En fait, le racisme vis-à-vis des aliens est d'abord compréhensible, en raison de leur aspect répugnant (si encore ils avaient été des gentils petits E.T...). Les "prawns" (en français, je crois que çà a été bêtement traduit par "mollusque" alors que le terme désigne une "grosse crevette", ou une "langoustine") font référence à une bestiole ressemblant à un modèle réduit des aliens du film, qui s'appelle la "Parktown prawn" car vivant en masse dans la banlieue de Johannesburg nommée "Parktown".
C'est un insecte tout à fait inoffensif, mais les gens balisent à mort en le voyant, essaient de l'écrabouiller, mais comme ils ont un exosquelette résistant, çà fait en général un gros "craaaaac" et laisse une tache indélébile sur la moquette. Ces bestioles sont apparentées aux wetas de Nouvelle-Zélande, chers à Peter Jackson qui a nommé sa société de SFX d'après eux.
Pour moi c'est clair que Wikus suit d'abord la mouvance générale xénophobe, je crois même qu'il traite à un moment donnée le gosse alien de "fils de pute" ou un truc comme çà si mes souvenirs sont clairs. Lorsqu'il expulse les aliens, il est tout aussi faux-cul que les autorités de l'apartheid qui avaient expulsé les gens du District 6, pour soi-disant les relocaliser dans un endroit "où ils seraient mieux lotis", (en fait les bidonvilles insalubres des "Cape Flats").
Je pense aussi qu'il est fait subtilement allusion aux racisme des Noirs sudafricains vis-à-vis des réfugiés d'autres pays africains, qu'ils accusent de venir leur faucher leur travail. lorsque le black dans le film dit "si encore il étaient de notre planète...mais même pas" beaucoup de Sudafricains blacks ont dit des Zimbabwéens et des Congolais "si encore ils étaient de notre pays..." Une collègue xhosa qui bossait dans la boîte où j'étais dernièrement s'était faite tabasser il y a 2 ans par d'autres blacks en raison de sa couleur de peau jugée trop sombre et qui la faisait passer pour une Zimbabwéenne !
Le racisme en Afrique du Sud est toujours une réalité bien tangible, l'ex-drapeau de l'apartheid flotte encore souvent. un de mes collègues m'a sorti cette blague "quelle est la différence entre un raciste et un touriste?...2 semaines en Afrique". Faut dire aussi que les déclarations du président Jacob Zuma comme quoi "une bonne douche serait le meilleur moyen de se débarasser du Sida" n'arrangent pas les choses.
Je préfère ce film qui, sans prétention aucune, épingle les petits travers des blancs, des blacks, des Nigérians, que l'"Invictus" de Eastwood qui laisse croire qu'après 95 le racisme était mort.
fredevils a écrit:
Comme tu le dis toi-même, le film s'inspire de la réalité, en l'occurrence une Afrique du Sud post-Apartheid, dans laquelle, ô surprise ! les postes les plus élevés dans la hiérarchie sociale (scientifiques, médecins, policiers gradés...) sont occupés par des blancs. Le seul lieu de pouvoir que la communauté noire a pu largement investir, est le domaine politique, c'est à dire tout ce qui relève d'une fonction élective (si je me souviens bien, on voit pendant quelque seconde le Président Sudaf', qui est noir de peau).
Effectivement, dans D9 les noirs sont le plus souvent des subalternes, des pauvres, des déclassés... cette représentation est-elle à ce point éloignée de la réalité ? Faut-il reprocher à Blomkamp de rendre compte, en arrière-plan de son propos (raconter une histoire divertissante, en premier lieu) , de la situation de la société dans laquelle son film prend pied ? J'y vois une caricature, au bon sens du terme, les traits sont grossis mais ils ne trahissent pas le modèle original.
Je plussoie