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Carne > Seul contre tous > NOE > NAHON > 1991 > 1998
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Auteur:  Siry [ 06 Jan 2011 19:13 ]
Sujet du message:  Carne > Seul contre tous > NOE > NAHON > 1991 > 1998

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D'abord un court-métrage qui recevra un prix au festival de Cannes et un beau succès et fera plus connaître Philippe Nahon en lui offrant son grand rôle, il deviendra une "introduction" finalement à Seul contre tous, le film en version long-métrage, financé par des poches, les studios TV refusant de financer le projet.

La fille du boucher, devenue une jeune femme, retrouve un jour son père, alors que sa jupe est tachèe de sang. Il croit à un viol et c'est le début d'un tourbillon de haine sans fin.

VOUS
ETES-VOUS A L'ABRI D'UN DERAPAGE ?


N'IMPORTE QUI PEUT TOUT PERDRE EN UNE SECONDE

Le meilleur Noé pour moi :worship: :worship: :worship:
Viscéral, prenant les tripes, impeccable, plongé au coeur de rues crades et déprimantes, c'est noir, c'est glauque, la physique précédant la métaphysique, un film qui sort ses couilles si on peut dire :worship: .

La dérive d'un ex-boucher chevalin, d'abord a Lille, puis a Paris ou il s'installe a l'hotel de l'Avenir et tente de refaire sa vie. Peu a peu, il se replie sur lui-meme. Sans un sou et avec pour seul compagnon un revolver charge de trois balles, il ne voit plus clairement quel est le moteur de sa vie. Son ventre lui crie de se nourrir. Son cerveau lui ordonne de se venger. Quant a son coeur... Au bout du tunnel, l'imprevu surgit toujours.

L'HOMME A UNE MORALE

Imaginez un festival de gueules façon Groland, dans un quartier des plus déprimants au milieu de briques rouges et de crise sociale, aucun humour, une solitude extrême, un personnage qui tutoie le fond, et vous vous approchez de l'idée qu'est la noirceur de Seul contre tous. :shock: :shock: :shock:
Le gonflage du 16 MM en 35 MM en rajoute bien sur l'ambiance glauque et crade du film, Philippe Nahon impeccable. Une des meilleurs voix off que j'ai jamais entendu, ses monologues très bien écrits avec sa voix, c'est la Puissance!
Je ressors du choc hier soir et je sais pas trop encore quoi y penser, en tout cas, c'est du film qui réveille et vous fait arrêter direct de grignoter vos chips. Même les petits rôles (mention à Stéphane Derdérian qui achève avec une simple réplique: "Pôv' con.") sont ahurissants de désespoir et criant de réalisme.

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Auteur:  Ozymandias [ 06 Jan 2011 19:18 ]
Sujet du message:  Re: Carne/Seul contre tous - NOE/NAHON - 1991/1998

C'EST LA SURPUISSANCE ULTIME!

(et le dernier bon Noé)

Je l'ai vu en boucle à l'epoque ou j'attaquais Houellebecq, oui oui j'allais bien :-D

Auteur:  Siry [ 06 Jan 2011 19:57 ]
Sujet du message:  Re: Carne/Seul contre tous - NOE/NAHON - 1991/1998

Ozymandias a écrit:
Je l'ai vu en boucle à l'epoque


:shock: :shock: :shock:

Quel furent les conséquences sur ton état ? Rien que ce matin, j'étais assez bien achevé.

Auteur:  Ozymandias [ 06 Jan 2011 19:59 ]
Sujet du message:  Re: Carne/Seul contre tous - NOE/NAHON - 1991/1998

machun a écrit:
Ozymandias a écrit:
Je l'ai vu en boucle à l'epoque


:shock: :shock: :shock:

Quel furent les conséquences sur ton état ? Rien que ce matin, j'étais assez bien achevé.


En fait j'aimais le faire découvrir aux amis :-D

Auteur:  Siry [ 06 Jan 2011 20:55 ]
Sujet du message:  Re: Carne/Seul contre tous - NOE/NAHON - 1991/1998

Ah Ok :-D

Regarder ça en boucle tout seul, j'adore ce film mais je pense pas que j'en serais capable.

Auteur:  Kobal [ 06 Jan 2011 21:48 ]
Sujet du message:  Re: Carne/Seul contre tous - NOE/NAHON - 1991/1998

Un film à voir tout seul (d'ailleurs, c'est dit dans le titre) afin de s'assurer de ne pouvoir s'en échapper.
Comme beaucoup, c'est une oeuvre qui m'a mis une grosse beigne, j'étais plongé corps et âme dedans, absorbé par le charisme fou de Nahon et le magnifique rendu visuel du glauque par Noé. Une véritable expérience du désespoir qui arrive à rendre pleinement humain un paumé aux considérations détestables. Très belle séquence d'une crise d'angoisse avec des phénomènes de déréalisation/dépersonnalisation.
Seule reproche : la fin qui tire un peu trop en longueur (un défaut que Noé amplifiera malheureusement dans Enter the Void). Et j'avoue être resté perplexe devant la conclusion.

