Voilà pour plus de détails sur l'embrouille avec Tf1:
L'Express du 19/07/2004
Atomik Circus
par Christophe Carrière
Règlement de comptes à TF 1 autour d'Atomik Circus, comédie trash de 16 millions d'euros
Un Bataille peut en cacher une autre. Le premier, James Bataille, héros d'Atomik Circus, est un repris de justice amoureux d'une chanteuse, dans un trou des Etats-Unis envahi par des extraterrestres tentaculaires et volants. La seconde oppose TF 1 au coproducteur et aux auteurs, et fait suite à un malentendu peu ordinaire: la chaîne a investi environ 5 millions d'euros dans une série B déglinguée. Le premier film des Nantais Didier et Thierry Poiraud, 36 et 33 ans, dessinateurs de BD et réalisateurs de pub, dont la dernière, pour la BNP, qui met en scène des vaches venues de l'espace, souligne le goût des frères pour le fantastique.
Le producteur de ce spot est d'ailleurs le même que celui d'Atomik Circus: Nicolas Leclerc, 39 ans, ingénieur aéronautique, reconverti dans le cinéma grâce aux Portes de la gloire, avec Benoît Poelvoorde. C'est tout naturellement que l'acteur belge sympathise avec les Poiraud. Un premier atout pour ces derniers. Le second est inespéré: Vanessa Paradis, alors enceinte de sa deuxième petite fille, flashe sur le scénario foutraque. «J'ai tellement ri! Il y a des situations énormes, mais ce n'est pas l'intrigue qui importe, plutôt cet univers surréaliste, burlesque et totalement assumé.»
Malgré ces soutiens, la société de Nicolas Leclerc, Entropy, ne peut assurer seule le budget de 16 millions d'euros. TF 1 Films production entre dans la danse. Avoir le groupe TF 1 comme partenaire signifie bénéficier, en plus d'un coproducteur, d'un vendeur à l'international (via TF 1 International), d'un distributeur salles (via TFM), d'un distributeur vidéo (via TF 1 Vidéo)... «Le grand truc de TF 1, c'est de ne jamais rien signer, explique Nicolas Leclerc. Ils m'avaient dit de ne pas m'inquiéter pour la somme manquante [M 6, qui devait investir 1,2 million d'euros, s'est désistée], qu'on verrait ça plus tard. Et, au bout d'un moment, je suis obligé de faire confiance, parce que tourner le film devient une nécessité vitale.»
Plus dure est la chute quand, en novembre 2003, les responsables de TF 1 découvrent un premier montage d'Atomik Circus. Le long-métrage est loin de posséder les atouts d'un prime time et, furieux, ils désavouent tout accord autre que ceux signés. «Ils n'ont dû lire que la première et la dernière scène, plutôt mignonnes et sages, et signer sur les noms de Paradis et Poelvoorde», analyse Thierry Poiraud. On insiste pour joindre les responsables, mais le secrétariat insiste tout autant pour qu'on s'adresse au service marketing (!) - où d'ailleurs personne n'ose s'exprimer sur le sujet. On trouve malgré tout quelques bavards qui, sous couvert d'anonymat, soufflent que l'affaire est politique: l'échec d'Atomik Circus provoquerait sûrement une redistribution de l'organigramme des filiales cinéma de TF 1. Hypothèse confirmée par la stratégie de communication du film. «Ils ne veulent pas le montrer à la presse et le vendent comme une banale rigolade», se plaint Didier Poiraud. «Le but est de capitaliser sur l'attente que suscite le film, confie un salarié de TFM. Souligner le côté comédie dans les bandes-annonces, pour élargir la cible, quitte à ce qu'il y ait des déçus ensuite. Il faut attirer le plus de monde possible les deux premières semaines.» 350 copies et 1,1 million d'euros pour la promo sont donc prévus.
En attendant, Leclerc est criblé de dettes et les frères Poiraud tentent de se calmer en pensant à l'avenir: «On va demander à Roger Corman ou à un autre indépendant américain de financer une petite série B, qu'on tournerait à Nantes en anglais, pour la sortir en cassette aux Etats-Unis, puis en salles en France.» Les carottes sont cuites. Pas les Poiraud.
_________________ «Moi, je lis trois livres par semaine. Après, les gens, ils me croivent, ils me croivent pas, c'est leur problème.» Steevy "Bouriquet"
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