J'ai bientôt quarante ans, et comme tous les bons bourgeois j'ai arrêté de fumer et je m'initie à l'opéra. Bénéficiant d'une bande-son remastérisée en THX DTS, d'une image remastérisée à partir de haute définition, d'un DVD de bonus très intéressants, et du libretto de Da Ponte en italien et en français, cette édition du
Don Giovanni est superbe.
Les décors sont grandioses, il s'agit de la villa Rotonda en Vénétie, et aussi de Venise ; la photographie est précise, avec de belles lumières de soleil déclinant notamment. Les costumes sont du dix-huitième à la sauce seventies futuriste, les amples perruques ont des lignes simples qui font ressortir les visages. Les cadrages sont très précis, avec souvent de grandes perspectives, le montage est calme et majestueux.
Les acteurs sont en fait des chanteurs d'opéra, et c'est leurs voix que l'on entend, pré-enregistrées avec la musique dans une église parisienne sur 16 pistes. Le jeu d'acteur n'est donc, a priori, pas terrible, mais d'une part on s'en fiche puisque c'est avant tout de l'opéra, et d'autre part on se régale à voir évoluer Ruggero Raimondi, qui nous campe un grand Giovanni androgyne à la chair quelque peu molle et poudrée, au regard néanmoins assez inquiétant et vêtu souvent comme le pimp de
Coffy.