Auteur:  Troglodyte [ 06 Jan 2011 23:50 ]
Sujet du message:  Re: Carne/Seul contre tous - NOE/NAHON - 1991/1998

machun a écrit:
Seul contre tous, le film en version long-métrage, financé par des poches, les studios TV refusant de financer le projet.
OK, mais alors qui a mis la main à la poche ?

Auteur:  Siry [ 07 Jan 2011 1:10 ]
Sujet du message:  Re: Carne/Seul contre tous - NOE/NAHON - 1991/1998

Je ne sais pas, ça a mis beaucoup de temps à se financer ce qui explique l'écart entre les deux films. Je n'ai eu l'info que sur une ligne de wikipédia

Dans Wikipédia, quelqu'un a écrit:
Cinq années seront nécessaires afin de boucler ce projet autofinancé car refusé par toutes les télés. Philippe (Nahon) devait ré-enfiler les mêmes vêtements tout raidis par la sueur dès que nous avions assez d'argent pour reprendre le tournage.

Auteur:  bousk8 [ 07 Jan 2011 14:15 ]
Sujet du message:  Re: Carne/Seul contre tous - NOE/NAHON - 1991/1998

Ce film, ...une claque, une beigne, bref un véritable coup de manche à pioche en plein poire !

C'est l'archétype même du film noir et glauque. Philippe Nahon fout vraiment les jetons (bon en général, faut dire qu'il est pas trop habitué aux rôles de clowns, mais là c'est le ponpon).

Du grand Noé (son film aurait été financé par la Défense).

Auteur:  Mandraker [ 07 Jan 2011 17:50 ]
Sujet du message:  Re: Carne/Seul contre tous - NOE/NAHON - 1991/1998

Pas vu Carne, mais Seul contre tous est un très bon film, c'est le seul Noé qui ne m'ait pas endormi. Philippe Nahon est franchement excellent et l'ambiance pourrie et viscérale est très bien mise en scène. :D
Bon y'a quand même des effets de style que j'ai trouvé un poil foireux (les intertitres par exemple) mais dans l'ensemble c'était vraiment une très bonne surprise dans l'oeuvre d'un cinéaste qui d'habitude ne me plait pas.

Auteur:  Virgile [ 19 Jan 2011 13:42 ]
Sujet du message:  Re: Carne/Seul contre tous - NOE/NAHON - 1991/1998

Hum, j'ose pas intervenir dans la conversation parce que je vais avoir l'impression de ramener ma science, mais tant pis, j'y suis j'y vais.

"Seul contre tous", en plus d'être un film crucial et unique, représente beaucoup pour moi. Quand il fut projeté à Cannes en 1998, je faisais partie des spectateurs et plus particulièrement d'un jury intitulé jury de la jeunesse, qui récompense chaque année de premières oeuvres.
Le film de Noé, qui fut une vraie claque, fut difficile à défendre (notamment parce qu'il n'avait pas encore obtenu de visa d'exploitation et qu'il était question d'une classification X). Nous avons fini par nous mettre d'accord pour lui décerner un prix spécial, que j'ai eu l'honneur de remettre à Noé. Le tout s'est achevé autour d'une passionnante discussion sur le ciné dans une ambiance un peu irréelle, pas du tout raccord avec l'atmosphère du film.

Je pourrais en parler des heures de ce film... Et dès qu'il s'agit d'y repenser, je pourrais le défendre indéfiniment.

Auteur:  Siry [ 08 Fév 2011 23:53 ]
Sujet du message:  Re: Carne/Seul contre tous - NOE/NAHON - 1991/1998

Virgile a écrit:
Je pourrais en parler des heures de ce film... Et dès qu'il s'agit d'y repenser, je pourrais le défendre indéfiniment.


Mais fais-toi plaisir! Le cri du cinéphile, le monologue du passionné! Et donner un prix à Noé, j'aurais bien aimé être à ta place!

