. . Si vous voulez avoir une idée de ce qui se faisait au Japon l'année où la Sorbonne était animée par les contestataires, voyez
Le lézard noir. Fukasaku s'y éclate dans ses plans incroyables, il déchaîne son oeil sur un travesti génial voleur de bijoux, sur le meilleur détective du Japon, sur une jeune femme à la beauté ineffable, et sur Mishima Yukio qui fait la statue.
. . Fukasaku filme
une partie de cartes en contre-plongée à travers une table de verre, [win]http://mumin.free.fr/NanarLand/Kurotokage/cards.avi[/win]
une femme nue malgré l'obscurité de la malle dans laquelle elle est confinée en serpentant le long de ses courbes, un club aux murs d'un bleu profond comme celui du
Monochrome bleu de Yves Klein,
il fait défiler en énormes lettres le mot OSAKA par-dessus un bâtiment éclairé dans la nuit, il parvient à utiliser des éclairages pourpres, verts, bleus, sans tomber dans l'effet "parce que je le vaux bien", il insère des dessins à l'encre qui seraient presque de Tardi, il colle sa caméra au plafond parfois, dans la lignée de ces estampes d'antan où tous les personnages sont vus depuis le dessus d'une maison sans toît,
il serpente encore sur la jeune femme depuis son magnétophone antique posé sur le sol à poils longs de sa chambre dans laquelle elle écoute de la musique douce en buvant un soda, il semble que rien ne lui fasse peur.
. . Il parvient à serrer par son idée à la fois la composition, le mouvement, et la lumière. Il est neuvième dan de cinéma, aussi à l'aise dans le calme que dans
l'hystérie.