Un film poignant sur l'une des plus grandes catastrophes de notre époque. Comme le dit Peter, la première demi-heure est intense et nous plonge dans la banalité du quotidien, subitement chamboulé par une horreur qu'on ne pouvait voir venir. Et puis, le film s'enlise peut être un peu. Disons qu'il met de côté la catastrophe de gravas et de cendres pour s'attacher à une autre apocalypse, celle des coeur et des cerveaux. C'est d'ailleurs pertinent dans le sens où on a tous en tête des souvenirs de ce jour précis et rester aussi à côté de ceux qui n'étaient pas dans l'immeuble, avec les proches, les parents permet de se rendre compte d'une autre forme de cataclysme, moins physique plus cérébral. Il est sans doute dommage qu'en voulant aller sur ce chemin, le long-métrage s'embourbe parfois un peu dans le pathos, avec des situations très cinématographiques alors que pour le coup, on sait que c'est une histoire vraie. Un peu plus d'authenticité, moins de violons, auraient sans doute aidé à rendre le tout meilleur.
En fait, c'est à se demander si le film n'a surtout pas été réalisé trop tôt. On veut nous montrer que l'Amérique peut se relever de cette terrible blessure, du coup, on montre ce qu'elle a de meilleur avec tout ce que cela implique de gros clichés patriotiques. Sans doute pour agir comme un effet cathartique. Mais au final, on se dit que c'est tout de même très gonflé de conclure le film sur un happy-end. Idem, la bonne vieille dualité entre le Bien et le Mal, nous est assené à plusieurs reprises, les gens sous les décombres "sont en enfer", c'est eux qui le disent et pour pousser le bouchon, certains verront le Christ en rêve! Je suis croyant donc ça ne me dérange pas de voir ce genre de messages mais il faut dire que dans le cas présent, c'est assez fort du café de nous vendre, en gros, un message qui viserait à dire que la seule chance de s'en tirer dans ce genre de cas, c'est la Foi. Si tu l'as pas, manque de bol, tu meurs. Je crois que c'est un brin plus compliqué que ça, après tout il y avait peut être des gens bien qui sont morts ce jour là, même qu'allez savoir, il y a aussi des gros connards qui ont survécu. Le film ne met aucun gant à ce sujet et la victimisation primaire des américains n'est certes pas très surprenante, mais on aurait apprécié plus de subtilité venant d'Oliver Stone. Il y a bien le personnage du marine qui est un peu tordu, pas tellement là pour aider les gens finalement, mais plus présent parce qu'il est investi d'une mission sacrée, déjà prêt à aller casser du terroristes si on lui demande (un fan de W. Bush en gros). Mais ça ne va jamais très loin et on se dit qu'à bien y réfléchir, Stone réaliserait un tout autre film sur le même sujet aujourd'hui, sans doute moins politiquement correct et avec d'autres qualités.
Mais pour finir, j'avoue que malgré certaines faiblesses, le film m'a bien plu. Il essaie de ne pas faire qu'un film catastrophe et la maitrise d'Oliver Stone nous permet d'apprécier quelques belles scènes avec parfois une influence lostienne très prononcée. Je retiens aussi que Nicolas Cage bien employé peut faire de belles choses, je n'en ai jamais douté mais il faut dire qu'à force de faire n'importe quoi pour payer ses impôts, on finit parfois par oublier qu'il peut aussi livrer des jolies prestations. En ce sens, même si tout n'est pas rose, qu'il y avait moyen de mieux faire, ou plutôt de faire différent, et que surtout on se demande un peu où est passé le Oliver Stone de "Nixon" et "JFK" (ailleurs que dans mon cul, merci), je dirais que le résultat est suffisament bien foutu pour m'avoir touché et ému.
_________________ la-li-lu-le-lo
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