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Un journaliste et un cadreur de télévision s'en vont interviewer Chiyoko Fujiwara, célèbre actrice sans âge d'un cinéma populaire oublié. Recluse dans une retraite dorée et paisible, elle reçoit du journaliste un présent : une petite clef dont on ne sait ce qu'elle ouvre sinon un torrent de souvenirs qui va alors emporter les deux auditeurs fascinés dans la course palpitante d'une jeune actrice mue par un amour à jamais inassouvi.
Le dernier Satoshi Kon qu'il me restait à voir (et il n'y en aura plus d'autres, snif !). Le scénario est très original, même pour l'univers de cet auteur. On retrouve sa patte dans la déconstruction du récit de l'actrice interviewée dont l'histoire de vie s'entremêle de manière volontairement confuse avec les films dans lesquels elle a tourné. L'idée de permettre au couple d'interviewers d'être présents dans les souvenirs, voire d'intervenir sous la forme de personnages, est très intéressante.
Si l'impression initiale du spectateur est assez déroutante, la mise en scène finit par emporter l'adhésion et dégage une ambiance plutôt mélancolique : voir cette actrice au bord de la mort raconter une vie consacrée à une incessante et infructueuse course après un amour de jeunesse qui tient du fantasme (il n'y a qu'à voir la clé mystère, symbole puissant de cet investissement quasi-magique) est presque tragique. Après, la réflexion de Millenium Actress concerne justement le caractère vain ou non de cette course, moteur d'une énergie fortifiante mais aussi source de tristesse et de fuite de la réalité. Interrogation renforcée par le fait que l'interviewer principal a également passé une partie de sa vie à courir après l'actrice...