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Bon puisque personne n'a parlé du Prix du jury de Cannes 2006, je me lance.


Red Road est le premier film d'une jeune écossaise, Andrea Arnold, et le moins qu'on puisse dire est qu'il est assez surprenant. La première demie-heure est un petit peu longue, le film a du mal à démarrer et on a du mal à voir où veut en venir exactement la réalisatrice. Jackie est une jeune femme, la trentaine, qui travaille comme gardienne des caméras de vidéosurveillance de Glasgow. Pour faire simple, elle est derrière un bureau et regarde avec un certain voyeurisme ce que lui donne à voir ses caméras. Dès qu'il y a quelque chose de louche, elle appelle le QG. On pourrait penser au Peeping tom de Michael Powell mais Andrea Arnold a la bonne idée de prendre un chemin de traverse et d'évacuer toute réflexion sur ce sujet. On arrive tout de même à sentir une fascination et une gêne apparente pour le métier voyeuriste de Jacky. L'empathie et le regard que véhicule Arnold dans ces séquences est délicat et très réussi. Mais ce n'est pas le sujet premier du film. Un soir, Jackie va apercevoir sur les caméras un homme surgi de son passé et qu'elle aurait préféré oublier...


S'en suit une histoire de vengeance qui sur le fond devrait être rabâchée et pas original pour un sou. Mais Andrea Arnold, outre sa mise en scène maîtrisée et énergique (l'alternance de gros plans et de caméras à l'épaule réussit à créér une véritable proximité avec l'héroîne.) s'en sort grâce a un véritable talent pour la dramaturgie. Cette jeune réalisatrice écossaise a du culot à revendre et le côté casse-gueule qu'emprunte son film emporte largement le morceau. Arnold veut remuer et y arrive parfaitement lors de longues scènes osées fascinantes (la fête et la scène de sexe insoutenable) mais jamais gratuites. On ressort de ce film carburant à l'instinct dérangé, mais dans le bon sens du terme.
Si on y rajoute une belle poésie (la scène du vent), un sens visuel certain, Red Road est un étrange et beau premier film, une sorte de thriller quelque part entre Ken Loach pour le réalisme social, les Dardenne pour l'énergie de la mise en scène et les bons films du dogme pour le côté casse-gueule (Les idiots et Festen).

Pour ma part la découverte de l'année 2006 et une réalisatrice qui demeure à suivre.