J'l'avions jamais vu et c'est du très beau boulot. L'aboutissement de toutes les recherches sur l'animation et le son entreprises par Disney depuis les
Silly symphonies. Ici c'est d'autant plus audacieux que la musique est reine. Aucun dialogue, aucun bruitage, telle est la règle. Le concept du concert avec le chef d'orchestre et les musiciens visibles en ombres chinoises est assez malin et me semble bien répondre à la démarche d'Oncle Walt qui voulait rendre un sincère hommage à la musique classique, en ne l'utilisant pas comme une simple illustration. Cette idée de réaliser l'alliance ultime du son et de l'image est merveilleusement incarnée par les équivalences graphiques imaginées sur la
Toccata et fugue en ré mineur de Bach, ainsi que lors de l'amusante prestation de la piste sonore. Ici on est complétement dans l'art abstrait, notamment celui d'une certaine avant-garde des années 20 qui s'efforçait de représenter le son par les formes et les couleurs.
Tous les courts me semblent remarquables à plus d'un titre. Certains effets sont tout simplement prodigieux, en particulier le rendu des éléments liquides (les trombes d'eau dans
L'Apprenti sorcier, la lave prehistorique dans
Le Sacre du printemps). Le segment sur les dinosaures était d'ailleurs celui que j'étais le plus impatient de voir mais ce n'est pas forcément celui que j'ai préféré. Visuellement, le monde mythologique de
La Symphonie pastorale est peut-être le plus risqué, oscillant entre un kitsch douteux (les petits poneys multicolores) et une exquise sensualité (l'animation des centaures). Quant au ballet des animaux de
La Danse des heures, c'est un pur chef-d'oeuvre, incroyablement subtil (la gestuelle de l'hippopotame en tutu est juste géniale). Et que dire du magnifique et terrifiant demon de
La Nuit sur le Mont Chauve, vision aussi impressionnante que fascinante.
Bref, une production vraiment à part, qu'il ne me semble pas si évidente que ça à recommander à un jeune public étant donné l'absence de parti-pris narratifs sur la plupart des courts. Et cette découverte tardive me confirme, s'il en était encore besoin, que
Fantasia 2000 n'a pas grand chose à envier à son prédecesseur en terme de qualité (les deux films ont été peu estimés à leur sortie).