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Anna M - Michel Spinosa (2007) https://forum.nanarland.com/viewtopic.php?f=29&t=16426 |
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Auteur: | Kobal [ 21 Jan 2009 21:24 ] |
Sujet du message: | Anna M - Michel Spinosa (2007) |
![]() Citer: Atteinte de l'illusion délirante d'être aimée, Anna, jeune femme douce et réservée, se persuade que le docteur Zanevsky est amoureux d'elle. Dès lors, rien, jamais, n'entamera sa conviction... Mais après l'espoir, viendra le dépit, puis la haine...
Voici un chouette film sur l'érotomanie, dont l'aspect clinique est tout à fait pertinent. Les 3 grands stades de cette pathologie sont abordés par des chapitres qui illustrent bien l'évolution vers une dangerosité réelle. La conviction délirante s'installe immédiatement chez Anna, et se nourrit de ses mécanismes interprétatifs envahissants. On perçoit bien que sa relation amoureuse au docteur n'est que superficielle, irréelle, l'important étant celle fantasmée, écran des projections de la jeune femme (et de sa maitrise, car elle gère finalement les pensées et émotions des 2 intervenants). Quand on regarde ce film en ayant d'emblée conscience de ce qu'il s'y passe, il possède un côté assez sadique ; on "jouit" du piège qui se tend autour du docteur et de sa façon de s'y empêtrer. Il faut toutefois reconnaitre qu'à force de vouloir se conclure de manière sinistre (un classique dans le genre, comme dans À la folie... pas du tout), Anna M. dérape un peu sur sa fin et perd de sa crédibilité (pensez donc, Anna ressort de psychiatrie plus folle qu'elle n'y est entrée ![]() A tous ceux qui flippent devant ce genre de cas, rassurez-vous, ils sont très rares (mais flippez quand même un peu, parce qu'ils sont très peu accessibles au traitement psychotrope ![]() Personnellement, je n'ai vu que 2 délires d'érotomanie, mais c'était chez des patients schizophrènes, donc pas la pathologie typique. Par contre, j'ai un collègue qui rapportait avoir fait un stage dans un service où une chef avait été assassinée 15 ans par un érotomane. |
Auteur: | tagolo [ 22 Jan 2009 18:09 ] |
Sujet du message: | |
Bon souvenir de salle, et superbe perf d'Isabelle Carré qui malheureusement n'a pas eu le César (vilaine Piaf, mais de toute façon je l'aurais donné à Marina "Darling" Fois). Le film s'est fait injustement démolir pour son "didactisme" qui consiste surtout à 3 intertitres, y'a pas de quoi en faire un fromage. |
Auteur: | charlie le nain [ 22 Jan 2009 19:32 ] |
Sujet du message: | |
Isabelle Carré, en plus d'être la plus belle femme du cinéma français, sait super bien jouer les files qui ont un truc qui cloche dans leur tête. Ma peur avec ce film c'était qu'elle rejoue un peu "Se souvenir de belles choses". Mais tu m'as donné envie. Je ne l'ai jamais vue dans de la comédie pure, je me demande ce que ça peut donner. C |
Auteur: | CinephileFanatik [ 26 Jan 2009 15:11 ] |
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J'ai vu le film suite à la création de ce sujet qui m'a donné envie, et je n'ai pas été déçu. On oscille du malaise à l'éprouvement, avec des acteurs formidables. Le film m'a rappelé "Dites-lui que je l'aime" de Claude Miller, qui lui aussi est très éprouvant (mais très bon). Petite question pour Kobal: est-il si surprenant que la fille ne soit pas guérie en sortant de sa thérapie? D'ailleurs, peut-on vraiment complètement guérir de ce genre de maladie? |
Auteur: | Kobal [ 26 Jan 2009 17:52 ] |
Sujet du message: | |
Ce qui est surprenant d'un point de vue pratique, c'est qu'elle sorte directement de l'hôpital. On peut très bien imaginer qu'elle bénéficie dans un premier temps d'une sortie d'essai, en conservant ainsi une contrainte qui permet de mieux contrôler son suivi psychiatrique. D'autant que son médecin lance plusieurs piques pendant l'entretien sur la possibilité de tromper par le propos, ce qui laisse sous-entendre ses doutes sur le discours possiblement plaqué de Anna. Dans le film, on a l'impression qu'elle rentre chez elle pour aussitôt partir en province ; c'est une idée qui se défend (pour couper de son atmosphère étouffante), mais cela met sérieusement à mal le suivi post-hospitalisation. Sinon, de manière plus général, les délires d'érotomanie font partie des délires paranoïaques dits en secteur, par opposition à ceux en réseau (la paranoïa populaire, celle où tout le monde cherche à nuire au patient, tous les domaines de son fonctionnement étant sources d'interprétations), car ils ne concernent qu'une partie de la vie psychique (délire de jalousie, inventeur méconnu, processif, défendeur acharné, érotomanie, d'une cause, etc.). Comme je le disais, ces délires sont très peu accessibles au traitement médicamenteux (neuroleptiques). Tout au plus cela permet une sédation, une diminution de l'angoisse et des velléités revendicatives, et un travail plus psychothérapique sur l'inscription dans la réalité. C'est pour cela que dans le cas de pathologie à risque médico-légal (agression, etc.), la contrainte est importante (dans le film, on voit que la mère signe une demande d'hospitalisation pour contraindre sa fille ; ce que l'on pourrait critiquer, car une hospitalisation d'office à la demande du préfet serait plus adaptée, protégeant ainsi la mère et renvoyant à la loi, mais bon c'est chipoter). Donc pour répondre plus concisément : ce n'est pas surprenant qu'elle présente encore des symptômes, mais le film privilégie tout de même le spectaculaire en donnant l'impression qu'elle ressort dans le même état qu'elle est rentrée, voire pire (avec ses sortes d'hallucinations sous son lit), et ce sans aucun suivi programmé ni traitement apparent. |
Auteur: | CinephileFanatik [ 26 Jan 2009 22:37 ] |
Sujet du message: | |
Ok merci d'avoir pris le temps de donner une réponse aussi complète. C'est quand même rassurant de savoir que ce qui s'est passé dans ce film ne se déroule qu'au cinéma (vu que d'après ta logique il y a un suivi thérapeutique qui continue après). |
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