En parlant de monologue, cadeau, en voila un (rien que de lire la première ligne et j'entends la voix de Nahon):

Gaspar Noé a écrit:
On naît seul, on vit seul, on meurt seul. Seul, toujours seul. Et même quand on baise on est seul. Seul avec sa chair, seul avec sa vie, qui est comme un tunnel qu'il est impossible de partager. Et plus on est vieux, plus on est seul, face à quelques souvenirs d'une vie qui se détruit au fur et à mesure. Une vie, c'est comme un tunnel. Et à chacun son petit tunnel. Mais au bout du tunnel, il n'y a même pas de lumière. Il n'y a plus rien. Même la mémoire se décompose avant la fin. Les vieux le savent bien. Une petite vie, des petites économies, une petite retraite, et puis une petite tombe. Et tout ça, ça ne sert à rien. Strictement à rien. Même les enfants, ça ne sert à rien. Dès que leurs parents n'ont plus rien à leur donner, ils les foutent dans des hospices pour qu'ils crèvent seuls, et en silence. Même les enfants n'en ont rien à battre. L'amour filial, ça n'existe pas. C'est un mythe. Ta mère, tu l'aimes juste quand elle te donne du lait. Et ton père, quand il te prête du fric. Mais quand les seins de ta mère se sont desséchés, et qu'il n'y a plus de lait a en tirer, ou quand les poches de ton père se sont vidées de leur fric, alors il n'y a plus qu'à les mettre dans un placard lointain, en espérant qu'il meurent d'une maladie rapide et pas trop coûteuse. C'est comme ça, c'est la loi de la vie. Ce n'est que lorsqu'il y a un héritage à toucher que les enfants font semblants d'être gentils. Mais quand tout l'héritage c'est un frigo ou une télé, ce n'est plus la peine de faire semblant. Ou alors vraiment le minimum, juste de quoi se donner bonne conscience. Un coup de fil par mois, et quelques larmes au moment de leur enterrement, et on est quitte avec son devoir. L'amour, l'amitié, tout ça, c'est du pipeau. Ce sont des illusions, des illusions de jeunesse qu'on entretient pour cacher que tous les rapports humains ne sont que du petit commerce. Parler d'amitié et d'amour ça nous arrange, mais par calcul. La réalité, elle est beaucoup plus vénale. Ta mère, tu l'aimes parce qu'elle te nourrit, et t'empêche de mourir. Ton ami, tu l'aimes parce qu'il te trouve un travail qui te donne à manger, et t'empêche de mourir. Et ta grosse, tu l'aimes parce qu'elle te fait la cuisine, te vide les couilles, et te fait des enfants qui devront te protéger quand tu seras trop vieux, et que tu auras peur de mourir. Mais il suffit d'avoir giflé une seul fois ton mome pour qu'il se venge quand tu seras vieux. En fait, cette gifle, ça l'arrange énormément. Et lorsqu'il te foutra à l'hospice, elle lui servira de prétexte pour masquer le désintéret naturel que n'importe qui éprouve à l'égard de ses géniteurs. Non, baiser n'est pas un bon calcul. Ca coûte même très cher. Mais ça fait passer le temps. Et quand le désir de baiser est parti, on se rend compte qu'on a plus rien à faire dans ce monde. Et qu'il n'y a jamais rien eu d'autre dans cette putain de vie. Rien qu'un programme de reproduction inscrit au fond de nos tripes, et qu'on se croit obligé de respecter. Naitre malgré soi, bouffer, agiter sa queue, faire naitre, et mourir. La vie est un grand vide. Elle l'a toujours été, et elle le sera toujours. Un grand vide, qui pourrait parfaitement de dérouler sans moi. Mais moi, je n'ai plus envie de jouer à ce jeu. Non, je ne veux plus. Je veux vivre quelque chose de personnel, d'intense. Je ne veux plus être le dernier boulon interchangeable d'une énorme machine. Le jour de ma mort, je ne veux pas avoir l'impression d'avoir vécu les mêmes conneries que tous les millions de crétins qui s'entassent sur cette planéte. En somme, ce que j'ai vécu, le dernier des trous du cul l'a vécu lui aussi. Il faut que je me trouve une raison, un prétexte, au hasard, n'importe quoi pour avoir envie de tenir encore vingt ans jusqu'à ma mort. Tiens, si je pouvais recommencer une existence, je devrais faire du porno. Là, au moins, c'est clair. Les gens qui font ça, ils ont tout compris au sens de notre espèce. Soit t'es né avec une bite, et tu n'es utile que si tu te comportes comme une bonne bite bien dure qui bourre de trous. Soit t'es né avec un trou, et tu ne seras utile que si tu te fais bien bourrer. Mais dans les deux cas, t'es tout seul. Oui, moi je suis une bite. C'est ca. Je suis une misérable bite. Et pour me faire respecter, il faudra que je reste toujours bien dur.

Auteur:  Virgile [ 10 Fév 2011 10:17 ]
Sujet du message:  Re: Carne > Seul contre tous > NOE > NAHON > 1991 > 1998

Penser qu'il ne faut pas lire ce genre de monologues au lever du soleil, ça peut te flinguer la journée avant de s'en rendre compte.

La voix de Philippe Nahon est définitivement collée à ces mots.

Très sympa sinon Nahon 8)

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