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Dr. Mabuse, der Spieler - Ein Bild der Zeit)
Le Dr Mabuse (Rudolf Klein-Rogge), chef d'un gang de dangereux criminel, sème la terreur dans une ville allemande en se livrant à toutes les entreprises imaginables : hold-ups, trafic de fausse monnaie, contrebande... Le Dr Mabuse lui-même, grâce à ses pouvoirs hypnotiques et à sa science du déguisement, s'amuse à aller lui-même dans des casinos où il fait à chaque fois sauter la banque en trichant. Un super-flic, le Commissaire von Welk (Bernhardt Goetzke) a identifié la patte d'un même gang derrière tous ces crimes et décide de démasquer Mabuse. Chouette souvenir que ce film muet en deux parties (deux fois 1h30), où Fritz Lang nous livre une sorte de serial plutôt mouvementé, pas aussi inventif que "Les Trois Lumières", "Les Nibelungen" ou "Métropolis", mais réussit tout de même à nous tenir en haleine. Moins "expressionniste" que "Le Cabinet du Dr Caligari", le film n'en relève pas moins de cette tendance du cinéma allemand d'après la Première Guerre Mondiale à raconter des histoires sombres et tourmentées, que l'esthétique noir et blanc restitue à merveille.
Si Rudolf Klein-Rogge, avec sa gueule de hibou, est un excellent Mabuse (mais pour moi son meilleur rôle reste le savant fou de "Métropolis"), j'avoue un faible pour Bernhardt Goetzke, sorte de Gordon Mitchell sobre et émacié, qui retrouve Fritz Lang après avoir interprété le rôle de la Mort dans "Les Trois Lumières".
Une seule petite déception en ce qui me concerne : dans le film original, le Dr Mabuse est un simple criminel diabolique et pas un savant fou visant la conquête du monde. Cette notion, qui est attachée au personnage, apparaîtra avec le film suivant, "Le Testament du Dr Mabuse" (1933), excellente suite là où Fritz Lang aurait pu se contenter d'un remake parlant. Elle sera encore développée avec la série des années 1960, où Mabuse devient une sorte de Fantômas.
