Remontage de topic de la mort, parce que
1 - il serait temps de déplacer le topic en club des cinéphiles 2 - j'ai relu la BD il y a quelques jours.
Ce que je voulais rajouter :
Plus ça va, plus j'ai l'impression qu'Alan Moore va au-delà des références aux super-héros classiques dans les personnages : si le Hibou est une sorte de Batman mou du genou,Rorschach semble plutôt inspiré de Travis Bickle dans Taxi Driver (certains monologues sont quasiment identiques, et dans le film c'est le seul perso à avoir un monologue intérieur). Je ne sais pas trop quel est le modèle de Laurie (Wonder Woman ?), ni du Docteur Manhattan, mais par contre je pense que Doc Savage est une référence forte pour Ozymandias (je crois même que le nom est cité à un moment). Ce qui est intéressant, c'est de voir que Moore a réussi à pousser ces types de personnages à l'ultime bout de leur personnalité, mais aussi qu'il a réussi à rendre cohérent la rencontre de tous ces personnages.
Autre chose que je voulais rajouter : j'ai récemment découvert Il était une fois en Amérique (oui, je sais, la honte de le découvrir si tard), et je suis persuadé que ce film a grandement influencé la bande-dessinée, et par ricochet le film. Tout d'abord par son mode de narration original, entièrement basé sur le va et vient entre le passé et le présent , les différentes époques d'une vie, grâce à des plans sur des objets qui passent d'une génération à l'autre (exemple : le trou dans les toilettes dans le film de Léone). J'aimerais revoir le film des Watchmen pour voir si c'est bien rendu, mais dans la BD, il est hallucinant de voir à quel point on retrouve constamment des leitmotivs graphiques : pas seulement dans des moments clés (la photo qui tombe, le flacon qui vole), mais juste tout le temps. Autre point de comparaison en spoiler la conspiration de Max et la conspiration d'Ozymandias, dans les deux cas de sacrés cas de machiavélisme. Dans un cas, c'est plus ou moins un échec, et dans l'autre plus ou moins une réussite, mais il y a des points de comparaison. fin spoiler
Enfin dernier élément, le moment où Noodle viole la fille, m'a fait penser au viol de Sally Jupiter. Tout d'abord parce que c'est un moment d'anti-héroïsme par excellence, mais aussi parce que Moore tire un truc que Léone aurait pu faire, et n'a pas fait. Dans Il était une fois en Amérique, quand la fille montre son fils à De Niro, l'espace d'un instant, je me suis dit : ça va être le fils de De Niro. Bon, après, je me suis rendu compte que c'était pas du tout l'effet recherché, mais je pense que j'ai été biaisé par les Watchmen : que ce serait-il passé si la fille, au lieu de maudire Noodle, avait cherché à le revoir après ? fin spoiler
Bon évidemment, tout cela est un peu capillotracté, mais j'aime l'idée que Moore, qui est un scénariste ultra inter-textuel, a pensé à tout cela. Les Watchmen, c'est non simplement une réinterprétation de l'histoire des super-héros, mais aussi une interaction avec le cinéma de cette époque. Bizarrement, le film, en collant très fort au récit, ne fait pas volontairement référence à cela, mais seulement indirectement. Malgré tout, les ralentis de Snyder font pas mal sens : si la BD prenait appui sur la narration d'Il était une fois en Amérique, Snyder retrouve un peu de la lenteur, de la magnificence du film de Leone, à travers sa mise en scène en slow motion.
_________________ "But you say : Oh, when love is gone, where does it go ? And where do we go ?" (Arcade Fire - Afterlife)
Je n'aime pas Scorsese (c'est la raison pour laquelle je n'ai jamais vu aucun de ses films). (Elessar - sujet Le loup de wall street)
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