dans leur globalité on est un peu moins surpris de comment les choses ont tourné aujourd'hui.


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 Sujet du message: Re: Birth Of A Nation - DW Griffith - 1915
MessagePublié: 24 Oct 2025 19:04 
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Oui, bien sûr, je ne voulais pas dire que les Républicains du 19ème siècle étaient de doux idéalistes. :wink: Leur démarche était bien entendu tout aussi pragmatique et cynique que celle d'Alexandre II exactement au même moment (même si la situation de la Russie n'était pas du tout la même qu'aux USA et que l'abolition du servage a au contraire évité à la Russie de sombrer dans la guerre civile, c'était dans les deux cas pour des mobiles bassement politico-économiques et pour faire entrer les deux pays dans l'ère industrielle, même si ça a sensiblement mieux fonctionné aux States que dans l'empire tsariste).

Encore une fois, je te rejoins complètement : le clivage gauche/droite ne s'applique pas à la politique américaine, comme par exemple entre gaullistes et socialistes en France. C'est un pays où le capitalisme est si enraciné qu'il faut vraiment être un trumpiste lobotomisé pour accuser quelqu'un comme par exemple l'actuel gouverneur de Californie d'être d'extrême gauche. :lol:

Et je citais la grande marche du Klan de 1928 à titre d'exemple pour montrer que, bien que son étoile commençait à pâlir, le Klan avait toujours pignon sur rue dans les années 30. :wink:

En tout cas, c'est un plaisir de lire ton résumé historique qui est passionnant. Merci encore à toi, j'ai appris des trucs. :)

Cependant, je pense qu'on peut dire que globalement le Parti républicain sous Abraham Lincoln était porteur de valeurs sensiblement plus libérales (au sens anglo-saxon du terme) que le Parti démocrate à la même période. C'était encore plus que jamais le parti de John Brown. Même si l'objectif des Nordistes était aussi la colonisation du Far West, qui ne put être accomplie qu'après la victoire du Nord (une conquête de l'Ouest qui s'est d'ailleurs poursuivie avec une rare brutalité pendant toute la guerre de Sécession, et où les Nordistes ont d'ailleurs enrôlé des prisonniers de guerre sudistes volontaires pour aller massacrer des Amérindiens; mais les Confédérés firent aussi la guerre aux Amérindiens dans le même temps). Sans oublier qu'au moins un quart des pionniers de la conquête de l'Ouest étaient des Noirs (que le western hollywoodien classique a soigneusement invisibilisés) et le nombre de soldats afro-américains qui prirent part aux guerres indiennes.

Même si là encore, Lincoln était un modéré (de mémoire, il fit par exemple réduire des deux tiers le nombre d'Indiens condamnés à mort dans ce qui reste à ce jour la plus grande pendaison collective de l'Histoire des Etats-Unis), les pires horreurs furent commises sous sa présidence par l'armée fédérale, tant envers les Amérindiens qu'envers les populations sudistes. Mais il faut dire que Lincoln était entouré par des généraux qui étaient de vraies brutes sanguinaires (à commencer par le futur président Ulysses Grant), alors que paradoxalement, le général Lee était lui aussi un modéré (ce qui ne l'empêcha pas de servir jusqu'au bout une cause dégueulasse).

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 Sujet du message: Re: Birth Of A Nation - DW Griffith - 1915
MessagePublié: 24 Oct 2025 22:35 
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JACK TILLMAN a écrit:

En tout cas, c'est un plaisir de lire ton résumé historique qui est passionnant. Merci encore à toi, j'ai appris des trucs. :)


De rien, cela fait partie de ma formation de traducteur que de m'intéresser à l'histoire politique des pays anglo-saxons ;)

JACK TILLMAN a écrit:
Cependant, je pense qu'on peut dire que globalement le Parti républicain sous Abraham Lincoln était porteur de valeurs sensiblement plus libérales (au sens anglo-saxon du terme) que le Parti démocrate à la même période. C'était encore plus que jamais le parti de John Brown.


Oui et c'est parce que le sens des mots a changé depuis. En fait, au XIXième siècle aux États-Unis, "conservateur" était quasiment synonyme de "protectionniste" en pratique, alors que déjà en Europe à la même époque le lien entre les deux notions n'était que marginal. Aujourd'hui, "libéral" aux États-Unis est devenu quasiment synonyme de "progressiste", alors qu'il y a à peine plus d'un siècle on pouvait très bien se revendiquer à la fois "progressiste" et "conservateur" sans y voir aucune forme de contradiction.

En fait, à l'origine, le parti républicain était surtout un club de réformateurs sociaux nordistes, protestants et relativement éduqués, qui voulaient moderniser le pays par différents moyens (abolitionnisme, développement de l'industrie, etc...). Peu importe qu'ils aient été considérés comme libéraux ou conservateurs dans leur pays d'origine, le fait est qu'ils ont trouvé beaucoup de résonance dans les courants progressistes en Europe à la même époque. C'est l'institutionnalisation du parti et sa prise en otage par les intérêts financiers qui l'ont peu à peu fait dévier vers le conservatisme par la suite.


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