Troglodyte a écrit:
. . Qu'on aime ou qu'on n'aime pas, on pourrait au moins, par respect pour le travail fourni, s'abstenir d'être méchant, voyons ! Il est bien facile, le cul calé dans un fauteuil, de taper quelques lignes assassines sur un clavier, mais bien moins, il me semble, de réaliser une oeuvre ambitieuse telle que La cité interdite.
Je rebondis là dessus pour donner mon avis : la trilogie fluo de Zhang Yimou, ça devient quand même l'archétype du "quand la forme tue le fond", tout autant que n'importe quelle bourrinade décérébrée, dans le sens où il ne suffit pas de retoucher les couleurs de la pelloche à la palette graphique et faire évoluer ses acteurs et actrices dans des décors fastueux en leur faisant régulièrement pousser de longs soupirs pour faire un bon film. Chow Yun Fat ne bouge pas son gros cul de quasiment tout le film (certes, après tout c'est l'empereur, mais ça déçoit quand même forcément), la morale est très limite si on considère que le film fait partie de ces nouvelles co-prod HK/Chine continentale qui servent au gouvernement communiste de vitrine culturelle à l'international (ici, comme dans Hero, la morale c'est : même si l'autorité suprême a tort, même si elle semble injuste, tais-toi et soumets-toi pour le bien commun), et ce qui est d'autant plus rageant c'est que ce sont ces films là qui arrivent chez nous au cinéma.
En gros, dans les cinémas français, les seuls films asiatiques diffusés (à de rares exceptions près comme les Election de Johnny To ou A Bittersweet life, qui n'ont pas dû tenir plus de 15 jours à l'affiche de petites salles), ce sont soit les gros budgets pourris genre "Shinobi", avec son cortège de guerriers volants enamourés s'affrontant dans des ralentis esthétisants à n'en plus finir et ses couleurs remaniées sur ordinateur, soit les films d'auteur calibrés pour festivals, genre les derniers Kim Ki-duk (qui est en train de s'auto-parodier à force de refaire encore et toujours le même film) ou l'insupportable "Forêt de Mogari" de Naomi Kawase, Grand Prix du dernier Festival de Cannes, devant lequel la moitié du public présent dans la salle où je suis allé le voir s'est endormie. C'est d'autant plus énervant que ces genres de films asiatiques arrivant en France comptent parmi les plus caricaturaux et tendent à conforter le public fermé au cinéma d'Asie dans leurs a priori ("les films de niaks c'est soit des combats dans les airs filmés au ralenti, soit des films chiants où y s'passe rien du tout"), alors que l'Asie produit aussi de bons films de genre, des comédies etc. qui ne sortent que trop rarement chez nous ou confidentiellement.